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France : changer de paradigme

Le président sortant, Emmanuel Macron, a été réélu le dimanche dernier à la présidence de la République française, avec plus de 58% des voix contre 42% pour Marine Le Pen. Une réélection qui n’a pas du tout surpris nombre d’observateurs du landerneau politique français, en dépit des soubresauts socio- politiques ayant caractérisé son premier mandat et qui pouvaient jouer en sa défaveur.

A 44 ans, Emmanuel Macron devient ainsi le premier président de la Ve République française réélu, selon certains médias, hors cohabitation avec une nette victoire tempérée par le score inédit de l’extrême droite et une abstention élevée de 28%. Pendant les cinq prochaines années, « l’ancien nouveau locataire » du Palais de l’Elysée devra, haut la main, poursuivre ses chantiers à l’interne mais aussi travailler sur le plan de la diplomatie, à hisser la France dans le concert des nations et la faire meriter la place qui lui revient. C’est du moins ce que souhaitent nombre de ses compatriotes qui attendent de voir l’image de leur pays se redorer davantage à l’échelle internationale.

A ce propos, l’on peut déjà s’intéresser à ce que peut ressembler la politique africaine de cette grande puissance d’Europe dans un contexte marqué par la prégnance de plus en plus poussée d’un sentiment anti- français, lisible au sein de la jeunesse africaine. Même si le continent africain a été quasi- absent dans la campagne en raison de la guerre ukrainienne qui aura, pour le moins, bouleversé les joutes électorales, le président Macron ne pourra pas faire abstraction des Africains et de l’Afrique au cours de la gouvernance de son prochain quinquennat. En effet, en plus de vouloir maintenir sa présence et réaffirmer son hégémonie, en Afrique francophone notamment, le président Macron devra aussi s’évertuer à redorer le blason de son pays face à des panafricanistes de tout acabit, souhaitant la reconsidération des accords de partenariat avec l’ex- colon. Ses rapports actuels avec le Mali en sont une illustration parfaite. Que pourra-t-il faire face à la montée de ce sentiment anti- français qui se fait sentir de plus en plus dans de nombreux Etats ? Quelle sera la nouvelle politique de la France pour l’Afrique si tant est qu’elle veuille demeurer l’un des partenaires- clé du continent noir, au regard des velléités expansionnistes d’autres grandes puissances, à l’image de la Russie et la République populaire de Chine ? C’est une gageure que de vouloir répondre, pour l’instant, à ces interrogations.

On ne peut pas en dire plus, car comme on aime à le dire, c’est le terrain qui commande la manœuvre. Qu’à cela ne tienne, il ne serait pas niais de penser qu’avec ce que l’on sait sur le continent, la France puisse revoir sa politique étrangère en Afrique en reconsidérant les intérêts des populations africaines, devenues de plus en plus exigeantes et critiques. Ce sera, toute proportion gardée, en son honneur d’autant plus que beaucoup d’Africains souhaitent que la France puisse maintenant travailler à la consolidation de la démocratie et les respects des droits de l’Homme en Afrique, sans pour autant s’impliquer dans une politique intérieure des Etats. Toutefois, au niveau des chefs d’Etat africains, les attentes varient d’une relation diplomatique, vis-à-vis de la France, à une autre. Par delà tout, le président Emmanuel Macron qui avait par ailleurs annoncé, urbi orbi à Ouagadougou, vouloir « dépoussiérer » les relations entre l’Afrique et l’ancienne colonie, gagnerait à ne pas tergiverser dans ce sens et à poursuivre l’établissement de relations franco-africaines « rénovées et mutuellement avantageuses ». C’est en effet à travers un changement de paradigme, devenu plus qu’une nécessité, que la France peut toujours se faire mieux entendre dans l’intérêt de la postérité des peuples respectifs.

Soumaïla BONKOUNGOU

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