Géopolitique : « L’Afrique doit avoir un média qui parle en son nom », recommande Abdoulaye Barry
La Société burkinabè de géopolitique (SBG) a organisé sa deuxième conférence publique dénommée « Agora géopolitique », ce samedi 30 avril 2022 au Centre national de presse Norbert-Zongo de Ouagadougou. Le thème développé était « Médias et construction de l’opinion publique : un enjeu géopolitique pour les pays africains ».
« Médias et construction de l’opinion publique : un enjeu géopolitique pour les pays africains ». C’est sous ce thème que la Société burkinabè de géopolitique (SBG) a convié le public dans le temple de la presse burkinabè, pour une session de partage d’expériences.
Le vice-président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Abdoulazize Bamogo, a donné sa communication sur le sous-thème « Médias et opinion publique dans une démocratie en difficulté ». Le premier à se jeter à l’eau a déclaré que « la démocratie africaine (surtout francophone) est en difficulté. « Quand la démocratie est en difficulté, les médias aussi sont en difficulté », a-t-il insisté.
Pour Abdoulazize Bamogo, il y a plusieurs fractures qui illustrent la disparité au sein de la société, une des causes de la panne de démocratie au Burkina Faso. Et les médias ne sont pas en reste. Lorsque la démocratie souffre, les médias tombent dans la censure et l’autocensure, car ils ne vont plus dénoncer les manquements. « Par moments, ils sont obligés de ne pas parler des sujets qui fâchent et privent ainsi la population d’informations », a-t-il indiqué.
Abdoulazize Bamogo rappelle la nécessité de lutter pour préserver le journalisme dans un contexte de démocratie en difficulté.
Pour remédier à cette situation, le vice-président du CSC a proposé, entre autres, d’organiser des campagnes d’éducation aux médias au profit de la population et pour les journalistes, de renforcer l’encrage social des médias. Il s’agit de mettre l’accent sur le vécu quotidien des populations, au lieu de faire uniquement la lumière sur les hommes politiques.
« Rompre avec la déresponsabilité des Africains »
Quant au journaliste et analyste politique Abdoulaye Barry, il s’est penché sur le sous-thème « Médias internationaux et influence de l’opinion publique africaine : un outil de positionnement géopolitique ».
Pour lui, l’Afrique est désormais l’embouteillage des médias internationaux. Or, ces médias mettent en avant les intérêts de leurs pays respectifs. Quand un média international a une forte audience, il n’y a aucun doute qu’il influence. « Peut-on suivre un média auquel on n’a pas confiance ? », s’est-il interrogé.
Selon Abdoulaye Barry, « les médias sont des facteurs de bouleversement de la géopolitique ».
Il faut « rompre avec la déresponsabilité des Africains », a lancé Abdoulaye Barry. Il juge « inadmissible » que la CEDEAO ou l’UEMOA ne puisse pas avoir un média commun à tous les Etats membres. « L’Afrique doit avoir un média qui parle en son nom », a-t-il recommandé.
Les deux communications et les débats ont été modérés par le Pr Serges Théophile Balima, enseignant en sciences de l’information et de la communication. Tout en saluant l’initiative de la SBG, le modérateur a indiqué qu’un tel think tank va beaucoup aider un pays comme le Burkina Faso, car le thème est plus que d’actualité.
Une thèse que le président de la SBG, Amidou Bipama, a défendue dans son mot introductif. En tant qu’association apolitique, la Société burkinabè de géopolitique se veut un cadre d’échanges sur les questions géopolitiques pour les décideurs et les leaders d’opinion. Ainsi, chaque dernier samedi du mois, un thème d’actualité sera débattu pour l’intérêt général.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net