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100 jours de Damiba : une gouvernance non politisée

En cent jours, le président du Faso, chef de l’Etat le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est sorti moins de cinq fois pour s’adresser à sa population. Il y a bien eu la mise en place des institutions pour baliser le champ d’intervention et se parer d’une légitimité qui passe par la consécration par le Conseil constitutionnel.

Cela a permis de gagner du terrain en maintenant la Constitution du 2 juin 1991 comme bréviaire et socle de limitation de ce qui peut passer pour des actes illégaux. Le gouvernement tant attendu est venu avec des surprises, des innovations, mais qui concourent toutes à la même finalité. Libérer le pays et l’installer désormais dans la short list des pays qui ne devront plus voir les armées prendre position pour « soulager » le peuple des « égarements » des hommes politiques.

Moins de trente ministres, dans un pays où la moyenne générale surfait autour de la trentaine. Avec des innovations majeures. La création d’un ministère plein pour les Affaires coutumières et religieuses attribué à M. Issiaka Sourwema, un intellectuel bon teint, qui, déjà, comme mu par une prémonition avait mis en place une structure ( association pour la tolérance et le dialogue inter-religieux) dans ce sens.

Le rappel de Yéro Boly au poste de ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale, un vieux de la vieille autour des jeunes qui savent qu’ils jouent leur futur dans ce présent tumultueux. Le ministre d’Etat Yéro Boly, l’un des civils qui a réussi à s’imposer dans la « jungle » du ministère de la Défense sous l’ère Compaoré.

Yéro Boly, homme discret, efficace, sait ce qui l’attend ; recoudre la calebasse de la grande famille burkinabè qui, quoi qu’on dise, n’est pas en lambeaux, mais fissurée. La mission sera-t-elle possible ? Oui, si la question de la réconciliation n’est pas « politisée ». Si la question n’est pas un tremplin pour dérouler des visées. Déjà, l’idée de dialogue émis et qui sous-tend les comités locaux de dialogue est la preuve que le changement de paradigme est en marche.

On ne le dit pas, mais c’est bien la première fois qu’un cadre issu des affaires étrangères, Olivia Rouamba gère la diplomatie. Avec des possibilités de succès, dans la mesure où les « allogènes » c’est-à-dire des personnes étrangères au corps n’ont pas toutes échoué dans leur mission, mais des possibilités aussi de « bâtons dans les roues » dans un Burkina où des fois, les propos qui accompagnent les nominations des « spécialistes » dans leur mission c’est bien « on se connait, on s’est vu ici ».

Comme pour dire que vous n’avez pas les compétences nécessaires pour réussir. Dans ce large champ de la gouvernance, les Burkinabè d’une certaine époque qui ont connu le Conseil national de la révolution (CNR) du capitaine Thomas Sankara semblent se retrouver avec les « mercredis de la hantise » des comptes rendus de Conseil des ministres. Le MPSR a bien fait le pari de la bonne gouvernance ; de la restauration et de la refondation. Dans cette logique, le pouvoir refuse de faire du neuf avec du vieux.

Ainsi, depuis peu, les comptes rendus des Conseils des ministres s’accompagnent de nominations au haut niveau. Alors que se peaufine en silence la réalisation des audits d’une gestion antérieure pas souvent aux normes de la déontologie des dépenses. Chasse aux sorcières ? Le MPSR a pourtant bien signifié que ce n’est pas son objectif. Et puis, qu’a à craindre un non-sorcier dans la chasse aux sorcières ?

La Rédaction

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