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Transition au Burkina : « Il faut et redonner à l’armée toute sa dignité et sa crédibilité », propose Abdoulaye Barry

Les mouvements Le Balai citoyen et Afrikamba, l’Association Wend Songsida, le Cadre deux heures pour Kamita, la Ligue panafricaniste et leurs alliés politiques ont organisé une conférence publique, ce samedi 28 mai 2022, sur la gestion de la transition au Burkina.

« Quelle trajectoire pour la transition ? ». Telle est l’interrogation principale qui a servi de thème pour cette conférence publique.

Selon le secrétaire exécutif du mouvement Le Balai citoyen, Ousmane Lankoandé, il s’agit de rassembler des acteurs pour susciter une réflexion autour de la transition. « On a constaté que la situation sécuritaire a continué à se dégrader et a même empiré, si on peut bien le dire », a-t-il indiqué.

Le secrétaire exécutif du mouvement Le Balai citoyen, Ousmane Lankoandé

En tant qu’organisations de veille citoyenne, les structures à l’initiative de la conférence publique ont estimé qu’il était temps de se mobiliser pour s’interroger sur la trajectoire de la transition actuelle. Il est aussi question, à en croire Ousmane Lankoandé, d’appeler les autorités à se concentrer sur l’agenda de la transition (sécurisation du pays, réinstallation des personnes déplacées et réformes institutionnelles pour organiser les élections).

La démocratie face au terrorisme

Pour ouvrir le bal, c’est le Pr Abdoul Karim Saïdou, politologue et enseignant-chercheur, qui s’est penché sur le sous-thème « Les transitions politiques et la lutte contre le terrorisme ».

« Est-ce que la démocratie est capable de faire face au terrorisme ? Est-ce que les régimes de transition sont capables de lutter contre le terrorisme ? », s’interroge le politologue. Pour lui, il n’y a pas de réponse directe à cette question.

Pr Abdoul Karim Saïdou, politologue et enseignant-chercheur

A l’en croire, les régimes de transition disposent d’avantages dans la lutte contre le terrorisme, car ils sont neutres et peuvent rassembler plusieurs composantes de la société. Pour le contexte burkinabè, il s’est dit sceptique quant à sa neutralité. Aussi, Abdoul Karim Saïdou a confié que ces régimes sont vulnérables car ils sont sous pression, sans oublier le poids des partenaires techniques et financiers qui joue beaucoup sur les caisses de l’Etat. « La transition qui est sous tutelle internationale ne peut pas gagner la guerre », a-t-il dit.

« Cette transition est une trajectoire du chaos »

Boureima Ouédraogo, journaliste et directeur de publication du journal Le Reporter, s’est penché sur le cas du MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration) et la question de la restauration.

Dans une démarche directe, il a affirmé que le mythe selon lequel les militaires étaient les mieux qualifiés pour la lutte contre l’insécurité s’est détérioré. Pour lui, aucun militaire n’avait encore posé un acte de bravoure jusqu’au coup d’État du 24 janvier 2022. « Quatre mois après ce coup, il y a une détérioration plus accrue de la situation sécuritaire. On a beau cherché des signaux d’espoir mais hélas, on assiste même à l’augmentation des salaires des ministres. Ils l’on fait en moins de 45 jours. C’est ça la restauration ? », s’est inquiété le journaliste.

Boureima Ouédraogo, journaliste et directeur de publication du journal « Le Reporter »

Il a aussi mentionné la personnalisation du pouvoir à travers le « fameux spot publicitaire de Damiba ». De son avis, les organisations de la société civile, tout comme les partis politiques, ne savent plus à quel saint se vouer. « La sortie du président à Bobo-Dioulasso montre que le mythe est tombé et on peut se dire que cette transition est une trajectoire du chaos », a-t-il ajouté.

Ainsi, il a proposé de recadrer la transition, en remettant le pouvoir à un civil qui sera élu par les forces vives de la nation.

Une vue des participants à la conférence publique

« Mobiliser l’ensemble des Burkinabè »

Le journaliste et analyste politique Abdoulaye Barry, quant à lui, s’est attardé sur la transition et l’engagement patriotique. « Ni le MPP ni, le MPSR n’ont pu fédérer tous les Burkinabè pour faire face à l’insécurité grandissante », a-t-il affirmé.

« Les Burkinabè ont-ils mal à leur patriotisme au point de laisser leur patrie mourir à petit feu ? », se questionne le journaliste. Selon lui, la transition ne réussira que s’il y a une légitimité au niveau national et une crédibilité sur le plan international.

Abdoulaye Barry, journaliste et analyste politique

Abdoulaye Barry a aussi ajouté qu’il est important de rassembler tous les Burkinabè autour d’un idéal. « Il faut mobiliser l’ensemble des Burkinabè sur la base de la vérité et redonner l’armée toute sa dignité et sa crédibilité », a-t-il proposé.

Cette conférence publique a connu la présence de personnalités politiques et de leaders d’opinion.

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

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