Agée seulement de 14 et en classe de CM2, T.F. nourrit le désir de se mettre en couple. Et l’occasion s’est présentée lors d’un mariage à Djigouèra (Kénédougou) lorsqu’après l’avoir vue, D.Y., du haut de 29 ans et déjà en union libre, n’a pas pu résister au charme de la jeune scolaire. Très rapidement, le contact est noué entre les deux. Pour ne pas rater cette opportunité de fonder son foyer, T.F., ne dira pas à D.Y qu’elle est élève. Pire, elle lui fera croire qu’elle est âgée de 17 ans au lieu de 14 ans.
Désormais, les deux restent en contact jusqu’à ce que la jeune fille manifeste le besoin de quitter Bobo-Dioulasso pour rejoindre celui qu’elle considère comme son homme à Djigouèra. Un samedi, D.Y. est allé croiser son amour pour l’amener chez lui sans informer ses parents. Après plusieurs jours sans les nouvelles de sa fille, son géniteur engage des recherches pour apprendre plus tard qu’elle se trouvait chez D.Y. Tout de suite, il réclame sa fille afin de lui permettre de continuer ses études.
Mais la fille ne l’entendait pas de cette oreille. Elle proposera à D.Y. de l’éloigner de ses parents. Une proposition à laquelle il accède en l’expédiant à Ouagadougou. D.Y. était devant les juges de la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso, ce lundi 20 juin 2022, pour s’expliquer sur ces faits de détournement de mineur sans contrainte, violence, menace ou fraude. Sans tergiverser, le prévenu reconnait les faits tout en rappelant que sa nouvelle conquête ne lui avait pas signifié qu’elle avait 14 ans, ni qu’elle était scolarisée.
Des affirmations confirmées par la fille qui reconnait avoir menti sur son âge et proposer au prévenu de l’envoyer à Ouagadougou pour l’éloigner de ses parents. A la question de savoir si elle désirait toujours se marier au prévenu, la jeune fille, après avoir lancé un regard doux sur celui qui perturbe son sommeil, répond par l’affirmative. Une réponse qui a sorti le président du tribunal de sa réserve.
« A ton âge tu es toujours au CM2 pendant que tes camarades sont au secondaire malgré les efforts de tes parents pour te réserver un meilleur avenir. Pour toi, c’est le mariage qui t’intéresse », s’est-il adressé à la victime avant de fustiger le prévenu pour son comportement « irresponsable ». A la suite des débats, le tribunal a déclaré D.Y. coupable et l’a condamné à 12 mois de prison et à une amende de 1 000 000 F CFA, l’ensemble assortis de sursis d’exécution.
Il se fait prendre en voulant tricher au BEPC
Agé de 20 ans, A.B. est un ancien client du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) pour avoir été recalé à cet examen à plusieurs reprises. Pour la session 2022 où il se présentait pour la énième fois, A.B. voulait vaille que vaille obtenir ce diplôme. Pour ce faire, il parvient à tromper la vigilance des surveillants et s’introduit dans la salle de composition avec son téléphone portable.
A l’épreuve de géographie, il décide de s’en servir pour répondre à une question sur le nom de la capitale d’un pays. Il fit sortir l’appareil, le mis sur son genou et lance le moteur de recherche. Intrigué par son comportement, l’un des surveillants s’approcha de lui et le prit la main dans le sac. Il était devant les juges de la chambre correctionnelle du TGI de Banfora, ce mardi 21 juin 2022, pour ces faits de fraude. Des faits qu’il a reconnus sans ambages. Pour avoir enfreint à la loi par ce comportement, le tribunal lui a infligé une peine de 6 mois et une amende de 500 000 F CFA, assortis de sursis d’exécution.
Il vole 66 bœufs « pour nourrir sa famille »
Né en 1976, veuf et père de trois enfants, S.M. était devant le TGI de Gaoua, le mardi 21 juin 2022, pour répondre des faits de vol de 66 bœufs. Quand le président du tribunal lui demande de raconter les faits, il déclare : « je reconnais avoir volé les bœufs mais c’est Dieu qui l’a voulu. Je suis pauvre donc je l’ai fait pour nourrir ma famille ». En effet, l’accusé explique que son père et sa femme sont décédés, lui laissant la charge de ses frères, sa mère et ses trois enfants.
Face à une incapacité de prendre en charge les membres de sa famille, il dit avoir eu l’idée de voler les bœufs qu’il a trouvés dans la forêt de Kpuéré en vue de les élever dans son village à Témalé au Ghana. Sur le point de traverser la frontière, il sera arrêté par les propriétaires dans la forêt de Koulbi et remis aux forces de sécurité. Mais pour le ministère public, S.M. ne dit pas la vérité, quand il soutient que c’est la pauvreté qui l’a poussé à commettre cet acte.
« C’est votre travail et nous connaissons votre stratégie. Résidant au Ghana, vous rentrez au Burkina chaque fois que nécessaire pour voler du bétail et traverser la frontière. Les animaux sont ensuite vendus à des receleurs en territoire ghanéen à des vils prix », argue le procureur qui plaide pour une condamnation de 24 mois ferme et une amende d’un million F CFA. Avant de prononcer son verdict, le président du tribunal sermonne l’accusé : « Arrêtez d’accuser Dieu. Ni dans le Coran ni dans la Bible, il n’a été dit de voler quand on est pauvre ». Il a suivi le procureur dans sa réquisition.
Il vend le ciment et le fer et construit une maison qui s’écroule avec la première pluie
Maçon de profession, O.A., âgé de 40 ans, en union libre et père de 3 enfants, a écopé de 12 mois de prison et d’une amende de 1 000 000 F CFA, le tout ferme, ce lundi 20 juin 2022, au TGI de Bobo-Dioulasso. Le procureur le poursuivait devant les juges de la chambre correctionnelle pour des faits de détournement de barres de fer à béton, de ciment et des faits de mise en danger de la vie d’autrui. Interrogé sur la paternité de ces faits, le prévenu les reconnait sans hésitation.
Commis par S.S. de construire une maison de 3 chambres-salon, le prévenu reconnait avoir vendu une bonne partie du matériel destiné aux travaux. « En difficulté financière, j’ai vendu 15 barres de fer et 10 sacs de ciment pour subvenir à mes besoins sans informer la victime », déclare-t-il à la barre. Une quantité contestée par la victime qui estime plutôt que son maçon a vendu plus d’une trentaine de barres de fer et plus de 2 tonnes de ciment. Après avoir vendu le ciment et les barres de fer, O.A. a érigé un bâtiment qui s’est effondré à la première grosse pluie.
Un comportement que le procureur du Faso trouve méchant. « En plus d’avoir vendu le matériel, tu construis une maison qui n’a pas respecté les normes. Heureusement qu’elle s’est écroulée à la suite d’une pluie sans qu’on y habite. C’est méchant de ta part », lance-t-il à son endroit avant de lui demander s’il allait faire le même travail pour abriter sa famille. « Je n’allais pas construire une maison de cette qualité », répond-t-il pour confirmer que le travail a été bâclé.
Sans aucun doute sur la culpabilité de O.A., le procureur a émis le vœu qu’il soit maintenu dans les liens de la détention et qu’il soit condamné à 60 mois de bail ferme à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso et payer une amende de 300 000 F CFA aussi ferme. Constituée en partie civile, la victime a réclamé 300 000 représentant la valeur du matériel vendu. Moins sévère que le procureur, la cour a accordé un séjour ferme de 24 mois à O.A. et une amende ferme de 1 000 000 FCFA en plus des 300 000 F CFA qu’il doit payer à la victime pour la réparation du tort commis.
24 mois de prison pour coups et blessures volontaires
Récidiviste parce que déjà condamné à 6 mois de prison pour vol en 2018, K.Y. a comparu au correctionnel du TGI de Bobo-Dioulasso, ce lundi 20 juin 2022, pour des faits de coups et blessures volontaires sur la personne de S.P., ayant entrainé une incapacité de travail de 14 jours. Des faits qui se sont déroulés le 10 avril 2022. A la barre, le prévenu reconnait les faits en déclarant que c’est au cours de son sommeil, une nuit que la victime, S.P. est venue le réveiller lui faisant part de la présence d’un rat derrière la maison. Armé d’une machette et d’une torche, il va faire le tour de la maison sans rien trouver.
« C’est après la recherche sans succès du rat que S.P. m’a fait savoir que le problème du rat n’était qu’un alibi. C’est là qu’elle m’a conduit à la fenêtre de ma sœur qui était en plein ébat sexuel avec un enfant de la classe de 5e », relate-t-il aux juges. Une version différente des déclarations des témoins à l’enquête préliminaire, aux dires du procureur. En fait, estimant le comportement (ébats sexuels) de sa grande sœur « indigne », il a souhaité qu’elle soit expulsée de la maison familiale.
Pour passer à l’action, il a commencé à mettre ses effets dehors. Il s’accaparera même de son maïs pour aller vendre. C’est lorsque S.P. a voulu l’empêcher d’emporter le maïs qu’il a sorti la machette et l’a blessée au bras, selon le récit des déclarations de l’enquête préliminaire. Le prévenu a reconnu ces déclarations, disant qu’il n’avait aucune intention de blesser la victime. Au regard de la personnalité belliqueuse du prévenu (parce qu’il est reconnu être bagarreur et violent), le procureur a demandé à la cour de le déclarer coupable des faits à lui reprocher.
Aussi, le procureur a fait savoir qu’il est reconnu d’être auteur de vol de céréale dans sa famille. « Pour le mettre hors d’état de nuire et permettre à la famille de vivre en quiétude », le parquet a requis une peine d’emprisonnement de 12 mois et une amende de 250 000 F CFA, le tout ferme. Ayant la main plus lourde que le procureur, le tribunal va le tenir à l’écart de sa famille pour 24 mois de prison ferme tout en le condamnant à une amende de 250 000 F CFA aussi ferme.
Rassemblés par Hamélé FAYAMA
Mamadou YERE
Joseph HARO
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