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JBO et RMCK à Kossyam : les assises nationales en ligne de mire

Six mois après avoir pris le pouvoir par un coup d’Etat, le chef de l’Etat Paul Henri Sandaogo Damiba compte sur ses prédécesseurs pour donner plus de chance de réussite aux assises nationales.

C’est assurément l’événement politique de ce début de semaine. Dans l’après-midi d’hier 21 juin, sont apparues sur la page Facebook de la présidence du Faso, puis plus tard sur les chaines TV, des images pour le moins inattendues. Arrivés ensemble à bord d’une 4×4, les anciens présidents Jean-Baptiste Ouédraogo (JBO) et Roch Marc Christian Kaboré (RMCK) en descendent, remontent le tapis rouge qui leur est déroulé et disparaissent dans les couloirs de Kossyam. On les revoit ensuite entrant dans la salle d’audience où les attendait le maitre des lieux, Paul Henri Sandaogo Damiba (PHSD). JBO porte un habit en pagne coupé dans le style trois poches, couramment appelé « je suis responsable ». Le Faso dan Fani, ce n’est pas son dada ! Tout le contraire de RMCK. Depuis son élection en 2015, il était devenu le premier top model et ambassadeur de luxe du tissu national.
C’est JBO qui entre le premier. Chaleureuses poignées de mains et échange de propos évidemment courtois. Puis le protocole annonce, RMCK, ancien président. Le prédécesseur de Paul Henri Sandaogo Damiba n’a pas encore perdu ses habitudes vestimentaires. Il porte un ensemble Faso dan Fani couleur blanche impeccablement coupé. Poignées de mains également entre les deux hommes, les yeux dans les yeux. Puis, les trois s’installent autour d’une table. Physiquement, RMCK est bien amaigri. La « séquestration », pour reprendre le mot de ses partisans, dont il est victime depuis son éviction il y a six mois, est une épreuve qu’il subit en silence. Stoïque. Dans la souffrance.
La caméra s’éteint et quand elle se rallume, on aperçoit les trois hommes debout, échangeant dans une ambiance conviviale. On entend même des rires, certes contenus. Puis le protocole raccompagne les invités de marque de l’hôte de Kossyam jusqu’à leur véhicule qui démarre. Aucune déclaration. Rien n’est sorti de leur bouche.

Selon la direction de la communication de la présidence, les discussions entre les trois hommes ont porté sur « les questions sécuritaires, la conduite de la Transition » et « témoigne de la volonté de réconciliation du chef de l’Etat ». « Cette audience, ajoute la direction de la communication « est le début d’une série d’actions envisagées par le chef de l’Etat en vue de décrisper la situation politique et favoriser la participation de toutes les filles et tous les fils du Burkina à l’œuvre de refondation nationale ».
A quelques jours du prochain sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à Accra au Ghana, la présence à Kossyam de son ancien locataire n’est-elle pas un message de bonne volonté envoyé par le chef de l’Etat Damiba à l’organisation ouest-africaine, laquelle, faut-il le rappeler, exige la libération du président Roch Marc Christian Kaboré ? Le conciliabule de Kossyam annonce-t-il sa libération totale alors que la pression interne est de plus en plus
forte ? Il n’est pas interdit de le penser.
Ce que l’observateur de la vie politique aura remarqué, c’est l’absence de l’autre ancien président, Michel Kafando pourtant bien présent au Burkina. De bonnes sources, il aurait poliment décliné l’invitation, préférant le silence dans lequel il s’est retranché depuis la lettre qu’il avait co-signée en 2020 avec JBO. Mais Mba Michel pourrait réviser sa position. Des émissaires devraient le rencontrer dans les jours à venir pour tenter de le convaincre qu’il a un rôle fondamental à jouer dans la recherche d’une réconciliation des Burkinabè.
Les mêmes sources ont indiqué à Kaceto.net que d’autres émissaires sont attendus à Abidjan pour rencontrer le président Blaise Compaoré et les autres exilés qui aspirent à regagner le bercail. On ignore pour l’instant l’objet précis de cette rencontre, mais on imagine bien qu’il portera sur les conditions de retour de celui qui a dirigé le Burkina durant 27 ans avant d’être contraint à l’exil suite à l’insurrection populaire d’octobre 2014. Une démarche similaire est également envisagée à l’endroit Yacouba Isaac Zida, l’éphémère président de la Transition, puis premier ministre. « Tout ça, explique un ancien député, entre dans le cadre des préparatifs des assises nationales de la réconciliation qui pourraient se tenir en août prochain ».

Joachim Vokouma
Kaceto.net

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