Il n’est pas un bon client de la presse puisqu’il s’exprime rarement préférant se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux : jouer au football. Mais, si l’occasion se présente, Bertrand Traoré dit clairement ce qu’il pense. C’est ce qui s’est passé à travers cette exclusivité.
Sidwaya Sport (S.S.) : Les 16 et 18 juin ont eu lieu les journées caritatives de la Fondation Bertrand Traoré à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso. Des activités qui ont suscité beaucoup d’engouement notamment à Bobo. Pourquoi avoir initié ces journées caritatives ?
Bertrand Traoré (B.T.) : Vous savez, depuis 2019, chaque fois que je viens au Burkina, soit en regroupement avec les Etalons ou pour les vacances, nous essayons avec mes frères, mes amis et collaborateurs de la Fondation, d’organiser quelque chose en faveur des enfants ou d’apporter de l’aide aux gens avec nos modestes moyens. Cette fois-ci, nous avons essayé de faire quelque chose de plus grand parce que la situation du pays est difficile à cause de l’insécurité, de la souffrance des populations et des nombreuses attaques terroristes aux quatre coins du pays. Nous avons initié ces journées caritatives afin de créer un élan de solidarité à l’échelle nationale autour de nos forces de défense et de sécurité et des volontaires pour la défense de la patrie qui se battent au péril de leur vie pour le pays. Nous avons mobilisé des ressources humaines et matérielles afin d’apporter du réconfort aux veuves et aux orphelins de tous ces soldats, gendarmes, policiers, forestiers, douaniers et tous les autres corps paramilitaires qui se battent pour notre sécurité contre les groupes terroristes. Par la grâce de Dieu, et grâce aux soutiens de bonnes volontés, notre objectif premier a été atteint. Ce qui nous a permis de venir en aide à des familles en situation difficile dans des quartiers populaires de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. C’est d’ailleurs l’occasion pour nous de dire merci ici à toutes ces bonnes volontés qui ont bien voulu répondre positivement à notre élan de solidarité. Loin de moi l’idée de profiter de vos colonnes pour une publicité gratuite (rires), permettez que je remercie les présidents directeurs généraux de EBOMAF et de CORIS Group, CANAL + Burkina, la SOCOGIB, des bénévoles et membres de la Fondation, le président de la Ligue des Hauts Bassins, le patron de Rahimo, des anciennes gloires du football burkinabè, des journalistes sportifs, des artistes culturels, des populations de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, ainsi que tous ceux qui de façon spontanée ont contribué à la réussite de ces journées caritatives. Je n’oublie pas le chef d’état-major des armées, les autorités coutumières et religieuses de Bobo Dioulasso et le haut-commissaire de la région des Hauts Bassins. Ces actions s’inscrivent dans la lignée d’autres opérations d’envergure menées depuis déjà plusieurs années par la Fondation Bertrand Traoré.
S.S. : D’où provient cet engagement ?
B.T. : Je pense que j’avais déjà répondu à cette question dans votre journal il y a quelques années. Les raisons sont toujours les mêmes. Il s’agit de l’envie de venir en aide aux autres, de venir en aide aux enfants, tout simplement. Vous savez que je suis orphelin de père depuis tout petit. Alors, je sais ce que c’est qu’être enfant et de recevoir de la compassion venant d’autrui. J’ai conscience de ma position de privilégié, de chanceux grâce au football. A travers ma fondation, je veux apporter de l’espoir. Je veux que les gens croient que tout est possible et qu’il faut garder espoir même quand c’est difficile.
S.S. : Tu fais partie de ces hommes publics très impliqués et préoccupés par la crise sécuritaire que traverse le pays. Quels messages aimerais-tu faire passer ?
B.T. : Je ne suis qu’un joueur de football mais j’aime mon pays. Je ne suis pas insensible à tout ce qui se passe autour de moi. Lors de ces journées caritatives et après avoir rencontré beaucoup de responsables du pays et de personnes sympathiques et simples, le seul message que je puis dire c’est la solidarité entre nous Burkinabè, car, c’est ensemble et main dans la main que nous pourrons nous en sortir et régler tous nos problèmes.
Bertrand Traoré a fait des dons de vivres à des personnes nécessiteuses à travers sa fondation éponyme.
S.S. : Sur le plan sportif, quel bilan dresses-tu de ta saison ?
B.T. : Cette saison 2021-2022 a été très difficile. C’est la première fois que je suis autant perturbé par les pépins physiques. Au-delà des problèmes physiques, il y a eu beaucoup d’instabilité en club et l’intermède de la CAN 2021. Mais je prends les choses avec philosophie. J’ai beaucoup appris. J’espère pouvoir recouvrir la santé la saison prochaine et faire ce que je sais faire : jouer au football autant que possible.
S.S. : Comment te sens-tu physiquement et mentalement à l’aube de cette nouvelle saison ?
B.T. : Ultra motivé. J’espère déjà faire une bonne préparation en présaison et être prêt pour bien débuter la saison.
S.S. : Quels seront tes objectifs pour la saison qui s’annonce ?
B.T. : L’objectif immédiat, c’est déjà de bien me préparer pour la nouvelle saison, car, ça fait deux ans d’affilés que je n’ai pas pu faire de présaison en bonne et due forme comme les autres joueurs avec mon club. Ensuite, il faudra être prêt physiquement et présent toute la saison pour faire ce que je sais faire. En gros, l’objectif primordial c’est de recouvrir la pleine santé, monter en puissance et jouer au football chaque weekend.
L’attaquant des étalons espère recouvrer la forme pour bien entamer la saison qui s’annonce.
S.S. : Tu es cité dans de nombreux clubs, notamment au Milan AC. Quelle est ta volonté pour la saison prochaine ?
B.T. : Comme dans chaque période de mercato, mon nom est associé à beaucoup de clubs. Mais, je reste focus sur Aston Villa, car, il me reste encore deux ans de contrat à honorer. Quant au reste, je laisse mes représentants s’en charger.
S.S. : Avec le recul, comment juges-tu votre participation à la dernière CAN ?
B.T. : Je trouve que nous avons fait une prestation honorable, même si nous avons failli au dernier match de classement contre le Cameroun. Vu le groupe que nous avions et le fait que nous n’étions pas présents à la CAN précédente, celle de 2019, je pense en gros que nous n’avons pas été ridicules. Nous avons un groupe jeune et beaucoup de joueurs en plus du coach étaient à leur première CAN. Cela ne nous a pas empêchés de finir parmi les quatre meilleures nations du tournoi aux côtés de grandes nations de football africain que sont le Sénégal, l’Egypte et le Cameroun. J’ai de l’espoir pour la suite.
S.S. : Tu as rejoint les Etalons en n’étant pas à 100% de tes moyens physiques. Est-ce par patriotisme que tu l’as fait ?
B.T. : La participation à cette CAN était un challenge pour moi à plusieurs niveaux. Ce n’était pas du tout facile, mais, je pense avoir donné le meilleur de moi-même pour mon pays. Même si j’ai pris des risques dont je paie encore le prix aujourd’hui, je ne regrette rien.
S.S. : En tant que capitaine de cette sélection, comment juges-tu ce groupe en pleine transition générationnelle ?
B.T. : On est une équipe en transition qui a su rapidement trouver ses marques pendant la CAN au Cameroun et lors des 2 premiers matches des éliminatoires de la prochaine CAN. Nous avons un groupe qui regorge de talents. On a des jeunes joueurs qui montent en puissance, qui ont de la qualité et qui apportent de la fraicheur et de l’enthousiasme à l’équipe aux cotés de quelques joueurs plus expérimentés qui jouent un rôle important d’encadrement et d’accompagnement.
S.S. : Connaissais-tu le nouveau coach Velud?
B.T. : Je ne le connaissais pas avant mais simplement de nom. Je sais qu’il a une bonne expérience sur le continent africain et qu’il a été très bien accueilli par le groupe. J’espère qu’on pourra faire de bonnes choses ensemble. Je voulais profiter de vos colonnes pour demander aux uns et aux autres de continuer de soutenir les Etalons. Surtout dans cette période instable. J’aimerai aussi passer un message d’union et de solidarité. En tant que capitaine de la sélection, je peux vous assurer que nous ferons tout pour faire briller notre Nation.
Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO
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