Alors qu’il apparaît de plus en plus clair qu’une certaine opinion veut “corseter“ la démarche actuelle du président Damiba pour sortir le pays de l’ornière, par des considérations juridiques qui, selon eux, devraient empêcher cette volonté du chef de l’Etat d’aller à l’union, il n’est pas superflu d’épiloguer sur les rapports entre justice et Etat, pour donner tout son sens à cette démarche, en rapport avec l’état actuel du pays. Si la justice est un idéal moral dans sa définition primaire, il ne faut pas perdre de vue qu’elle est aussi un idéal social, laquelle acception commande qu’elle œuvre à la préservation du cadre dans lequel elle s’exerce, même si pour ce faire, elle est amenée à tordre le cou à la morale.
Si l’on convient que sans Etat il n’y a pas de lois, à l’exception des lois de la nature (d’aucuns diraient la loi de la jungle), on peut convenir avec des exégètes rompus à la “chose“ juridique comme le doyen Frédéric Titenga Pacéré, qu’au-dessus de la justice il y a bel et bien l’Etat-Nation, surtout dans un pays menacé dans son existence même. Dans cette occurrence funeste, le travail de tout politique consciencieux est d’œuvrer par des actions, à préserver l’équilibre, le développement interne ou externe de la société, bref d’avoir à l’esprit l’intérêt supérieur de la Nation.
Or, c’est que nous sommes en droit de percevoir à travers le raout voulu par le président la semaine dernière, chacun des “convoqués“ à ladite séance n’étant pas le premier venu, et drainant derrière lui une frange importante de la population. Condamner cette démarche sur la base de considérations juridiques serait faire preuve de mépris, pour le premier dépositaire de cette justice, à savoir le peuple, souverain premier qui, dans sa grande majorité, est plus préoccupé par un retour rapide de la paix.
Ce peuple dont certains se gargarisent à longueur d’envolées lyriques n’est pas si dupe que cela, lui qui est resté de marbre devant les arguments des deux camps, attendant certainement la suite du processus pour juger sur pièces. Toute chose qui doit conforter le président Damiba dans sa démarche patriotique, loin des arguments libertariens qui se fondent sur le respect des droits naturels de l’homme au détriment des droits de la collectivité. Voilà plus ou moins décryptée la pensée du vieux sage de Manéga qui nous indique le chemin du salut national, quitte à ce que nous revenions une fois ce défi relevé, à des considérations plus personnelles. Prenons-en de la graine, pour sauter définitivement du feu qui consume la maison commune.
Boubakar SY