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Situation sécuritaire : L’APP/Burkindi propose au président Damiba de déclarer l’état de guerre contre le terrorisme

Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’État, l’APP/Burkindi invite le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, à prendre ses responsabilités face à la situation sécuritaire. Le parti politique propose aussi dans le cadre de la restauration de l’intégrité territoriale et morale, de publier le rapport de l’Inspection générale de l’Armée sur le drame d’Inata, de déclarer l’état de guerre contre le terrorisme, et de refonder l’armée pour en faire une véritable armée patriotique. Nous vous proposons l’intégralité de la lettre adressée au président du Faso.

Excellence Monsieur le Président,

L’Alternative Patriotique Panafricaine / Burkindi (APP/Burkindi), parti résolument opposé à la corruption, à la mal gouvernance, à l’impunité et au néocolonialisme condamne avec la dernière énergie les agressions terroristes contre notre pays. Notre parti s’incline devant la mémoire de l’ensemble des victimes du terrorisme, présente ses condoléances aux familles éplorées et à l’ensemble de la Nation. Il souhaite prompt rétablissement aux blessés, courage aux personnes déplacées internes (PDI) comme externes et invite les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), leurs supplétifs (les VDP), les groupes d’auto-défense, les jeunes et tou.te.s les patriotes combattant.e.s à garder haut le moral et la détermination pour la défense de la Patrie. Le drame de Seytenga prouve encore une fois que le pays reste abonné aux deuils nationaux. Nous refusons la banalisation des horreurs insoutenables du terrorisme et de l’occupation de la moitié de notre territoire.

Excellence Monsieur le Président,

Le 24 janvier 2022 vous avez pris le pouvoir par la force armée face à l’incapacité manifeste de l’ex-Président KABORE et son MPP et ses alliés de venir à bout du terrorisme. Contrairement au coup d’État du 16 septembre 2015 du RSP, les forces vives du peuple n’ont pas contesté dans la rue et les casernes votre putsch. A travers une correspondance du 5 février 2022, nous vous avons formulé nos propositions de sortie de crise. Avec le MPSR au pouvoir, nos populations espéraient un retour rapide de la sécurité, la fin des incohérences de gestion du pouvoir d’État et la restauration du territoire national. Cinq mois après, en dépit de la mise en place de la Transition, plusieurs signaux nous interpellent :

Sur le plan sécuritaire, force est de constater que nous sommes au bord du gouffre, malgré les efforts déployés. La situation sur le terrain reste très préoccupante. Le doute et l’inquiétude se sont emparés d’une partie importante de l’opinion nationale qui s’interroge sur la volonté et les capacités réelles de votre régime de faire face à ces terroristes.

Nous assistons à des disparitions récurrentes et suspectes de camions citernes d’hydrocarbures qui seraient capturés par les groupes armés terroristes (GAT). Cela pose d’énormes questions sur l’ampleur du réseau de complicités internes et externes de ces GAT.

Vous avez indiqué vouloir vous situer au-delà de la classe politique. Pourtant, laissant planer le doute sur la neutralité de votre action, vous avez fait appel à des politiciens de premier rang de l’ancien régime chassé par l’Insurrection populaire de 2014 : d’abord pour présider la séance plénière des Assises nationales de la Transition pour l’un d’entre eux, ensuite pour nommer un autre Ministre d’État dans votre gouvernement.

Le rapport sur le drame d’Inata, qui peut difficilement soustraire la responsabilité de certains officiers supérieurs de nos FDS, n’est toujours pas rendu public.

Vous avez appelé nos compatriotes à consentir un effort de guerre et vous avez parallèlement multiplié par deux les salaires de vos ministres et le vôtre. Ajouté à cela, vous avez procédé à des nominations à la direction de sociétés d’État, de plusieurs officiers supérieurs censés prendre la direction des opérations militaires, alors même que les attaques terroristes s’intensifient et que le pays dispose de compatriotes civils, intègres et aptes à ces fonctions.

Le contexte économique et social est marqué par une inflation sans doute exagérément gonflée par des officines politico-économiques, un accroissement spectaculaire du nombre de PDI et des déplacements importants de nos compatriotes vers des pays limitrophes. La souffrance de nos populations est indicible.

Des appels au meurtre collectif d’une communauté nationale sont ouvertement proférés, à l’exemple de ce qui s’est passé au Rwanda au début des années 90 avant le génocide et en Côte d’Ivoire au début des années 2000 avant la guerre civile meurtrière. Une guerre de communication, une propagande mensongère et haineuse vise à pousser nos communautés séculaires à se considérer mutuellement comme boucs-émissaires et à s’entre-tuer.

La mauvaise gouvernance et les détournements des fonds publics décriés sous le pouvoir du MPP semblent encore prospérer. Cinq mois après la prise de pouvoir du MPSR, aucun signe d’ouverture de dossiers judiciaires ni de poursuites des nombreux dossiers de crimes économiques.

C’est dans ce contexte que la presse et vos services de communication ont annoncé une rencontre de « haut niveau » avec les anciens Chefs d’État dont deux exilés volontaires sous le coup de poursuites judiciaires ou de condamnation ferme.
C’est pourquoi, en ces moments douloureux et critiques pour la Nation, l’APP/Burkindi a opté pour cette adresse solennelle à vous en votre qualité de Président du Faso, Chef de l’État, Chef suprême des Armées, à travers cette correspondance avec pour objectif de vous placer devant vos propres responsabilités et de contribuer à la recherche de solutions, car la patrie a besoin de l’énergie et de la contribution de tous ses enfants.

Nous pouvons vaincre le terrorisme, à condition d’en cerner correctement les contours, les commanditaires, les exécutants, leurs motivations et mobiliser le peuple en conséquence.

Notre peuple a déjà vaincu en 2014 ce que beaucoup considéraient comme un terrorisme d’État, une gestion dictatoriale du pouvoir politique et judiciaire, une gestion patrimoniale du pouvoir économique et de la question foncière, de l’orpaillage et des zones rurales pastorales. Cela durait depuis l’assassinat du Président Thomas SANKARA et a malheureusement prospéré après la transition de 2015. Les abominables stratèges de l’agression terroriste contre notre pays et l’Afrique, qui sont en réalité les parrains de plusieurs dictateurs africains, exploitent ce terreau social fertile et instrumentalisent à souhait nos dynamiques de conflictualités locales induites par l’absence séculaire de l’État dans nos contrées rurales, rendant complexe la lutte contre ce phénomène immonde. Oui, la paupérisation massive de notre peuple, les exactions contre des communautés déjà démunies, l’impunité dans le cadre de crimes de masse comme Yirgou ainsi que les trop nombreux exemples du genre, font le lit du terrorisme !

Excellence Monsieur le Président,

Une mobilisation populaire de combat et une clarification de nos alliances extérieures sont incontournables.

La réponse exclusivement militaro-sécuritaire expérimentée depuis plus de 6 ans a montré toutes ses limites. En dépit de son équipement militaire de premier ordre, le monde entier a été témoin du retrait précipité de l’Afghanistan de l’Armée des États Unis d’Amérique, la première armée du monde et ses alliés de l’OTAN. Dans la réflexion initiée par le régime précédent sur la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, deux éléments fondamentaux rendus publics indiquaient : (i) la réponse militaire est insuffisante pour venir à bout de la menace terroriste, il est nécessaire d’allier des réponses sociales et économiques, (ii) la possibilité d’adoption d’un plan de déradicalisation pour tous nos compatriotes qui veulent déposer les armes. Sur ce dernier point, nous saluons votre décision d’engager le dialogue entre belligérants au niveau local. La collaboration entre populations et FDS est d’une nécessité évidente et incontournable. L’Algérie, parmi d’autres exemples, l’a déjà expérimentée avec succès. Sans une guerre populaire et patriotique généralisée, sous la direction des FDS, notre calvaire risque d’être encore plus long et meurtrier.

A l’épreuve des faits, nos soutiens militaires extérieurs sont inopérants et ont plus l’allure d’une occupation militaire hostile. Rappelez-vous que nuitamment, les militaires français, avec l’appui des militaires américains et de nos FDS, ont libéré dans le désert la poignée d’otages français, coréen et américain qui avaient précédemment été capturés au Bénin. Pourquoi n’y a-t-il pas la même efficacité lorsqu’il s’agit de collaborer avec nos FDS, de protéger, secourir nos populations et reconquérir nos zones occupées ? Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a répondu à la question : « Je ne sais pas si le monde accorde vraiment la même attention aux vies noires et blanches. Je dois être franc et honnête : le monde ne traite pas la race humaine de la même manière. Certains sont plus égaux que d’autres. »

Cela est d’autant plus vrai que, en quelques mois de conflit armé en Ukraine, l’Occident a mobilisé pas moins de 65 milliards d’euros en équipements militaires d’aide à ce pays. A contrario, en plus de 10 ans de conflit armé terroriste au Sahel, les mêmes pays occidentaux n’ont jamais réussi à rassembler la modique somme de 1,3 milliards promise au feu-G5 Sahel ! Mais l’Europe est dans son droit lorsqu’elle défend ses intérêts.

Nous sommes les principaux responsables de nos errances, de nos incohérences et de nos mauvais choix. Notre seule boussole doit être l’intérêt de la mère Afrique et de l’intérêt des peuples Africains. Nous devons cesser d’être des instruments d’intérêts étrangers opposés à ceux de nos peuples. Réconcilier nos pays Africains, restaurer la confiance entre l’État et l’ensemble des populations est un impératif salutaire. Cela n’a rien à voir avec des arrangements entre vieux politiciens qui ont ensemble spolié nos populations.

Les propositions de l’APP/Burkindi pour la sauvegarde de notre pays et la restauration de notre intégrité territoriale et morale.

1. Promouvoir l’exemplarité à la tête de l’État et de nos institutions. Annuler les augmentations de salaires des ministres et du Président, de même que les nominations d’officiers à la tête des sociétés d’État et institutions publiques. L’effort de guerre concerne en priorité les dirigeants du pays et nos officiers formés pour défendre la nation.

2. Publier le rapport de l’Inspection générale de l’Armée sur le drame d’Inata, de même que les rapports des audits diligentés sur la gestion de l’Administration publique, ainsi que les rapports de l’ASCE/LC. On ne saurait tolérer des faits graves de dysfonctionnement, de détournements et de corruption parfois documentés pendant que nos FDS manquent de tout, meurent quotidiennement avec des populations civiles dont près de deux millions sont des déplacés internes. Continuer à laisser faire, c’est accepter la haute trahison et aggraver davantage notre drame et le ras le bol légitime de la population.

3. Pour la dignité, l’honneur et la patrie, déclarer l’état de guerre contre le terrorisme. Appliquer et approfondir les décisions prises : théâtre national des opérations, brigades populaires de défense, zones d’intérêt militaire. Au-delà des VDP, organiser le peuple autour des FDS, former les populations au maniement des armes, les encadrer et aller à l’assaut de tous les agresseurs du pays en rangs serrés.

4. Refonder notre armée pour en faire une véritable armée patriotique, populaire et indépendante de toute influence extérieure nocive. Cela impose a) d’exiger le départ de notre territoire des forces étrangères qui ont suffisamment fait la preuve de leur duplicité et de leur inefficacité sur le terrain ; b) de diversifier nos partenariats militaires et sécuritaires.

5. Revoir en profondeur la problématique du foncier rural pour favoriser un accès équitable à tous les acteurs (agriculteurs, éleveurs, et autres utilisateurs des ressources naturelles). Une telle révision doit nécessairement intégrer le respect des espaces et des parcours pastoraux, source de toutes les tensions communautaires et probablement le principal facteur de radicalisation de certaines communautés frappées de plein fouet par le réchauffement climatique.

6. Adopter une attitude de tolérance zéro contre tout acte avéré de stigmatisation envers un individu ou une communauté. La question de la stigmatisation des communautés est d’autant plus préoccupante que si on n’y prend garde, elle portera un coup fatal au vivre-ensemble séculaire dans notre pays. Une véritable politique de réarmement civique, à peine esquissée à travers le Manuel de suivi sur les indicateurs de la cohésion sociale au Burkina Faso (août 2021), s’impose.

7. Renforcer la justice, traiter les dossiers pendants de crimes de sang, crimes de masse, crimes économiques, crimes de collusion avec les terroristes en mettant en place des tribunaux spéciaux dotés de moyens conséquents. Appliquer les mêmes règles à tou.te.s les justiciables, simples citoyen.ne.s ou anciens Chefs d’État ou autres responsables.

8. Il est impératif d’apporter réellement tout le soutien nécessaire (moral, organisationnel, logistique, matériel, financier) à nos braves FDS qui ont payé et continuent de payer un lourd tribut dans cette crise sécuritaire. Dans ce même registre, nous saluons et soutenons l’initiative de tous les combattants qui ont su apporter une plus-value considérable en termes de sécurisation des populations, et dont les authentiques faits de guerre ne manquent pas pour illustrer leur héroïsme. C’est une occasion renouvelée pour notre parti de leur rendre hommage.

9. Porter une assistance conséquente et digne aux presque deux millions de personnes déplacées internes. En collaboration avec les pays voisins qui accueillent nos compatriotes, porter une assistance réelle à toutes celles et tous ceux qui ont trouvé refuge dans ces pays frères et inversement. De même, les familles des victimes du terrorisme, FDS et civils, les blessés de guerre, les blessés de l’Insurrection de 2014 et du Coup d’État de 2015 doivent tous être réellement pris en compte par la solidarité nationale.

10. Mettre en œuvre un plan spécial d’investissement social et économique pour les zones délaissées. Partir de la cartographie de la menace terroriste dans notre pays (Nord, Centre-Nord, Est et Sud-Ouest…), identifier les facteurs déclencheurs de la radicalisation, les traiter pour ramener la paix et la cohésion sociale. Cela est notre première ligne de défense contre les GAT qui se verront ainsi sevrés de leurs sources de recrutement au sein de nos populations.

11. Enfin, il nous paraît urgent de prendre toutes les initiatives nécessaires pour renforcer l’inclusivité à tous les niveaux décisionnels et dans l’espace public, engager un processus de dialogue social intercommunautaire de proximité, en plus du dialogue avec ceux qui ont pris les armes, à l’effet de ressouder le tissu social fortement entamé par la crise sécuritaire. Ce processus de dialogue est cardinal et même incontournable et devrait impliquer tous les acteurs pertinents (leaders communautaires, OSC, personnes ressources écoutées, etc.). Ce processus devra être accompagné de mesures de réinsertion sociale de nos compatriotes abusivement enrôlés par les groupes armés terroristes.

Excellence Monsieur le Président,

L’APP/Burkindi pour sa part indique déjà la voie car nous prônons et suivons Laawõl Burkindi (le chemin de la dignité) par Hõron Ya (le comportement de l’honneur). Nous restons au service de notre peuple pour apporter notre contribution à la recherche de solutions durables à la crise sécuritaire, à la lutte pour la libération intégrale de notre territoire occupé et à la promotion de la cohésion sociale et du vivre- ensemble.

Nous appelons le peuple burkinabè à la vigilance, au refus de la manipulation, de la division, pour éviter de nous plonger dans une situation encore plus dramatique, telle que la récupération opportuniste, à cause du désarroi de la population, et la restauration d’un régime prédateur déjà rejeté. Nous devons œuvrer de sorte à rendre effective la souveraineté populaire, conformément au signal et l’esprit de l’Insurrection de 2014 et la Résistance au Coup d’État de 2015. Les acquis de ces mobilisations historiques et populaires doivent alimenter nos efforts actuels de reconquête et de restauration de notre territoire et celles de la dignité du peuple burkinabè.

Nous appelons l’ensemble des patriotes sincères organisés ou non, les organisations patriotiques à unir leurs efforts pour stopper la descente aux enfers de notre Patrie bien aimée.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre profond et indéfectible engagement patriotique.

Ensemble, nous vaincrons les forces du mal !
Nan lara, an sara !

Le Président

Adama COULIBALY
téléphone : 65 20 24 89 / adama7coul@gmail.com

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