Face à la contradiction principale de l’heure qui est la lutte contre le terrorisme et devant la nouvelle stratégie des terroristes qui sont passés à la guerre économique, plus dangereuse que celle militaire, il apparaît qu’une mutation profonde de l’Etat est nécessaire pour faire face à cette menace qui, à terme, mettra à genoux le pays.
Un « gouvernement » de type nouveau dont on trouve des exemples dans l’histoire des plus grands élans révolutionnaires, voilà la panacée pour contrer la menace sous la direction ferme et éclairée du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). C’est cet Etat de type nouveau, plus démocratique en ce qu’il prend en compte toutes les couches et classes sociales dans cette lutte pour la liberté et l’honneur qu’il convient d’expérimenter à l’étape actuelle.
Loin de nous l’idée de ressortir les vieilles thèses révolutionnaires, mais, avec un gouvernement et une armée ordinaires, on ne pourra atteindre que des résultats ordinaires. Pour tout dire, il faut replacer le peuple au cœur de la guerre, en le dotant de moyens conséquents, avec des instructeurs professionnels chargés de l’encadrer pour vaincre les terroristes. Sans cette guerre populaire généralisée, il sera difficile de vaincre, et, plus on y réfléchit et au regard des faits devant lesquels nous sommes placés, plus apparaît criante la contradiction principale.
En emboîtant le pas au gouvernement déchu en janvier dernier, on ne peut que prolonger et aggraver la débâcle économique et sociale du pays. Au moment où des compatriotes périssent, il ne s’agit plus de promettre des réformes, mais de prendre des initiatives qui s’imposent au moment présent. Face au péril, ces mesures pratiques que certains prétendent (à tort ou à raison) compliquées, en ce qu’elles seraient d’une application malaisée, sont pourtant claires et vitales.
Aucun parti politique conscient et conséquent ne peut nier leur objectivité à l’étape actuelle de notre lutte. Le peuple, souverain premier qui prend en main sa défense, quoi de plus normal. Le discours- bilan à venir du président Damiba doit consister à définir plus précisément les contours de cette nouvelle orientation politique et militaire, plutôt que de s’appesantir sur un bilan quantitatif de la montée en puissance de l’armée.
Cela permettra de faire pièce aux combinaisons frauduleuses qui se dessinent avec en ligne de mire, la récupération du pouvoir d’Etat. Une danse du ventre dans laquelle ceux qui souffrent des affres du terrorisme voient une coquetterie de bourgeois repus. Pour que plus rien ne soit comme avant, la mutation superstructurelle s’impose. Le pays court à sa perte, et, plus tard, ça sera trop tard.
Boubakar SY