Comme annoncé, le Président français, Emmanuel Macron est arrivé, le lundi 25 juillet 2022 à Yaoundé, au Cameroun, dans le cadre d’une tournée sur le continent africain. Accompagné de ses ministres des Affaires étrangères, des Armées et des Relations extérieures ainsi que de son secrétaire d’Etat chargé du développement, il se rendra également au Bénin et en Guinée Bissau, selon le programme officiel établi par l’Elysée. Le moins que l’on puisse dire est que c’est la première sortie du président Macron sur le continent africain, depuis sa réélection. Le point d’orgue de ce déplacement de Yaoundé qui cristallise l’attention est sans conteste la rencontre au sommet de ces « deux générations » de présidents afin de plancher sur les liens séculaires existants entre les deux Etats. C’est donc dire qu’au pays d’Ahmadou Ahidjo, le président français, s’est inscrit, sans doute, dans une dynamique de consolidation de la coopération diplomatique entre la France et le Cameroun, avec en toile de fond d’importants enjeux d’ordre géostratégiques.
Est-ce à dire que Paris envisage désormais travailler à une politique africaine axée relativement sur la défense de ses intérêts de tous genres sur le continent au détriment de la promotion de la démocratie et des droits de l’homme qui, longtemps ont été son leitmotiv ? Le pays de Paul Biya n’étant pas, il faut le dire, un exemple en matière de démocratie qui, pourtant a toujours guidé les pas de nombreuses puissances occidentales, dans leurs relations avec l’Afrique. Par ailleurs, comment interpréter cette visite dans un contexte d’un panafricanisme qui se fait de plus en plus voir dans toutes les contrées du continent ? A l’analyse, aux détours de cette sortie, il est plus qu’évident que l’ancien colon, confronté à de nombreux défis géopolitiques à l’échelle international, entend se convaincre certainement de « la fidélité du partenaire » camerounais dans un contexte de perte avérée d’influence dans ses anciennes colonies et face aux velléités expansionnistes d’autres Etats. Les cas de la Russie et de la Chine sont suffisamment illustratifs de cette réalité.
Mais, cela ne sera pas chose aisée pour Macron, ce d’autant plus que Paris a gardé ses distances vis-à-vis de l’autocrate camerounais qui, selon certains médias, demeure le symbole d’une « vieille Françafrique à bannir ». Du reste, ce voyage pourrait esquisser, tout de même, une nouvelle étape de la politique africaine du président français, après un premier quinquennat dominé par la lutte antiterroriste au Sahel. Mais, au-delà de tout, il reste évident qu’au sortir de la rencontre entre les deux chefs d’Etats, le doyen Paul Biya ressorte revigoré dans sa position, pourtant contesté par une partie de sa classe politique. Or, au pouvoir depuis quatre décennies et âgé de 89 ans, le locataire du palais d’Etoudi ne semble pas donner bon signe quant à une alternance démocratique dans son pays. C’est pourquoi, d’aucuns estiment qu’avec l’influence russe dans la guerre d’Ukraine, Emmanuel Macron semble avoir relégué au second plan les questions cruciales de démocratie et des droits de l’Homme, en désespoir de cause, au profit d’autres intérêts plus stratégiques. Car voulant malgré tout maintenir sa place sur l’échiquier international. Partant de là, il est loisible de déduire que la quête d’une véritable démocratie dans ce pays ne sera pas de sitôt. Et cela, au grand dam de nombre d’acteurs politiques et de la société civile qui, à longueur de journée, en font leur crédo.
Soumaïla BONKOUNGOU