Les portes de Bank of Africa Burkina Faso (BOA-BF) sont restées fermées dans la matinée du jeudi 28 juillet 2022, à Ouagadougou, de 7heures à 9heures 30 minutes. Cela sera dû à un mouvement d’humeur des agents de ladite banque qui ont décidé d’observer à travers un arrêt de travail de deux heures.
Que s’est-il passé aux différentes agences de Bank of Africa Burkina Faso (BOA-BF), dans la matinée jeudi 28 juillet 2022, à Ouagadougou ? Est-on tenté de se demander ? Aux environs de 8heures 30minutes, Sidwaya a appris que les agents de cette banque seraient en train d’observer un mouvement d’humeur.
Le journal de tous les Burkinabè décident d’aller à la vérification. Il est 8h51min. nous sommes à la l’agence BOA, route de Bonsyaaré. Les portes sont closes, des clients attendent qu’elles soient ouvertes afin d’effectuer leurs opérations. « C’est fermé. Nous ne savons pas à quelle heure l’agence va ouvrir », nous répond un client.
Les portes de BOA, agence de Koulouba, sont également closes ce jeudi 28 juillet 2022, au moment de notre passage aux environs de 9 heures. © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info. Editions Sidwaya
Quelques minutes plus tard, nous sommes à l’agence BOA de Koulouba. Même constat. Un attroupement d’une vingtaine de clients de la banque attendent désespérément devant la porte close ! Point de vigiles à leur point de faction habituel. Ils ignorent tout de ce qui leur arrive !
Nous prenons la direction de BOA-siège située situé à quelques encablures, dans la zone ZACA. Il est 9h05min. Des clients alignés devant l’entrée qui leurs est réservée. Un monsieur d’un certain âge et une dame sont un peu à l’écart du rang. « Je ne veux pas apparaitre dans les photos que vous venez de prendre », nous lance la dame.
Le monsieur, du nom de Abdoulaye Traoré, est venu de la pharmacie Diawara pour une opération. Il est là il y a à peine 10 minutes. « Je viens d’arriver il n’y a pas longtemps. Je ne sais pourquoi la banque est fermée. Je suis venu trouver les autres clients alignés devant la porte. Si la situation dure, il doit falloir que les premiers responsables de la banque nous disent ce qui se passe », lâche-t-il. Jean-Boso Bazemo, un employé de Orezone, lui, est là depuis plus d’une heure.
Le client Jean Bosco : «La banque devrait prendre les dispositions pour nous prévenir ». © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info. Editions Sidwaya
« Je suis là depuis 8heures. Je suis travailleur et je comprends que des travailleurs manifestent pour revendiquer des conditions de travail meilleures. Mais la banque devrait prendre les dispositions pour nous prévenir. Elle aurait pu afficher une note à la porte pour nous éclairer. Mais nous laisser dans cette situation sans information n’est pas intéressante », déplore-t-il.
Dans l’objectif d’en savoir davantage, nous faisons le tour le tour du bâtiment dans l’espoir de rencontrer des employés de la banque qui vont accepter d’éclairer notre lanterne. Nous tombons sur trois dames, assises sur la terrasse de la banque. « Nous sommes de BOA mais il faut voir avec les messieurs qui sont arrêtés sur la voie, derrière la voiture. Ils pourront mieux vous éclairer », nous dit une d’elles, après que nous ayons décliné notre identité. Mais ce groupe d’agents n’en dira plus.
Donner de la chance aux pourparlers
« C’est un mal nécessaire », dit l’un d’eux qui répondait à un client qui lui tient ce propos : « J’étais venu pour vous donner de l’argent mais vous ne travaillez pas, je m’en vais », lance-t-il à ces interlocuteurs avant de fondre dans la circulation, sur sa motocyclette.
Le client Abdoulaye Traoré, devant BOA-siège : « Je ne sais pourquoi la banque est fermée ». © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info. Editions Sidwaya
« Vous voyez là il y a l’attroupement, c’est le personnel de la Banque. Allez là-bas, vous aurez de répondants, notamment les premiers responsables sont du mouvement », dit l’ag celui l’agent en costume bleue-nuit et qui venait d’échanger avec le client.
En quelques pas, nous sommes au lieu du rassemblement du personnel. Un monsieur, probablement l’un des représentants du personnel, s’adressait à ces collègues réunis devant l’entrée principale du siège de la banque. Une partie des agents sont sur la voie publique. Nous commençons par des prises de vue. Mais, il fallait si peu pour que deux se détachent de l’attroupent pour s’en prendre à nous. « Qui êtes-vous », me demandent-ils. «Je suis journaliste ».
Mais ma réponse ne semble pas suffisante. « Qu’est-ce qui prouve que vous êtes journaliste ? Où est votre carte professionnelle. Vous n’avez pas le droit de filmer notre rencontre. Tu te prends pour qui », nous lance-t-il d’un d’eux, d’un ton menaçant.
Il y a de la tension dans l’air ! « Vous ne pouvez pas tenir une manifestation sur la voir publique et m’empêchez de prendre des images. C’est un lieu public », lui-réponds-je bonnement. Après l’intervention de ces collègues, le calme revient. Nous avons eu le temps de capter les derniers mots de celui qui s’adressait au personnel. « Pour aujourd’hui, nous reprenons le travail à 9h30min. Si d’ici le soir nous n’avons pas l’annulation de la note, demain nous reprenons le mouvement. Et chaque jour, nous ajouterons une heure d’arrêt de travail » martèle-t-il.
Des clients attendant devant les portes de BOA Siège restées closes de 7heures à 9heures 30 minutes. © : Mahamadi Sebogo pour Sidwaya.info. Editions Sidwaya.
Avant d’inviter ces camarades à rejoindre leurs bureaux pour la reprise. Nous nous frayons un passage pour aller demander qu’il nous en éclaire davantage. « C’est une affaire interne pour le moment. Quand on aura besoin de la presse, on fera appel », nous répond-il calmement.
Pour l’instant, nous ne voulons pas porter le problème sur la place publique ; nous voulons donner plus de chance aux pourparlers avec les premiers responsables de la banque, confie un autre agent. A 9h30, comme prévu, les portes de BOA-siège sont ouvertes pour bonheur des clients qui y faisaient le pied de grue.
Au moment où nous bouclons ces lignes, la direction des ressources humaines de la banque a indiqué que ce mouvement d’humeur des agents est lié à la mise en œuvre de la nouvelle politique de crédit accordé au personnel adoptée par le groupe et qui est applicable à ses filiales francophones et anglophones.
« La direction générale a porté l’information du mouvement d’humeur aux premiers responsables du Groupe qui ont décidé de la suspension de la nouvelle mesure qui ne rencontre pas l’assentiment des agents. Nous avons pu parler aux délégués du personnel, avons porté à leur connaissance la nouvelle décision du Groupe. Pour nous, tout est rentré dans l’ordre », soutient-on à la direction des ressources humaines.
Mahamadi SEBOGO
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