Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la crise sécuritaire au Burkina
L’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA), section Burkina Faso, a initié, le vendredi 29 juillet 2022 à Ouagadougou, un café politique. Ce cadre inclusif multi-acteurs d’échanges, de réflexion collective et de propositions sur la gouvernance démocratique a réuni des hommes politiques, des leaders de la société civile, etc.
Les échanges à l’occasion de cette première édition du café politique de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA), section Burkina, ont porté sur le thème « Crise sécuritaire, humanitaire et institutionnelle au Burkina Faso : quelles contributions des partis politiques et des OSC ? ».
Selon les initiateurs, il s’agit de créer un espace inclusif multi-acteurs d’échanges, de réflexion collective et de propositions sur la gouvernance démocratique. De l’avis de Boureima Ouédraogo, l’un des panélistes, cela permettra aux différents acteurs de se parler et de s’écouter, car le constat est qu’au Burkina, ce n’est pas la chose la mieux partagée. « Donc on a créé ce cadre de différents acteurs de différentes obédiences politiques pour qu’ils puissent donner leur point de vue sur ces questions de l’heure », a-t-il déclaré.
Deux autres éditions du café politique auront lieu en septembre et fin octobre, a informé Boureima Ouédraogo.
De la présence massive de l’ethnie peule dans les groupes terroristes
Pour Boubacar Sanou du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le problème du Burkina, c’est le manque de leadership. « On rejette tout sur les autres. Aucun Burkinabè n’est responsable de quelque chose. Quand tu prends l’homme politique, sa préoccupation principale, c’est de conquérir le pourvoir et de le conserver », a-t-il dénoncé.
La conséquence de cela, a-t-il poursuivi, est que les acteurs politiques sont prêts à s’allier à n’importe quel diable pour atteindre leurs objectifs. Prenant l’exemple du Niger, M. Sanou a soutenu que lorsque la question touarègue s’est posée, le peuple nigérien l’a affronté frontalement. « Cela devrait être le cas au Burkina avec la question peule. S’il y a un problème peul, il faut qu’on en parle pour trouver la solution. La solution, ce n’est pas de mettre ce problème sous le tapis », préconise le partisan du CDP.
Boubacar Sanou du CDP a dénoncé le manque de leadership au Burkina Faso.
Qu’est-ce qui explique la présence massive des Peuls au sein des groupes armés ? A cette question, l’homme politique propose de rencontrer la communauté en question pour en parler et trouver des solutions. Il en est de même pour les leaders musulmans. Car pratiquement tous les groupes armés se réclament de la religion musulmane.
Selon Aziz Diallo du Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS), membre-fondateur de l’Alliance ensemble pour le Faso, il n’y a pas de problème peul au Burkina, mais plutôt un problème communautaire. Car, a-t-il estimé, dans les zones à fort défi sécuritaire, l’Etat, dans sa forme compassionnelle, n’a jamais existé. « Ayons le courage de le dire ; c’est pour cela que nous subissons cette situation. Ceux qui ont pris les armes contre la République n’ont jamais vu la République venir vers eux. Je ne conçois pas cette façon de réagir mais c’est l’opportunité qu’ils ont choisie », analyse l’ancien député-maire de Dori.
« Il n’y a pas de problème peul de façon spécifique, mais un problème communautaire », a défendu Aziz Diallo.
Tous responsables mais pas tous coupables
Thomas Ouédraogo du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) s’est refusé de faire un jugement de valeurs sur une catégorie de la société civile. S’exprimant sur le rôle des OSC, il a laissé entendre que c’est de bonne guerre que certaines OSC soient utilisées par les hommes politiques. « Parce que cela participe à leur stratégie de redéploiement. Mais les OSC convaincues et acquises à des causes vont toujours travailler dans le sens de l’interface, dans le sens de la contre-balance, dans le sens de la promotion des valeurs », a-t-il relativisé. Avant de conclure qu’on est tous responsables mais pas tous coupables.
Après les échanges, Boureima Ouédraogo a informé qu’une synthèse sera faite. En plus de cela, d’autres éditions seront organisées avec une thématique similaire d’ici septembre prochain, en tenant compte de l’évolution du contexte. Une troisième édition sera ensuite initiée en fin octobre. Cette édition fera également la synthèse de l’ensemble des éditions passées.
Ce café politique a réuni des hommes politiques, des leaders d’OSC, etc.
« Mon coup de cœur pour cette première édition, ce sont les regards croisés des politiciens, notamment Aziz Diallo et Boubacar Sanou, sur les manifestations de cette crise que nous vivons. Mon coup de cœur se situe également au niveau de la capacité qu’ils ont eu à surmonter les divergences pour aller à un appel à un retour aux valeurs qui font de nous des Burkinabè », a-t-il apprécié. Selon son entendement, c’est la principale voie de retour à une situation institutionnelle stable. Car le problème du Burkina, c’est avant tout la crise de valeurs, la crise de gouvernance.
Obissa Juste MIEN
LeFaso.net