L’ancienne ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Rosine Sori/Coulibaly, a lancé son mouvement dénommé Burkinabè unis pour une transformation sociale (BUTS), le samedi 30 juillet 2022, à Ouagadougou. A travers cette structure, elle entend faire converger toutes les forces vives de la Nation pour un éveil des consciences au service d’une gouvernance vertueuse.
La salle de conférence du Conseil burkinabè des Chargeurs (CBC) a été l’attraction du week-end dernier, à Ouagadougou. C’est ce cadre que l’ancienne ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Rosine Sori/Coulibaly, a choisi pour lancer officiellement le mouvement intitulé Burkinabè unis pour une transformation sociale (BUTS), dont elle assure la coordination. Le gotha politique et de la société civile y a convergé pour être témoin de l’événement dans l’après-midi du samedi 30 juillet 2022.
La mobilisation était telle qu’il a fallu recourir à la retransmission en direct pour permettre au beau monde resté dans l’enceinte du CBC de suivre la cérémonie. Rosine Sori/Coulibaly aura pris un quart d’heure pour faire un diagnostic sans complaisance de la situation nationale éreintée par le péril sécuritaire et humanitaire et bien d’autres maux avant de décliner les ambitions de BUTS. Aux dires de celle qui était à la tête du ministère en charge des affaires étrangères avant l’avènement du coup d’Etat du 24 janvier 2022, le Burkina Faso est à la croisée véritable des chemins.
« Depuis 2016, notre pays est devenu la cible d’attaques terroristes dans plusieurs de ses régions avec des conséquences humanitaires et socio-économiques catastrophiques et dramatiques », a-t-elle déclaré. Pour elle, le pays vit la pire crise de son histoire avec deux millions de personnes déplacées internes, faisant du Burkina, le réceptacle de l’une des plus fortes proportions de populations déplacées internes en Afrique. La situation précaire dans laquelle se trouve le pays est, selon la coordinatrice de BUTS, la résultante d’un certain nombre de manquements et de faillites des dirigeants au cours de l’histoire nationale.
« En effet, la promesse d’une gouvernance en faveur des populations, axée sur la transparence dans la gestion du bien public, la justice, l’équité et l’égalité des chances pour tous, n’est pas encore au rendez-vous. Le rapport de l’étude prospective « Burkina 2025 » mentionnait déjà en 2005, la tendance d’un « développement de la fraude et de la corruption » et on peut sans risquer de se tromper dire que cette tendance n’a pas été inversée », a-t-elle déploré.
A l’entendre, la fracture est profonde et tend même à faire apparaitre une faille dans notre société avec d’un côté ceux qui en profitent et de l’autre les laissés-pour-compte sans espoir. Le constat de cette injustice sociale est le corollaire de cette parenthèse cauchemardesque qui bouleverse le Burkina, du point de vue de Mme Sori. A la gouvernance « claudicante » qui a engendré cette incertitude, Mme Sori a fustigé également la société civile qui s’est dévoyée à bien d’égards.
« La société civile, dont l’action doit être d’éveiller les consciences et d’interpeler le pouvoir public lorsqu’il dévie des sentiers de la bonne gouvernance, s’est laissée pour l’essentiel instrumentaliser au point d’adouber les dirigeants et de les soustraire de leur obligation de reddition des comptes », a-t-elle martelé.
BUTS pour aller droit au but
Le lancement de BUTS a drainé le gotha du monde politique burkinabè.
Au-delà de ce tableau peu reluisant dépeint, la coordinatrice de BUTS a toutefois indiqué que des opportunités demeurent. Il s’agit, a-t-elle dit, de la jeunesse majoritaire et dynamique, d’un patriotisme manifeste et d’une citoyenneté active, d’une population dans son ensemble porteuse de valeurs éthiques et morales et d’un paysage institutionnel dense.
C’est pourquoi, elle s’est engagée à bâtir un « contrat social solide et susceptible » de redonner espoir au peuple digne à travers la création de BUTS. « C’est principalement la quintessence de notre profonde motivation à la création de cette association, Burkinabè unis pour la transformation sociale (BUTS) afin d’apporter une contribution significative, multiforme, indépendante et être le fer de lance d’une force de transformation sociale en vue de garantir une meilleure gouvernance », a-t-elle déclaré. BUTS, a argué Rosine Sori/Coulibaly, se veut un cadre de rassemblement et de réflexion afin de contribuer de façon active, décisive et indépendante à l’édification d’une société apaisée et prospère.
« Ce mouvement qui se veut la convergence de toutes les forces vives conscientes et patriotes de notre pays est né de la ferme volonté d’hommes et de femmes, de jeunes et moins jeunes, de fédérer leurs énergies, pour lancer un mouvement citoyen d’éveil des consciences afin de participer à la gestion vertueuse de la cité », a-t-elle expliqué. De ce fait, la coordinatrice de BUTS a invité tous les Burkinabè de l’intérieur et de la diaspora à se joindre à cette dynamique qui se veut fondatrice d’une nouvelle donne sociale.
A sa suite, le secrétaire général de BUTS, Abdoulaye Barry, a également égrené le long chapelet des incohérences dans la gouvernance avant d’appeler à un ralliement aux idéaux de l’association. Pour M. Barry, il faut une convergence patriotique pour la survie de la Nation dans ce contexte difficile. Abdoulaye Barry a appelé, en outre, à une mobilisation en faveur d’un recadrage de la Transition. « Ce recadrage consistera en une mise à plat de la Charte et de l’ensemble des organisations. Il faudrait permettre une relecture de la Charte pour une meilleure redéfinition d’un nouvel agenda, l’agenda du peuple burkinabè », a lancé le secrétaire général de BUTS.
Karim BADOLO
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