L’ancienne ministre de l’Economie et des Finances a lancé samedi 30 juillet Burkinabè unis pour la transformation sociale (BUTS), une organisation qui se réclame de la société civile. Objectif : assurer une veille citoyenne pour l’avènement d’une gouvernance vertueuse.
Le lancement de BUTS avait été annoncé à partir de 14h 30. Et ceux qui n’ont pas été ponctuels comme c’est devenu une habitude dans notre pays, ont eu tort cette fois-ci. Ils n’ont pas eu accès à la salle du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) et ont dû se contenter de suivre la cérémonie sur des écrans installés dans les jardins.
Pour avoir été président de l’Assemblée nationale, donc deuxième personnalité de l’Etat, Alassane Bala Sakandé, arrivé en retard, a toutefois bénéficié d’un traitement dû à son rang.
Il y avait du beau monde. Des chefs coutumiers en grand nombre, aux responsables des partis politiques et d’organisations de la société civile (OSC) ou des figures de la vie publique de notre pays, tous étaient là pour être témoins de la mise sur orbite de Burkinabè unis pour une transformation sociale (BUTS), une organisation qui se réclame de la société civile dirigée par Rosine Sori/Coulibaly, l’ancienne ministre de l’Economie et des finances sous Roch Kaboré et deux nos confrères, Boureima Ouédraogo du journal Le Reporter et Abdoulaye Barry, journaliste indépendant.
Après une minute de silence en hommage aux victimes des attaques terroristes et en soutien aux Forces de défense et de sécurité et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui se battent sur les différents théâtres des opérations, Rosine Coulibaly s’est livrée à un diagnostic sans concession de la situation sécuritaire.
Pour elle, six mois après l’arrivée du Mouvement du peuple pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la situation sécuritaire demeure plus que préoccupante. Il manque de résultats tangibles sur le terrain en dépit des efforts déployés depuis des années. Le Haut-commissariat des Nations Unis pour les réfugiés (HCR) enregistre toujours des déplacements massifs de populations. « Notre pays vit la pire crise de son histoire », a indiqué Rosine Coulibalyé. Aller au village devient un risque, mais combien de temps encore cela va durer ? On ne compte plus les drames que cette guerre a causés dans plusieurs localités. Yirgou, Seytenga, Solhan, Kelbo, etc., des noms de villes martyrs que Rosine Coulibaly évoque avec émotion.
Fuite des populations de leurs localités vers des camps de déplacés internes ou de réfugiés sans espoir d’y retour, écoles fermées, administration publique absente, voilà la triste réalité qui est donnée à voir dans plusieurs régions en proie à la barbarie terroriste. Pour la patronne de BUTS, le Burkina est à la croisée des chemins et les choix courageux doivent être faits afin de redonner espoir d’un lendemain meilleur aux millions de Burkinabè. « Nous manquons d’anticipation et de perspectives claires », a regretté l’ancienne ministre de l’Economie et des finances, et l’instabilité institutionnelle qu’a connue notre pays avec le putsch du 24 janvier 2022 n’est pas pour arranger les choses. Six mois après l’arrivée du MPSR, nous ne sommes pas au bout du tunnel. « Où allons-nous ? », interroge la coordonnatrice de BUTS, qui pointe du doigt le manque de transparence dans la gestion de la chose publique, la fraude et la corruption qui gangrènent la vie publique.
Depuis plusieurs années, la corruption ne fait que s’aggraver, comme le révèlent les résultats des enquêtes annuelles du REN-LAC. Ainsi, 86% des Burkinabè estimaient en 2020 que la corruption était fréquente dans la vie publique. La fracture sociale ne cesse de se creuser avec des pauvres reclus dans le silence face à « une minorité qui profite de tout en ayant instauré l’injustice sociale comme mode de gouvernance ».
La cohésion sociale qui est mise à rude épreuve n’est que la conséquence « de l’incapacité des dirigeants à assurer le minimum aux Burkinabè » et de la démission des Organisations de la société civile à jouer leur rôle de veille et d’interpellation des dirigeants à assumer correctement leurs responsabilités.
Que faire ? Rosine Coulibaly invite les Burkinabè à se retrousser les manches, à travailler sans posture partisane et les invite à un nouveau contrat social pour offrir de nouvelles perspectives à notre peuple. C’est le but de BUTS, qui entend apporter sa contribution dans l’avènement d’une gouvernance vertueuse.
A l’image de Naba Ouobgo, de Simandéri, en s’inspirant des résistances bwaba, peules, sonrhaï, BUTS invite chaque burkinabè à « se lever et à devenir un héros pour la nation ». Mouvement résolument citoyenne, BUTS veut assurer la veille et contribuer par des propositions d’idées à l’amélioration de la gouvernance. BUTS n’est pas un mouvement de poètes et veut aller doit au BUTS, d’où l’appel qu’il lance pour la mise en place d’une Convergence des forces patriotiques pour la survie de la nation afin de mettre fin à « l’incompétence des militaires et à l’irresponsabilité des civiles ».
Selon le secrétaire général de BUTS, Abdoulaye Barry, il est plus qu’urgent de recadrer la Transition en cours par la mise en place de nouveaux organes, une refonte de la Charte et l’élaboration d’un nouvel agenda, celui du peuple. Dans le même temps, des mesures fortes doivent être prises, à commencer par « le départ avec effet immédiat de tous les militaires tout grade confondus au front pour la libération d’un pays, la révocation de l’augmentation des salaires des ministres et le remboursement du trop-perçu ».
Dominique Koné
Kaceto.net
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