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Budgets ouverts en Afrique francophone : Des fortunes diverses sur la route de la transparence  

L’ONG International Budget Partnership (IBP) a réalisé en 2021 une enquête sur le budget ouvert (EBO) dans 14 pays d’Afrique francophone. L’objectif est d’évaluer les tendances sur la transparence dans la gestion des finances publiques dans lesdits pays.

Les résultats de l’enquête sur le budget ouvert (EBO) en Afrique francophone, réalisée par l’ONG internationale, International Budget Partnership (IBP), sur la période 2019-2021, montre que les pays de la région connaissent des fortunes diverses en matière de processus budgétaire.

Centrée sur la transparence budgétaire, le contrôle budgétaire et la participation citoyenne, cette étude a concerné 14 pays francophones d’Afrique, à savoir le Bénin, la République démocratique du Congo, Madagascar, le Cameroun, le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Niger, les Comores, le Burundi, le Burkina Faso et le Togo. Elle vise à évaluer les tendances sur la transparence dans la gestion des finances publiques dans lesdits Etats.

Il ressort qu’en matière de transparence budgétaire, le Bénin, avec 65 points sur 100, est le meilleur élève de la région. Le leadership de ce pays, selon l’EBO 2021, s’explique par une volonté politique marquée par une collaboration avec les acteurs de la société civile et l’utilisation d’outils numériques, notamment une plateforme Internet précisant le calendrier budgétaire et qui encourage réellement la publication des documents budgétaires dans les délais.

Les scores des pays d’Afrique francophone en matière de transparence et de contrôle budgétaires. (Source : EBO 2021).

Le Bénin est suivi par la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo (RDC), le Sénégal et le Cameroun. Le Burkina Faso et le Togo arrivent en 6e position avec 31 points.

« Au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, quelques incompréhensions sur la nature et le contenu de certains documents budgétaires (notamment les rapports en cours d’année et en milieu d’année) ont parfois été source de confusion, engendrant ainsi une perte de temps et donc de points dans le cadre de l’EBO », expliquent les rapporteurs.

« Contrôle budgétaire faible et stagnant »

Suivant cet indicateur, le Tchad, le Mali et surtout les Comores, avec zéro point au compteur, sont les derniers de la classe. Le rapport conclut que l’Afrique francophone, avec un score moyen de 28/100, connait une stagnation en matière de transparence budgétaire.

Au niveau du contrôle budgétaire, le Bénin surclasse encore ses pairs avec un score de 59 points sur 100. Il est secondé par le Burkina Faso et la RDC qui totalisent chacun 44 points, suivis du Niger et de la Côte d’Ivoire. En queue de peloton, on retrouve le Burundi, le Mali, Madagascar et le Sénégal.

« Avec une moyenne régionale de 37 points sur 100, le contrôle budgétaire reste faible et stagnant, et la pandémie de COVID-19 a certainement contribué aux faiblesses de notation constatées dans certains pays, en particulier ceux dont les systèmes de finances publiques n’ont pas eu la robustesse suffisante pour s’ajuster rapidement aux exigences extraordinaires imposées par l’émergence de cette maladie. Les institutions supérieures de contrôle et les parlements ont été mis à rudes épreuves, car devant consacrer des ressources et du personnel à la fois aux processus de contrôle habituels, tout en gardant la main sur les budgets exceptionnels alloués pour la lutte contre la pandémie, et souvent sous le régime de procédures nouvelles adaptées à la situation », argumente l’étude.

Pour ce qui est de la participation des citoyens dans les processus budgétaires, la RDC pointe au 1er rang grâce à son score de 35 points sur un total possible de 100. Le Bénin, jusque-là meilleur élève, occupe la 2e place avec 28 points. Il est suivi par Madagascar et le Cameroun.

Cinq pays, à savoir le Burundi, le Burkina Faso, les Comores, le Niger et le Togo sont bons derniers avec zéro point dans leurs besaces, contre un score moyen régional de 8/100 points.

Le déphase avec les besoins des populations

« Les résultats des enquêtes EBO 2017, 2019 et 2021 témoignent d’une évolution mitigée et très lente en matière de participation citoyenne dans le processus budgétaire en Afrique francophone. Ce constat peut expliquer, dans certains pays, par les faiblesses constatées en matière de transparence budgétaire et de redevabilité. Dans ces pays en effet, les citoyens ne sont pas perçus comme les mandataires des gouvernants, et les politiques publiques ne reflètent pas de manière générale les besoins exprimés par les populations. Une telle situation peut favoriser et expliquer les crises socio-politiques qui sévissent aujourd’hui dans certains pays de l’Afrique francophone », note le rapport.

Face ces contreperformances préjudiciables à la bonne gouvernance financière, l’étude a formulé des recommandations à l’endroit des Etats de la région.

Les scores de pays d’Afrique francophone en matière de participation citoyenne dans les processus budgétaires. (Source : EBO 2021)

Elles portent sur le nécessaire respect du calendrier budgétaire, indispensable pour l’amélioration du contrôle et de la transparence budgétaires par la mise sur agenda public des synergies et débats publics régionaux sur le processus budgétaire et sur l’application à bon escient des directives communautaires (UEMOA et CEMAC) relatives à la transparence et à la bonne gouvernance.

L’amélioration des systèmes financiers publics par le truchement des innovations digitales, la formation des institutions de contrôle parlementaire et juridictionnel aux normes de la transparence budgétaire, l’établissement et le renforcement des relations partenariales entre ces institutions et les organisations de la société civile (OSC), le  renforcement des capacités des OSC et des médias sur le processus budgétaire, la structuration  de la production régulière, semestrielle d’une « Note régionale d’analyses budgétaires », constituent également des alternatives à même de contribuer à l’efficacité des processus budgétaires en Afrique francophone.

Car, tout comme les crises multiformes qui secouent la région affectent la qualité des processus budgétaires, une gestion rigoureuse et efficiente des finances publiques peut être aussi gage de stabilité socio-politique dans ces pays, conclut l’étude.

Synthèse de Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

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