Politique

Burkina : Incident lors du lancement du Front patriotique, un appel à une introspection et à la projection !

Le lancement du Front patriotique, le 4 août 2022 à Ouagadougou s’est fait sous tensions, des individus ayant été appréhendés par des organisateurs comme perturbateurs, positionnés pour « semer la merde et empêcher la tenue de l’activité ». Le député de l’Assemblée législative de Transition (A.L.T), Mohamed Koumsongo, y est formellement indexé et une action en justice est engagée par les organisateurs contre lui. Ce dernier, pour sa part, se défend d’avoir eu une quelconque mauvaise intention de perturber la cérémonie. Au-delà de toutes les tergiversations, cette actualité, qui n’honore pas les acteurs de la vie publique, pose un problème de fond, dont les responsabilités immédiates et lointaines doivent être situées afin d’interpeller ceux qui croient que le Burkina doit répondre à leurs caprices. On ne peut pas avoir aussi construit un environnement monstrueux et vouloir se plaindre d’être victime de l’atmosphère que cela engendre.

Une certaine classe d’aînés a failli à son rôle d’éduquer les petits-frères aux valeurs que, eux, ont reçues de leurs prédécesseurs. Le pire, c’est qu’elle ne s’est pas arrêtée à là ; elle a utilisé les jeunes de la mauvaise manière, dans des canaux pernicieux, pour soit atteindre des buts personnels soit préserver des acquis. Ce qui se passe aujourd’hui n’est, en partie, qu’une conséquence de ce qu’une certaine génération d’aînés a manqué à son devoir d’éveil des consciences et de transmission de valeurs.

Ce qu’il convient d’appeler « affaire Front patriotique et Mohamed Koumsongo » (pour ne prendre que cet exemple pour prétexte) pose un réel problème et interroge des gens, des devanciers. Il n’est pas à prendre comme un acte isolé, car bien avant également, la conférence de presse de Yéli Monique Kam a subi les mêmes actes inciviques.

Comment se fait-il qu’après tout ce que le pays a connu, de l’insurrection populaire de 2014 à ce jour (pour ne considérer aussi que cette époque contemporaine), l’on en soit encore à des agissements pareils ? Pourquoi jusque-là, personne ne veut se sentir responsable des tares que traverse à un moment donné le Burkina Faso ? Pourquoi noie-t-on les causes des problèmes dans leurs effets, au lieu d’aller à la racine ?

Le délitement de la société a bien des responsables, il faut le dire, le relever et rappeler aux auteurs qu’ils y sont pour quelque chose, soit pour n’avoir pas joué leur rôle, le rôle que leur position sociale et politique leur a conféré, soit pour avoir sciemment fait mauvais usage des plus jeunes.

« Honnêtement, nous n’avons pas transmis à nos petits-frères, ce que nos grands-frères nous ont donné comme valeurs, éducation et formation politique ». Cet aveu d’un ancien ministre et homme politique sur une chaîne télé de la place en dit long sur la conscience que certains, qui se comportent aujourd’hui en victimes face à certaines pratiques, doivent se faire.

On a utilisé la jeunesse pour des querelles personnelles et pour parvenir à des fins politiques. Et sans vergogne ! Certains de ces acteurs ne semblent même pas imaginer le Burkina Faso sans eux.

Dans ce pays, et à des époques récentes, des leaders et organisations politiques ont payé des gourdins pour distribuer à des jeunes contre des grévistes. Ils ont payé des outils et des crédits de communication pour des jeunes, recrutés à cet effet, pour insulter et salir des adversaires politiques, parfois du même parti politique. On a réuni des jeunes en séminaire, pour leur apprendre sur comment attaquer un adversaire politique ou tout autre Burkinabè avec qui on ne partage pas une vision.

Les mêmes acteurs se trouvent encore en train d’embarquer les jeunes, à travers moultes initiatives, vers des destinations réelles que, eux seuls, ont en ligne de mire. Il y a seulement quelques jours, sur cette actualité d’incivisme d’un autre degré, le confrère des 1 200 logements, Le Pays, s’indignait et s’inquiétait du ‘’phénomène » des « gros bras » au Burkina et leurs agissements gangstéristes. Ce phénomène qui a prospéré dans d’autres pays ne peut avoir la même allure, le même contenu au Burkina…, si certains hommes politiques (et mêmes certains civils privilégiés de la société) ne s’en étaient pas servis pour de sales besognes.

Pas plus tard que le samedi 16 juillet 2022, alors que les journalistes étaient mobilisés autour d’une rencontre statutaire d’un parti politique, un confrère d’une télé privée s’est vu menacer par un des « gros bras » ‘’du parti », postés aux alentours de la salle où se tenaient les échanges. D’un ton arrogant et biceps mis en exergue, il menaçait de casser même la caméra du journaliste, s’il le filmait, alors que le confrère, las de la longue attente, était en train de placer sa caméra sur son trépied.

Tous ceux qui croient utiliser hideusement des jeunes pour assouvir leurs caprices et désidératas récolteront les conséquences, directement ou indirectement, au moment où ils se rendront compte que leur position politique ou publique n’était qu’éphémère. Cela a été vrai pour les dirigeants et puissants d’hier, elle le reste pour les dirigeants et puissants d’aujourd’hui et vaudra pour ceux de demain.

Que ceux qui se croient être leaders politiques, civils, et ceux à qui Dieu a donné les moyens financiers et matériels dans cette société burkinabè (où la masse est indigente) se rappellent à tout acte qu’ils posent, que ces populations-là n’aspirent qu’à une vie en paix, dans un environnement de quiétude. Le plus grand service que ce type de Burkinabè puissent donc rendre à ce peuple burkinabè-là, c’est au moins de transmettre aux jeunes générations, un Burkina intact, comme ils l’ont hérité. Il faut donc commencer par utiliser les organisations (surtout politiques et civiles), sa position dans la société, pour travailler pour la société de demain.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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