En prélude à son jubilé de diamant sacerdotal, prévu pour septembre 2022, l’évêque émérite de Bobo-Dioulasso, Mgr Anselme Titianma Sanon, s’est entretenu, le mercredi 17 août 2022, à Bobo-Dioulasso, avec la presse. Au cours de cet entretien, il a retracé son parcours sacerdotal.
Rien ne le prédestinait à être chrétien, encore moins séminariste et par la suite, prêtre et évêque. Mgr Anselme Titianma Sanon, évêque émérite de Bobo-Dioulasso, c’est de lui qu’il s’agit. Du haut de ses 85 ans (né en 1937), ce fils d’une famille « païenne » dont le père était initié et chargé de masques, a confié à la presse, le mercredi 17 août 2022 à Bobo-Dioulasso, n’avoir jamais pensé être prêtre.
Son histoire avec l’Eglise, se confie-t-il, débute par un simple hasard. En effet, à l’ouverture de la seconde école du quartier Farakan de Bobo-Dioulasso, à en croire Mgr Sanon, lorsque l’administration coloniale a enjoint à chaque chef de famille de trouver un jeune pour la scolarisation, son père décide de proposer son cousin qui était déjà à l’école publique. « Mais un de mes oncles qui avait déjà été en contact avec les missionnaires a conseillé mon père de m’inscrire à l’école de la mission catholique de Tounouma », fait-il savoir.
A l’école de la mission catholique, poursuit-il, il suivait les cours en catéchisme. En 1947, les missionnaires ont demandé l’accord de son père pour qu’il soit baptisé. Mais n’étant pas convaincu de sa réponse, les missionnaires lui ont refusé ce baptême, mais il sera finalement baptisé en 1948. Comment ce fils d’un chef d’initiation (dont la famille serait la fondatrice du village de Dioulassoba) qui devait prendre la place de son père est devenu prêtre ?
Avec un sourire aux lèvres, Mgr Sanon fait comprendre qu’il a été détourné par les missionnaires. En 1949, lorsqu’il obtint le CEP à Dano, aller au petit séminaire de Nasso était un point d’interrogation pour lui. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le 8 septembre 1962, deux ans après l’accession du Burkina Faso à l’indépendance, à la cathédrale Notre-Dame-de-Lourdes (Bobo-Dioulasso), Anselme Titianma Sanon, Jacques François Larba (vivant), Fidèle Sanon (décédé), reçoivent l’ordination sacerdotale des mains de Mgr André Dupont de la société des missionnaires d’Afrique.
Cette ordination était la première au sein de la cathédrale, précise-t-il. « C’était une joie indescriptible parce que le jour de l’ordination, mon papa qui s’était toujours opposé à mon choix avait donné son accord. Lorsque je suis rentré à la cathédrale, j’ai aperçu mon père et ma mère parés de vêtements chrétiens. J’étais remplis de joie », se remémore-t-il. Douze années après, Anselme Titianma Sanon est installé évêque, le 12 décembre 1974, par Mgr André Dupont, sous l’ère du pape Jean XXIII.
Souvent incompris par sa prise de position sur la tradition, le prélat donne une anecdote lors du décès de sa mère : « Au décès de ma mère, ma façon révolutionnaire d’aborder les traditionnels en leur disant que depuis que le village est village est-ce qu’il y a eu une femme qui avait mis au monde un prêtre de l’Eglise catholique ? Ils m’ont répondu non. Alors je leur ai dit de la traiter de façon particulière. Donc vous n’allez pas faire les funérailles traditionnelles comme d’habi-tude. Il y aura une messe le huitième jour avec les masques blancs.
C’est ce qui a été fait. Après, certains étaient contents. Jusqu’aujourd’hui cette pratique continue ». Homme de culture, l’évêque émérite a dû concilier sa vie religieuse et culturelle. Pour lui, il ne faut pas comprendre la culture comme les Français l’ont inculquée aux Africains. « Ils ont amené une culture bourgeoise et surtout intellectuelle. Ils ont dépouillé la culture de ce qui fait son ressort », a-t-il souligné. Selon lui, comprendre l’autre, sa culture, sa langue, sa tradition, ne fait pas de toi l’autre.
« Quand on se comprend, on sait le point sur lequel on peut s’accorder », fait savoir Mgr Anselme Titiama Sanon. Dans sa formation, dit-il, il a toujours essayé d’aller au fond de ce que croit l’Eglise depuis Jésus. « Tout bon chrétien catholique devrait avoir quatre pieds : deux dans l’Eglise et deux dans la cité », affirme Mgr Sanon. En rappel, à l’occasion de ce jubilé de diamant, sur le thème : « Jubilé diamant, 60 ans de sacerdoce dans l’Eglise au service de Dieu et des hommes, rendons grâce », une veillée de prière est prévue le 9 septembre 2022 suivie de la grande messe jubilaire le 10 septembre et d’une conférence publique le 16 septembre.
Boudayinga J-M THIENON
Mariam TOURE (Stagiaire)
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