Politique

Burkina : Dire que le MPSR soit venu pour l’urgence sécuritaire est un mensonge selon Me Guy Hervé Kam

« Le premier mensonge que nous sommes en train de vivre, c’est que le MPSR dise être venu pour l’urgence sécuritaire », affirme Me Guy Hervé Kam. Initiée par le mouvement Servir et non se servir (SENS), ce jeudi 1er septembre 2022, la présente conférence de presse a eu pour objet d’apprécier la situation nationale et le bilan des sept mois de la transition. Mais aussi de faire une mise au point des accusations portées à son encontre.

Sans langue de bois, Me Guy Hervé Kam décrie la situation qui prévaut en ce moment au Burkina Faso tout en faisant la lumière sur les allégations portées à son encontre. Pour lui, dire que le MPSR soit venu au pouvoir pour mettre un terme à la crise sécuritaire est un leurre. « Parce que ce régime en question est venu au prétexte de l’urgence sécuritaire », a-t-il signifié dans les premières lignes de son analyse.
À cet effet, Me Guy Hervé Kam dit constater tout autre chose, que ces raisons avancées par les autorités militaires pour diriger le pays.

À l’écouter, la question des défis sécuritaires a été reléguée au second plan au profit notamment de réconciliations politiques et de nominations partisanes. Aussi, le second mensonge souligné par le mouvement SENS, est celui de la restauration du territoire national. Car selon Me Kam, le Burkina Faso fait face à une réalité pure et simple de la perte de son territoire.

Le diagnostic de Me Kam sur la situation nationale

« On nous dit que la situation sécuritaire s’améliore, mais en réalité, s’empire de jour en jour. Au 24 janvier 2022, très peu de communes étaient attaquées. Aujourd’hui, près de 60 communes sont inaccessibles. Et les 60 autres communes encore accessibles souffrent malheureusement de l’absence de l’État », a-t-il présenté.

Une vue partielle des participants à la conférence de presse

Toujours dans son diagnostic, Me Kam avance la fermeture des mairies avant d’aborder le sujet de l’emprise des chefs lieux de province par les terroristes. En illustration, il évoque les cas de Solenzo, Nouna, Djibo puis des zones sous blocus que sont les chefs lieux de province du Sahel.

« Parlant de mensonge sur le plan sécuritaire, l’exemple de la commune de Thiou est éloquent à ce niveau. Oui on nous a dit que cette commune a été récupérée et que les populations y sont retournées. Mais bien évidemment, le constat que nous faisons est que l’État n’existe pas dans cette localité. Car si les populations ont pu regagner leurs domiciles respectifs, c’est parce qu’elles y ont été invités par les groupes terroristes », a mentionné Me Kam. Une situation dont s’est saisi le gouvernement pour faire croire aux Burkinabè ce qui n’était qu’une illusion à entendre le coordonateur du SENS.

« Nous aurions été heureux de voir que cette communication du ministre de la Réconciliation soit faite sur place. Si le ministre en effet, était allé faire le marché à Thiou, et bien ces images nous en auraient convaincus », affirme le conférencier.
La bonne gouvernance prônée par les autorités de la transition est également une farce à en croire le juriste de formation. Me Kam signale en effet, qu’en lieu et place de la bonne gouvernance, l’on assiste à une course de prédation et de politisation de l’administration publique. « Face à la vie chère et des millions de nos compatriotes en détresse, ce régime n’a pas craint au niveau du gouvernement, de doubler sa rémunération. Ce régime n’a pas craint au niveau de l’Assemblée législative de la transition, de s’octroyer des millions par trimestre. Et pendant ce temps, le peuple n’a ni eau ni mil pour se nourrir.

« Venu pour s’attaquer au terrorisme, le MPSR n’a pas trouvé mieux que de s’attaquer à l’insurrection et ses acteurs », déplore Me Guy Hervé Kam

Le quatrième mensonge relevé ici par Me Kam, est celui de la refondation du pays. Puisque l’on assiste selon lui, à la restauration d’un régime dépassé appartenant au passé. « Nous voyons une transition qui est venue pour restaurer le régime Compaoré », a-t-il rappelé. Le constat de ce fait, se matérialise également par la composition du gouvernement actuel, poursuit-il.

La mise au point de Me Kam sur les allégations à son encontre

Lors de son intervention devant la presse, Me Kam s’est inscrit en faux sur les faits qui lui sont reprochés, notamment sur la question de la vente de la “lutte” (l’insurrection populaire de 2014) au Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, à la réception d’une somme d’argent pendant le putsch orchestré par le Général Gilbert Diendéré. « Pensez-vous que si quelqu’un avait la preuve que Le Balai Citoyen ou Me Guy Hervé Kam ou un insurgé avait pris de l’argent, cela n’allait pas être révélée ? », a-t-il notifié.

Sur le dossier de la CEDEAO (dossier du code électoral), la Société civile professionnelle d’avocats (SCPA) Kam et Somé n’a perçu que 26 millions de francs CFA sur les 500 millions de francs CFA évoqués, confie Me Guy Hervé Kam, précisant qu’ils n’étaient pas le seul cabinet impliqué dans cette affaire.

« C’est difficile de se défendre contre quelque chose qui n’existe », martèle Me Kam

Les deux milliards acquis par le cabinet Kam et Somé sont le fruit de remboursements de l’État vis-à-vis des actions entreprises par ledit cabinet, pour défendre ses intérêts dans le dossier emblématique “Pan African Minerals”, selon les explications de Me Kam.

« C’est pour l’avenir de notre pays que nous nous battons, c’est aussi pour cela que nous nous sommes engagés pour que les choses changent », a déclaré Me Guy Hervé Kam dans l’introduction de ses propos. Ce, après avoir dressé un bilan assez sombre, depuis la prise du pouvoir du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) jusqu’à ce jour.

Quelques chiffres clés de la crise au Burkina Faso

À l’entendre, le Burkina Faso enregistre aujourd’hui, depuis la crise sécuritaire, près de trois millions de Burkinabè en insécurité alimentaire, plus de deux millions de personnes déplacées internes. À cela s’ajoutent un peu moins d’un million d’élèves qui probablement n’iront pas à l’école et près de dix-mille étudiants qui sans doute, en début d’année académique, n’auront pas accès aux cours.

Une situation couronnée par une vie chère qui rend difficile le quotidien des citoyens burkinabè, selon le porte-parole du SENS.
Soulignant que personne d’entre eux n’est contre le MPSR et encore moins contre la réussite de la transition, Me Guy Hervé Kam indique que si le coup d’État a été toléré par la population, c’est bien parce qu’elle y voyait une lueur d’espoir dans un contexte de désespoir.

« Qui d’entre nous n’aimerait pas pouvoir se rendre à Dori, Bobo-Dioulasso, à Fada N’Gourma sans inquiétude et inquiéter ses proches ? », a-t-il signalé. Pour lui, les sept mois de la transition n’ont été construits que sur du mensonge.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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