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La refondation en question

L’air du temps bruit de la question de la nécessaire refondation de l’Etat burkinabè pour asseoir les bases d’un système démocratique fort et pérenne, source d’espérance et de progrès continu pour l’ensemble des Burkinabè. Ceci afin de bannir à jamais le sceptre des coups d’Etat dans notre pays, étant entendu que ceux-ci interviennent dans la plupart des cas, pour mettre fin aux systèmes de gouvernance aux antipodes des aspirations des masses populaires. En filigrane se pose ainsi la “ mise à bas “ de ce que Thomas Sankara et ses compagnons qualifiaient “ d’Etat néocolonial arriéré au service des intérêts des classes sociales aisées “. Vaste et intéressant programme s’il en est, mais qui ne peut cependant prospérer que si les bases principales de cet état prédateur que sont l’éducation et la culture ne sont remises en cause.

On oublie souvent trop commodément que si les Etats africains sont toujours à leur stade d’arriération économique et mentale, cela est dû à l’absence de révolution culturelle qui devait modifier leur façon de voir leurs relations par rapport aux autres et de situer ainsi leur rôle historique après les indépendances qu’elles aient été octroyées ou arrachées. Au lieu de quoi, on a préféré cultiver les cultures étrangères jusqu’au raffinement, reléguant les nôtres au rang de faire-valoir pour se donner bonne conscience. A la différence des Asiatiques qui ont osé ce saut qualitatif pour rattraper et dépasser les anciens maîtres en dépit de la modicité de leurs moyens, l’Afrique reste toujours un mendiant larmoyant assis sur un tas de richesse. C’est dire que le chantier de la refondation passe d’abord et avant tout par la réappropriation de la culture nationale et conséquemment par la réforme profonde du système éducatif, afin de passer de la conscience en soi à la conscience pour soi. Autrement, en se limitant aux cadres normatif et institutionnel et aussi parfaites que soient les lois qui en résulteront, on ne pourra pas empêcher les acteurs politiques de ruser avec celles-ci et de gruger le peuple.

C’est dire que l’actuelle Transition, quelles que soient les bonnes intentions qui l’animent, ne pourra épuiser ce chantier dans le temps qui lui est imparti. L’élévation de la conscience citoyenne est en effet une entreprise de longue haleine, et, on ne l’aborde pas comme si on allait à un dîner de gala. C’est dire qu’au-delà des acteurs politiques et de la société civile, la société scientifique dans toutes ses composantes devrait être associée à ce débat pour esquisser les bases d’un avenir radieux. En cela, tous devront avoir à l’esprit cette “ sentence “ du Professeur Joseph Ki Zerbo qui affirme que “le développement est une vaste entreprise d’éducation et l’éducation une vaste entreprise de développement. “ Tout un programme qui passe par le “ désenchainement des consciences “ toujours selon l’éminent historien.

Boubakar SY

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