Burkina : « On a vu ces conférences de presse des OSC avec l’arrivée de Blaise Compaoré, mais quand les audios attisant la haine ont circulé, aucune n’a daigné lever le doigt », déplore Olivier Nacoulma du MIDE
Créé en 2015, en pleine transition, le Mouvement des intellectuels pour le développement (MIDE, l’intellectuel étant considéré ici par les responsables comme toute personne à mesure d’apporter une solution à un problème donné) est dirigé par des jeunes qui croient à la vocation réelle de la pratique politique. Sept ans après son lancement, le MIDE, contrairement à de nombreux partis politiques qui végètent, voire disparaissent sitôt après leur création, tient son bonhomme de chemin, fort de la conviction de ses dirigeants. Sur la vie de ce parti politique qui a élu domicile à l’arrondissement N°6 de Ouagadougou (quartier Paglayiri), nous avons rencontré son président du comité exécutif, par ailleurs chargé des questions électorales du parti, Olivier Nacoulma. Dans cet entretien, il a également été question de l’actualité politique nationale.
Lefaso.net : Vous êtes le président du comité exécutif de votre parti, le MIDE. Que représente un tel organe pour le parti et comment est-il déployé en interne, pour mieux jouer la mission qui lui est conférée ?
Olivier Nacoulma : Le comité est composé de dix personnes, mandatées par le bureau exécutif national. C’est cet organe qui suit l’ensemble des actions du bureau exécutif national et le plan d’action du parti. En termes de compétences et de responsabilité, le comité peut, dans son fonctionnement, confier une tâche spécifique à tout camarade ou groupe de camarades qu’il juge compétent pour traiter d’une question.
Vous avez donc, en bonne et due forme, un plan périodique arrêté au sein du parti ?
Effectivement, toute structure organisée ayant des objectifs à atteindre, pour y parvenir, il faut mettre en place des stratégies. C’est pour pouvoir donc suivre le plan périodique, l’ensemble des objectifs et des stratégies, que le comité existe. C’est aussi ce comité qui prépare les réunions du Bureau exécutif national et se réunit, lorsqu’il y a une situation d’urgence, pour donner le point de vue du parti.
En sept ans d’existence, de fonctionnement, comment jaugez-vous le chemin parcouru par le MIDE ?
Il faut dire d’abord que nous avons beaucoup appris du peuple burkinabè. Avant de pouvoir militer dans ce parti politique, l’ensemble des membres-fondateurs du MIDE étaient dans des organisations associatives et c’est juste après l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 que nous avons, nous jeunes ayant des aspirations, décidé de nous réunir au sein d’un cadre unitaire. C’est ce qui a abouti à la création de ce parti politique en 2015 pour pouvoir nourrir davantage de visions à long terme. Donc, nous sommes dans l’apprentissage, au contact des réalités du terrain. Nous ne nous comparons pas aux autres partis ; ici, tout le monde est jeune.
La jeunesse ici ne fait pas forcement référence à l’âge (quand bien même partant de ce critère, le parti est dominé par des jeunes), c’est une question de philosophie et c’est ce qu’on voulait. C’est la vision de développement qui est importante. Dans notre parti politique, ce sont des jeunes qui sont au bureau exécutif national. Ce qui est rare sous nos cieux, parce que les gens (jeunes, ndlr) sont sous mentorat. Ce qui est différent au MIDE, nous ne sommes pas des béni-oui-oui. Nous voulons vraiment faire la politique autrement, différemment de la façon de faire galvaudée qu’on voit actuellement.
Tout le monde sait comment la politique se pratique au Burkina, c’est d’avec tout cela nous voulons rompre. C’est ce qui fait que nous sensibilisons beaucoup autour de notre vision et formons beaucoup pour que ceux qui s’engagent avec nous au MIDE sachent où ils vont. Le danger aujourd’hui, c’est de suivre un leader qui vous conduit dans un endroit que vous ignorez. Pour nous, être un militant d’un parti politique, c’est être accepté à la base, dans son secteur, dans son quartier à travers une bonne attitude, des actions de bien-être commun et cela ne s’acquiert que par l’apprentissage et le travail sur la base des valeurs de la société.
Vous êtes un des rares partis politiques de cette caractéristique, jeune, à tenir le coup du temps, des activités, avoir un siège imposant…, marquant ainsi une présence permanente sur la scène politique. D’où tenez-vous votre secret de persévérance, de constance et de dynamisme ?
Nous avons tiré leçons de l’existant, parce qu’on a effectivement remarqué qu’il y a des partis politiques qui n’existent que de nom. Ils ont juste le récépissé, certains n’ont que leur président pour militant. On a aussi des partis politiques qui se sont éclipsés juste après leur conférence de presse de présentation à l’opinion. Par nos participations à des rencontres nationales, politiques (nous faisions partie du cadre de concertations du CFOP-BF), on se rendait compte que des partis politiques n’ont que le président ou la nièce ou neveu du président dans le parti. Et dans ces cadres où on discute de véritables questions nationales, quand les présidents n’arrivent pas à venir et qu’ils envoient un parent qui n’arrive même pas à placer un mot, on peut facilement imaginer ce qu’est la politique pour bon nombre de responsables politiques. C’est assez déplorable, lorsqu’on sait que ce sont des cadres pour discuter du devenir de notre pays ou de questions essentielles.
Dire que ce genre de partis politiques existent pour représenter la population, c’est insulter la conscience du peuple burkinabè. C’est pourquoi, nous pensons qu’un parti politique doit, à sa création, avoir des objectifs clairs et se battre pour cela. Il faut mesurer les charges par rapport aux visions et voir si l’on peut supporter les coûts. Au niveau du MIDE, chacun vaque à ses occupations et c’est par l’ensemble des contributions des membres du bureau exécutif national que nous supportons les charges de fonctionnement. C’est une vision et c’est un engagement. Si vous n’êtes pas prêts à ce sacrifice et vous voulez vous engager en politique, vous ne pouvez pas faire long feu. Les gens viennent aussi en politique parce qu’ils pensent qu’on peut y faire de l’argent. C’est archi-faux. On entre en politique parce qu’on a une vision, une vocation, on veut changer positivement les choses. C’est cela qui nous a amenés à créer ce cadre, nous mettre ensemble pour poursuivre les objectifs.
C’est dans cette perception que le MIDE s’inscrit. C’est pourquoi, nous misons également sur les sensibilisations et formations. Tout dernièrement, nous avons tenu une formation à Bobo-Dioulasso, précisément à Nasso, avec plus de 300 jeunes, assortie d’une attestation en entreprenariat. C’est pour dire que nous participons, comme nous le pouvons, à la dynamique de développement de notre nation, parce qu’on sait que l’offre éducative ne permet pas de prendre directement en compte les besoins d’emplois du terrain. Et nous sommes vraiment satisfaits de ces formations en entreprenariat, parce que par le mécanisme de suivi que nous avons mis en place, on s’est rendu compte que nombreux se sont installés à leur propre compte et s’en sortent. Pour nous, cela est très important.
Voulez-vous dire que tout ce que vous entreprenez aujourd’hui, même en direction du grand public, est uniquement supporté par les contributions des membres du MIDE ? Pas d’apports extérieurs ?
C’est clair, au niveau du MIDE, nous n’avons aucun partenaire ni apport extérieur à nos activités et actions. Ce que nous faisons est supporté par le président du parti, son éminence Harouna Kindo, et les membres du bureau exécutif national.
Sept ans après sa création, quelle est l’assise du MIDE ?
A ce jour, le MIDE est implanté dans l’ensemble des 45 provinces du pays. N’eût été le terrorisme, on aurait pu, à ce jour, installer des bureaux dans l’ensemble des 8 000 villages. Donc, sept ans après, le MIDE est partout au Burkina à travers les provinces. Dans notre démarche, c’est vraiment des gens qui ont la vocation et surtout la vocation que nous cherchons, pas des personnes qui suivent pour des intérêts individuels et qui, deux à trois mois après, lorsqu’elles n’ont pas ce qu’elles veulent, démissionnent du parti. Donc, ce sont des personnes qui sont conscientes du devenir de notre pays qu’on essaie d’approcher avec notre vision, la vision pour un Burkina dont nous rêvons tous. Ce sont les personnes qui ont cette perception des choses, qui pensent qu’il faut accepter de bâtir et que le militantisme au sein d’un parti politique est une question de longue haleine que nous approchons.
Quelle est la principale leçon que vous tirez de sept ans de fonctionnement ?
Nous sommes arrivés à une conclusion, tirée par Laurent Bado : le peuple burkinabè est un peuple qui veut une chose et son contraire. C’est un peuple assez complexe, du fait de son exigence et aussi du fait de ses goûts par rapport aux moments. Aujourd’hui, le peuple veut ça, et dans deux mois, il veut une autre chose. Nous avons reçu par exemple l’offre de personnes, qui sont venues nous dire qu’elles militaient dans d’autres partis politiques et qu’elles veulent rejoindre le MIDE et qui demandent qu’est-ce qu’elles gagnent en venant au sein de notre parti. Nous leur disons simplement que si elles ne viennent pas avec la vision de servir l’intérêt général, la vision de travailler au développement, elles n’ont pas la place au MIDE. Votre engagement, c’est d’abord pour vous-mêmes, ce n’est pas au parti de vous donner quelque chose, c’est plutôt à vous d’apporter au parti.
C’est malheureusement ce genre de mentalités qui font qu’aujourd’hui, l‘homme politique est discrédité au sein des populations. Des hommes politiques ont montré que les valeurs n’existent pas pour eux, que seuls leurs intérêts comptent. C’est vrai, le sentiment individuel existe, mais la politique, c’est d’abord servir les autres. Si vous voulez être conseiller (municipal) dans votre secteur, et vous voulez qu’un parti politique vous finance pour cela, c’est qu’il y a un problème. Soyons sérieux ! Si vous entrez en politique et que vous voulez être conseiller, vous devez d’abord être un exemple dans votre secteur, travailler à vous montrer utile au sein de votre secteur, de sorte à ce que les gens se rendent compte que vous êtes un exemple et qu’ils se disent : « Si c’est lui qui veut briguer, on peut lui faire confiance ».
Le MIDE s’inscrit dans cette perception des choses. Nous n’avons pas d’argent à donner, notre mission, c’est aussi de changer cette perception mercantile des choses au détriment de ces valeurs qui ont toujours fait la fierté de notre peuple. Si on avait la volonté de faire comme tous les autres, on ne créerait pas le parti. C’est parce qu’on a une autre perception des choses que nous nous sommes retrouvés au lendemain de l’insurrection pour créer le MIDE. Mais aujourd’hui, certains préfèrent prendre les billets de 2 000 francs et s’adonner à des spectacles.
Dans ce contexte où l’argent règne, et où vous estimez que la volonté du Burkinabè change fréquemment, comment vous vous accommodez à la situation ?
Il faut inverser la tendance. C’est la réalité du terrain. Vous avez même vu les difficultés que nous avons eues lors du dépôt des dossiers de candidature pour la présentielle de novembre 2020. Des gens concevaient mal qu’un jeune, le président du parti, se présente à la présidentielle. Mais c’était cela l’objectif, faire comprendre qu’en tant que jeune, on peut voler de ses propres ailes, sans mentorat. Nous n’allons pas entrer dans la démagogie ou le populisme qui ne dit pas son nom. C’est pourquoi, lorsqu’il y a une situation, nous l’analysons froidement et faisons des propositions. Dans notre dernier communiqué par exemple, suite au coup d’Etat du 24 janvier, nous avons fait un diagnostic de la situation et ensuite fait une liste de solutions. Nous faisons des propositions, c’est à l’autorité dirigeante de voir si elle peut s’en servir. Et on constate que parmi nos dernières propositions, deux à trois sont déjà prises en compte par le gouvernement de transition, dont celle relative à la répartition des camps militaires à travers les régions pour que ce soit à la fois un outil dissuasif et de rapprochement entre les FDS et les populations.
Vous avez décidé de vous construire progressivement, d’aller à votre rythme. N’avez-vous pas peur que le découragement gagne vos rangs, si les résultats électoraux ne suivent pas ? Autrement, ne serez-vous pas obligés, à un moment donné, de faire comme tous les autres ?
Nous avons testé le terrain et nous sommes également allés sur la base de bilans des autres. Nous avons des valeurs que nous prônons et c’est sur ces valeurs-là que le parti fonctionne. C’est notre identité et nous allons toujours nous coller à ces valeurs. Donc, tout en restant collés à ces valeurs-là, nous allons prendre en compte l’ensemble de ces facteurs électoraux, de sorte à être représentés au niveau de l’Assemblée nationale et, pourquoi pas, conquérir le pouvoir. C’est pourquoi, nous travaillons lentement, mais sûrement. Nous savons que le MIDE a sa raison d’être au Burkina Faso et nous travaillons à ce qu’on compte avec le MIDE. Ce parti sera un parti de vision et de leaders au Burkina.
Avec la parenthèse de la transition, il est demandé aux partis politiques de cesser tout activisme débordant. Comment se porte et se comporte aujourd’hui le MIDE ?
Le MIDE se porte très bien. Ce qui est aujourd’hui la principale préoccupation au niveau du MIDE, c’est comment apporter sa contribution aux efforts de lutte contre l’insécurité. Avec la situation actuelle qui occasionne tous les désagréments sur nos populations, même les activités politiques sont touchées. Sinon, le parti se porte très bien et reste sur sa dynamique, à savoir sensibiliser et défendre les valeurs. Bientôt, le parti tiendra une conférence de presse pour se prononcer sur l’actualité nationale, notamment la question des VDP et des déplacés internes. Dans ce sens, et dans notre méthode de travail, nous ne disons pas les choses pour plaire, c’est pour que ce soit utile. Sur la parenthèse politique, ça n’exclut pas le fait de se prononcer sur les questions nationales et de faire des propositions, sensibiliser les populations sur les questions de la vie nationale et de former nos militants. Nous allons toujours faire notre job. Si tout le monde jouait son rôle, on allait avoir une société paisible.
Le MIDE, ce sont aussi les questions de réconciliation nationale, de paix et d’indispensables réformes. Quelles sont, à votre avis, les reformes pertinentes sur le plan politique ?
Le constat est amer en termes de nombre pléthorique de partis politiques et de contenus, d’offres. Il ne s’agit pas de retirer le droit aux citoyens de se constituer en parti politique, mais de pouvoir recadrer les choses. Il faut mettre en place des critères de création d’un parti politique et surtout veiller à ce que ce soit respecté. Par exemple, que quelqu’un qui décide de créer un parti politique puisse garantir un siège pour au moins cinq ans et que chaque année, l’opinion ait droit d’avoir un bilan du parti et des perspectives. Vous avez une pléthore de partis, mais combien font le job, combien dépassent la personne du président ? Des partis qui n’ont aucune structuration à même de répondre à l’organisation d’un parti politique. Un parti politique qui n’a même pas de siège, d’adresse ; où le trouver ? C’est un problème. Pour moi, un parti politique doit, au moins une fois tous les trois mois, faire une conférence publique sur une thématique d’intérêt national. Il y a des partis politiques, on ne les voit que lorsqu’on parle d’élections.
Vous êtes le seul parti politique qui, depuis sa création, trône sans discontinuité, à travers un poster géant de son président, sur de grands panneaux, dans des artères de Ouagadougou et sur certains axes routiers avec des messages de paix et de réconciliation nationale. Qu’est-ce qui justifie cette initiative, lorsqu’on imagine le coût financier qu’elle peut engendrer ?
C’est parti du constat que le Burkinabè a perdu beaucoup de valeurs. Et pour un pays qui aspire au développement, on ne peut pas se développer si on n’a pas les valeurs comme repère. La paix, ça fait partie des valeurs et comme le disait Félix Houphouët-Boigny, « la paix n’est pas un mot, c’est un comportement ». On a perdu beaucoup de valeurs, il faut les recouvrer. Il faut que le Burkinabè se réconcilie avec ses valeurs, se réconcilie avec lui-même et avec la société. Si certains Burkinabè se sentent à l’aise au point de dire qu’on n’a pas besoin de réconciliation alors qu’il y a des Burkinabè qui ne se sentent pas dans la République, il y a problème. Voilà pourquoi, le MIDE appelle au retour à certaines valeurs et que les Burkinabè arrêtent de se laisser manipuler par certains discours. Nous avons tous été témoins de ces audios aux relents ethnicistes, c’est aberrant.
C’est assez déplorable que ces OSC qui disent défendre des droits et libertés ne se prononcent pas vigoureusement sur des questions aussi graves. On a vu ces conférences de presse avec l’arrivée de Blaise Compaoré, mais quand les audios qui attisent la haine ont circulé, aucune de ces mêmes organisations n’a daigné lever le doigt. Alors que ce qui est dit dans ces éléments audio sont aussi graves que les crimes dont on accuse certains aujourd’hui. Pourquoi ce mutisme de ces organisations ? Quand on veut être droit, il faut être juste. Quand on veut lutter, il faut le faire pour tout le monde, condamner tout ce qui est condamnable, condamner tout ce qui est ignoble et qui peut nuire à la cohésion sociale. Le MIDE s’est inscrit dans une dynamique et veut gérer un Burkina Faso de paix sociale. Voilà pourquoi, le parti a fait de la paix et de la réconciliation, un combat. Cela ne veut pas dire que la question de la justice est reléguée au second plan, nous militons plutôt pour que tous les citoyens soient égaux devant la loi. Que le paysan de Falangountou puisse inscrire son enfant dans la même école que celui du Premier ministre. C’est cela notre combat.
Quelle analyse faites-vous du bilan des cinq mois du président Damiba ?
C’est audacieux de sa part de s’adonner à cet exercice de redevabilité. C’est une bonne chose d’avoir le sens de la redevabilité. Maintenant, dans le fond, on peut dire que c’est bon, mais ce n’est pas arrivé. Lorsqu’il prenait le pouvoir, il avait fait de la restauration du territoire, un objectif principal. Donc, dans son bilan à mi-parcours, on s’attendait à ce qu’il nous dise que par rapport à ce point, voici l’avancée. Sur des axes, en termes de mobilité humaine, est-ce que la situation s’est améliorée par rapport à avant ? Les déplacés internes, combien ont pu concrètement regagner leurs localités ? C’est cela on attendait.
Mais, nous n’allons pas tout peindre en noir. Il nous a donné rendez-vous en début d’année 2023, nous souhaitons qu’il nous dise des éléments concrets sur le territoire recouvré et les populations qui sont retournées chez elles. Dans ce combat, il faut mobiliser tout le monde, nous avons des corps paramiliaires, des policiers qui sont aux feux tricolores, ça n’a pas de sens (on a déjà des feux tricolores qui fonctionnent, on peut leur permettre d’être ailleurs pour sécuriser les populations qui retournent dans leurs localités). Si les choses évoluent positivement, on n’aura même pas besoin de faire un bilan, on le saura. Il ne faut pas voir ceux qui disent la réalité des faits comme des ennemis, ça aide dans les prises de décisions et à recadrer les actions, s’il faut.
Il a fait cas de déploiement de stratégies sur le terrain, acquisition de matériel, réorganisation des FDS, instauration des cadres de dialogue, etc. Au regard du chemin parcouru du 24 janvier à ce jour, êtes-vous confiants pour l’avenir ?
Nous sommes très optimistes. Nous sommes tous conscients qu’une stratégie militaire ne peut pas produire ici et maintenant les effets attendus. C’est d’ailleurs ce à quoi je m’attendais dans son bilan, qu’il dise par exemple que nous avons déployé ceci ou cela et que d’ici à janvier 2023, on aura tel ou tel autre résultat. Mais, nous croyons à l’avenir, nous croyons au Burkina Faso. D’ailleurs, nous sommes obligés de travailler à cet optimisme. Le président doit aussi travailler à reconquérir la confiance des Burkinabè par rapport à son arrivée en janvier 2022.
Nous profitons par-là pour saluer l’ouverture du président du Faso en termes de coopération ; nous l’avons vu au Mali, en Côte d’Ivoire, etc. C’est pour dire que la lutte contre le terrorisme est une synergie d’action.
Quelle sera donc la contribution des populations ?
Nous sommes à un stade où le Burkinabè n’a plus confiance à son Etat, il n’a plus confiance à ses autorités. L’Etat a besoin d’un leadership, d’une identité (des valeurs). Il faut que le Burkinabè revienne à l’intégrité. Et l’intégrité commence par le leadership de l’Etat. Quand Sankara était au pouvoir, tout le monde avait foi à l’Etat, parce qu’il y avait une confiance en l’autorité. Que chaque Burkinabè revienne aux valeurs, qui faisaient de nous une société et non ces attitudes d’individualisme.
Votre message à l’ensemble de vos militants.
C’est de rester sereins et de croire en l’avenir du Burkina Faso. Nous les encourageons à toujours avoir et promouvoir ces valeurs qui caractérisaient le Burkinabè. La situation est certes difficile, mais le peuple burkinabè aura raison sur ces ennemis-là.
Entretien réalisé par Oumar L. Ouédraogo
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