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Rien ne va au Burkina : L’insécurité fait deux coups d’Etat en huit mois

Le vendredi 30 septembre 2022 devrait nous faire la lumière sur la dernière attaque djihadiste du début de la semaine le 26 septembre à Gaskindé, mais c’est sous un ciel couvert de lourds nuages d’orage que ceux que les coups de feu des premières heures n’ont pas réveillé ont découvert leur ville et que les réseaux sociaux ont vite fait de leur rappeler que le pays va mal et que ses militaires sont encore dans les rues et ont tiré dans la nuit.

Petit à petit les indicateurs déjà connu des coups d’Etat qui sont notre mode préféré de dévolution du pouvoir se sont mis en place. Les manifestants qui investissent la place de la nation pour proposer leur programme aux putschistes, la coupure du signal de la télévision nationale et les folles rumeurs d’intox sur les réseaux sociaux. Si on ajoute à cela la manifestation de jeudi à Bobo Dioulasso où les manifestants protestaient contre l’incapacité du pouvoir à protéger le convoi « sécurisé » de ravitaillement de Djibo.

Tous les marqueurs du coup d’Etat étaient en place, on attendait le dénouement. Quelqu’un était en train de se battre pour la chose. L’ère Paul Henri Damiba s’achevait comme elle avait commencé, et toute la claque, les soutiens à coup de grosses coupures de billet de banque, les OSC « brouteurs » se sont évaporés dans la confusion générale qui avait cours.

Le peuple las de cette armée incapable de gagner la guerre contre le terrorisme, mais qui monte en puissance dans les coups d’Etat essayait de vaquer à ce qui pouvait être fait mais le cœur n’y était pas. Ouagadougou avec les zones inaccessibles, les routes barrées, s’adaptait encore aux désagréments fréquents que la politique lui impose.

L’après-midi la ville avait une torpeur où chacun s’était rapproché de ses pénates et attendait la fin de cette histoire triste d’un pays qui s’enfonce chaque jour un peu plus. La TNB a repris ses programmes vers 20h et le nouvel homme fort du pays est apparu au-devant d’hommes encagoulés, le capitaine Ibrahim Traoré. Il a mené son affaire plus rapidement que le dernier coup d’Etat qui a mis deux jours à accoucher.

Le capitaine Sorgho nous annonce que le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba est démis de ses fonctions, mais c’est le MPSR qui est toujours au pouvoir. Les deux hommes que nous voyons à la télévision sans cagoule, l’un parlant au nom de l’autre, sont des membres du Mouvement patriotique pour le salut et la restauration et cela on l’ignorait jusqu’à cet instant. Damiba est tombé pour les mêmes raisons que Rock Kaboré qu’il a chassé, sans avoir pu faire un bilan de son action. Ces tombeurs lui reprochent d’avoir cherché à restaurer un ancien régime en plus de l’incompétence face à la lutte contre les groupes terroristes.

Ce énième coup d’Etat du pays est le symptôme du grand mal dont souffre le pays. Notre armée a montré à la face du monde qu’elle est l’ombre d’elle-même. Affaiblie, divisée, politisée, corrompue, avec des chefs à la pelle qui font la guerre dans les bureaux climatisés de Ouagadougou. Le passage de témoin du colonel au capitaine est aussi la prise de pouvoir de ceux qui sont vraiment au front et au contact de la troupe.

Le nouveau pouvoir a annoncé de bonnes choses comme une transition civile et militaire inclusive. On espère bien qu’ils ne feront pas l’erreur de Damiba qui a été le dindon de la farce des politiciens revanchards et certaines OSC malfaisantes.

Tout n’est pas perdu si nous y mettons le cœur et l’esprit et que l’on ne confonde pas les priorités. Le pays des hommes intègres est plein de ressources humaines de qualité pour se laisser aller à l’abandon.

Sana Guy
Lefaso.net

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