Révolution d’août 1983 : Le flambeau à la jeunesse pour l’inspirer sur les capacités d’innovation de Thomas Sankara
« Passage du flambeau de la révolution à la jeunesse », c’est sous ce sceau que le Comité international du mémorial Thomas Sankara (CIMTS) a commémoré le 35e anniversaire de l’assassinat du père de la révolution, le samedi 15 octobre 2022. Selon son président et ancien Secrétaire général des Comités de défense de la révolution, Pierre Ouédraogo, ce passage de flambeau permettra à la jeunesse de s’inspirer sur la capacité « inouïe » et « infinie » d’innovation de Thomas Sankara. Nous vous proposons l’intégralité de son discours.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Institutions
Mesdames et Messieurs les Secrétaires Généraux des Ministères,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Missions Diplomatiques
Mesdames et Messieurs les Représentants des 13 familles des 13 camarades assassinés en ces lieux le 15 octobre 1987
Chers Camarades anciens membres du Conseil National de la Révolution, des CDR, des Pionniers, de l’UFB
Chers Invités en vos noms et grades respectifs tous protocoles observés
Au nom du Comité International du Mémorial Thomas Sankara, je vous souhaite la bienvenue au Mémorial Thomas Sankara, en ce jour où nous rendons hommage à ceux qui sont tombés içi au Conseil de l’Entente il y a 35 années en cette funeste journée du 15 octobre 1987.
Excellence Monsieur le Président du Faso
Au nom du CIMTS, je voudrais vous féliciter pour votre désignation hier par les Assises Nationales à l’unanimité en qualité de Président de la Transition, Chef de l’Etat et vous souhaiter plein succès dans votre mission patriotique de restauration de l’intégrité territoriale et de la sécurité. Nous apprécions à sa juste valeur que malgré cette tâche difficile et urgente, vous avez accepté de venir présider cette cérémonie qui est la première dans l’exercice de vos hautes fonctions. Cela montre, s’il fallait le démontrer, l’importance que vous accordez à la pensée et aux valeurs incarnées par notre glorieux héros national, le Capitaine Thomas Sankara.
C’est le lieu d’exprimer nos remerciements et notre gratitude à l’Etat du Burkina Faso dont vous êtes le Chef et saluer la continuité de son action qui a permis que le citoyen Burkinabé le plus célèbre, j’ai nommé le Président Thomas Sankara, soit reconnu à travers des réalisations qui servent de phare à la jeunesse. Je citerai par exemple l’université Thomas Sankara, le Camp Thomas Sankara à Pô, le site du Mémorial Sankara, la statue.
Je voudrais saluer les 13 familles éplorées pour leur courage, leur dignité et la foi en la justice du Burkina Faso. Mariam Sankara regrette de ne pouvoir être avec nous, et me demande de vous transmettre ses salutations. Comme vous le savez, c’est son action déterminée qui a permis que ce qui paraissait impossible face aux assassins impitoyables et intouchables de nos camarades, soit possible. C’est une femme patriote, intelligente et courageuse, qui a apporté une contribution exceptionnelle à la lutte du CNR, avant la révolution et pendant la révolution. Je me dois de citer le professionnalisme de la justice militaire qui a magistralement conduit le procès à son terme.
Nous sommes fiers de notre système judiciaire qui sait dire le droit en respectant les meilleurs standards nationaux. Dans d’autres pays, il aurait été nécessaire de faire appel à des juridictions extranationales pour un aussi important dossier complexe de 20 000 pages pour assurer la manifestation de la vérité dans un grand procès historique et équitable suivi par plus de 200 journalistes accrédités. Outre la nécessité du respect strict de l’application des décisions de justice issues du procès, nous demandons à l’Etat du Burkina Faso de mettre à la disposition de la justice militaire, les moyens nécessaires pour le volet international du procès afin que les coupables internationaux soient désignés et que le droit soit dit. Cette tâche est urgente afin que les auteurs encore vivants puissent répondre devant la justice, et que les témoins puissent nous apporter la vérité.
Excellence Monsieur le Président,
L’inhumation des victimes du 15 octobre 1987 est nécessaire pour permettre aux familles éplorées de faire leur deuil. Nous souhaitons que le dialogue entre l’armée et les familles se poursuive afin qu’une solution concertée soit trouvée et que les martyrs puissent se reposer en paix. Nous n’oublions pas le site de Koudougou où reposent les martyrs du Bataillon d’Intervention Aéroportée (BIA) assassinés et brûlés alors qu’ils étaient prisonniers. Le CIMTS se tient à la disposition des familles et de l’armée pour tout accompagnement.
Excellence Monsieur le Président
Chers Invités,
Le Mémorial reste le site le plus visité du Burkina Faso. Le projet architectural choisi à l’issue d’un concours été réalisé par notre compatriote Kéré qui a reçu le prestigieux prix Pritzker le 15 mars 2022. Nous souhaitons que l’Etat burkinabé poursuive son accompagnement afin que le projet devienne une réalité. Thomas Sankara est un précurseur dans bien de domaines de l’activité humaine et notamment en matière de développement qui fait la fierté du Burkina Faso dans le monde entier.
Le projet du Mémorial est d’une importance capitale pour la transmission aux générations futures de l’idéal, de la vision et des valeurs portées par Thomas. C’est pour cela aussi qu’après tous les efforts consacrés pour obtenir la justice, aujourd’hui, la mission la plus importante est de la transmettre à la nouvelle génération. C’est pour cela que le thème de la commémoration est « Passage du flambeau de la révolution à la jeunesse ». Le CIM-TS a lancé l’initiative « Découverte de la Révolution démocratique et populaire » pour que les survivants du Conseil National de la Révolution et les CDR puissent témoigner devant la jeunesse des actions de la Révolution, et des leçons apprises qui peuvent servir notre peuple et les peuples du monde.
Le procès lui-même a été révélateur des bibliothèques qui brûlent, pour paraphraser Amadou Hampâté Bâ qui disait en 1960 dans son discours devant l’UNESCO « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Chaque premier jeudi du mois, sur le site du Mémorial, un thème sera abordé. La jeunesse est avide de savoir ce qui s’est passé exactement avec cet homme qui est l’intégrité incarnée et qui par amour pour son peuple a pris des risques sans commune mesure. Nous espérons que ce passage de flambeau va permettre une évolution qualitative des énergies de notre jeunesse, pour qu’elle puisse s’inspirer de la capacité inouïe et infinie d’innovation de Thomas Sankara pour poursuivre son œuvre de faire du Burkina une terre de prospérité, de fraternité et d’intégrité.
Je ne saurais terminer sans rappeler le serment des pionniers de la Révolution « Oser lutter, savoir vaincre. Vivre en révolutionnaires, mourir en révolutionnaires, les armes à la main. La Patrie ou la mort nous vaincrons ». Je salue et encourage tous les jeunes engagés dans les FDS et les VDP qui mettent en œuvre ce concept, et parfois écrivent les victoires avec leur sang comme l’ont fait les 29 martyrs du Conseil National de la Révolution tombés en 1987.
Je remercie le Secrétaire Général de la Présidence du Faso et son personnel qui, malgré les délais courts, ont relevé le défi de la mise en place qui nous permet de faire cette célébration. Je remercie le Ministère de la Défense Nationale et son personnel, la Direction générale de la police nationale et son personnel, le Délégation spéciale de la ville de Ouagadougou et la police municipale pour leur importante contribution au succès de cette célébration.
Je remercie les Partis Sankaristes, les organisations de la société civile, l’Université Thomas Sankara, le lycée privé Thomas Sankara, le comité d’organisation du CIM-TS et toutes les bonnes volontés, que j’ai oublié de citer, pour leur contribution et pour leurs dons en nature et en espèces.
La patrie ou la mort, nous vaincrons ! Merci pour votre attention !