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Faisons le serment d’être Burkinabè !

Et si chacun de nous prêtait serment devant sa propre conscience d’être Burkinabè dans les faits plus que dans les paroles. Et si aujourd’hui même, chacun s’engageait à être la meilleure version de lui-même sans tapage, sans boucan. Si chacun pouvait se poser les vraies et bonnes questions sur sa part de contribution citoyenne à l’édification de cette Nation.

Si chacun avait le courage aujourd’hui de se présenter devant son miroir et se regarder sans complaisance et dire : « oui, je suis un paresseux qui ne fait pas assez » ; « je suis un voleur qui abuse des autres », « je suis un menteur qui vit de faux », « je suis un traitre qui vend sa foi pour du peu », «je suis un lâche qui se laisse piétiner l’honneur sans répliquer »…

Bref, s’il n’y a qu’un temps pour être ou ne pas être, que chacun s’engage à changer pour le meilleur. Parce que le meilleur est en chacun de nous. Et nul ne peut vraiment se révéler que dans la vérité. Alors pourquoi, voulez-vous la paix en préparant ou en faisant la guerre ? Pourquoi parlez-vous d’amour la langue fourchue et les lèvres venimeuses ? Pourquoi vous vantez-vous d’avoir la foi sans l’avoir expérimentée une seule fois ? Pourquoi brandissez-vous le mérite des autres en usurpant la valeur que vous n’avez pas ? Pourquoi voulez-vous l’égalité sans passer par l’équité ?

Et pourquoi le riche triche-t-il pour rester riche ? En quoi le pauvre n’a de droit que sa croix et pourquoi ce sont toujours les plus forts qui ont raison ? A quoi sert un grand qui ne sait pas se baisser sans se rabaisser ? Pourquoi ce sont les plus faibles qui sont au service du plus fort et non l’inverse ? Quel sens donnons-nous à la force, au pouvoir et à la gloire ? Et d’ailleurs, à quoi sert-il de se targuer d’être le premier si l’on est incapable de prendre les devants des choses et d’assumer la place que l’on s’arroge ?

Pendant longtemps nous avons adulé les médiocres et vilipendé les meilleurs. Pendant des lustres, nous avons acclamé les tonneaux vides pour leur bruit et non pour leur contenu. Depuis des années, nous avons passé le temps à prendre la quantité pour la qualité et à jauger les valeurs selon le poids et la taille plutôt que l’état raffiné des choses qui vaillent. Nous avons même déifié de pauvres hommes faits de terre et de poussière en donnant dos à celui qui les a créés.

Nous avons masqué le faux avec de vrais emballages pour le vendre sur les étals de la vérité. Nous avons bâti des châteaux avec le sang des moineaux et sans scrupules nous avons arraché le lopin de terre de la veuve en larmes pour en faire des maisons closes. Avec justesse, nous avons mis des liasses dans le plateau de la balance pour peser plus que la justice et faire taire le verdict de la vindicte. Nous avons abusé de la femme d’autrui pour lui ravir la flamme qui luit et se servir de sa lueur pour éblouir, sans éclat. Nous avons profané le sacré des pères en succombant au charme du totem et en disant « je t’aime » à l’anathème.

Le chapeau du chef n’incarne pas toujours l’autorité, parfois elle découvre plus qu’elle ne couvre la tête. La tradition est devenue un spectacle de répétitions pleines de contradictions, presque sans malédictions. D’impénitents dignitaires en ont fait un fonds de commerce au service de la fourberie sonnante et trébuchante. Notre histoire nous regarde nous dévoyer dans les sillons indélébiles des vaillants devanciers désabusés, en proie à l’insomnie éternelle.

L’intégrité est repartie en courant au musée, dans les rayons de la contemplation lointaine et de la curiosité obscène qui gêne l’initié anachronique. Nos racines ne sont plus rien d’autre que les souches mortes d’une âme amputée de son socle de roc. Nous devons mener l’introspection et refuser de vivre comme des éphémères aux ailes en papier. Nous devons nous remettre en cause et réapprendre à vivre digne. Nous devons nous rivaliser de hardiesse et de sagesse face aux défis et aux tentations de la bassesse.

Nous avons le devoir de marquer nos histoires individuelles du sceau d’un idéal commun. Nous avons la mission de faire de nos tâches quotidiennes, la trace vivante de l’héritage qui se construit de génération en génération. Seul le travail dans la discrétion et la rigueur fera de nos efforts conjugués la véritable force d’un Etat-Nation, la culture de tout un peuple. La sanction méritée doit être de mise pour rappeler aux uns et aux autres que le bien comme le mal a un prix et chacun doit accepter sa fierté avec humilité autant que son déshonneur dans la soumission.

Cette chronique peut paraître un peu trop belle pour être vraie. Elle peut même sembler tirer d’un conte de fée, lyrique et mirifique. Mais en vérité, si nous ne faisons pas le saut du sursaut, le petit pas de la grandeur, nous resterons grand mais sans aucune hauteur d’esprit. Parce que seul l’esprit et l’état qui le sous-tend fait des hommes les meilleurs acteurs de la Création dont la mission est de tendre vers la perfection. Et il n’y a point de perfection sans intégrité, point d’intégrité sans volonté de perfection.

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

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