Le 21 octobre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré, chef d’Etat de transition du Burkina Faso, nommait Me Apollinaire Premier ministre. A Bobo-Dioulasso, cette nomination semble bien accueillie par la population. Voici quelques propos recueillis avec des citoyens et membres de la société civile.
Moussa Ouédraogo, vendeur de portables
« J’apprécie la nomination de Me Apollinaire Kyelem de Tambela comme Premier ministre parce que c’est un monsieur que je suivais depuis sur les plateaux télévisés et dans les écrits aussi. Quand il a été nommé, ça ne m’a pas surpris et je l’ai trouvé bon. C’est une bonne chose de l’avoir comme Premier ministre vu ses idées, ses prises de position. Au Burkina aujourd’hui, nous avons besoin de cela. Maintenant, nous attendons que ce qu’il a eu à dire sur les plateaux et dans les écrits, qu’il mette cela en pratique et avec le temps, on saura apprécier plus.
Depuis le 30 septembre, tout est relax pour moi. Je ne sais pas comment le dire mais je sens que réellement le patriotisme commence à renaître encore. Avec le capitaine Ibrahim Traoré à la tête du Burkina et un Premier ministre comme Me Kyelem, les Burkinabè doivent se mettre ensemble. Ceux qui ne se sentent pas concernés, qui ne comprennent pas l’idéologie de ces dirigeants peuvent s’abstenir pour le moment et laisser le terrain. Avec le temps, ils verront réellement que la meilleure chose à faire, c’est de se joindre à la lutte. Je voudrais aussi faire comprendre à la jeunesse que c’est une opportunité à saisir, parce que 35 après Thomas Sankara, nous avons perdu nos repères. Dieu nous a donné une seconde chance et on doit tout faire pour ne pas la perdre et Inch’Allah, on ne va pas la perdre ».
Salifou Ouédraogo de la société civile, président du mouvement Anti Triptyq (Corruption-impunité-injustice)
Salifou Ouédraogo de la société civile, président du mouvement Anti Triptyq (Corruption-impunité-injustice)
« Tout d’abord je me demande si on pouvait avoir mieux que ce monsieur comme Premier ministre, vu le profil et la carrure de l’homme que je connais personnellement. Il y a plein de Burkinabè qui l’ont découvert à travers les plateaux télé et lorsque vous regardez le profil de l’homme, il est endogène. Cet homme-là qui connaît le Burkina Faso peut faire sortir le pays du bourbier dans lequel nous sommes aujourd’hui puisqu’il est endogène et lui-même a eu à le dire. Donc notre développement serait endogène pour paraphraser ce que le chef d’Etat lui-même a eu à dire lors de sa prestation de serment. Me Apollinaire, Me de Tambela comme je l’appelle affectueusement, connaît le Burkina Faso, toutes ses réalités, tous les régimes qui se sont succédés à la tête du pays. Il vous fait l’histoire de A à Z sans sourciller. Il connaît également la psychologie des Burkinabè et il sait sur quel levier actionner pour que le Burkina Faso puisse retrouver ses marques d’antan.
Nos attentes c’est comme il l’a dit lors de son interview sur radio Omega, le président va gérer la question sécuritaire et lui les questions civiles. Donc il faudrait d’abord qu’il s’attaque à la corruption en commençant par la réduction du train de vie de l’Etat comme lui-même a eu à le dire puisqu’il sait que les gens l’attendent là-bas. Il faut qu’il ait un œil regardant sur ces aspects là parce que ce sont des secteurs assez stratégiques. En tant qu’avocat, je peux dire que son un profil pourrait aider le Burkina Faso car pour les décrets, les ordonnances…, il faut connaître la chose juridique. Donc lui déjà en homme de droit, il saura sur quel levier actionner pour ne pas poser des actes qui puissent les compromettre un jour. Par ailleurs, si nous arrivons à effacer ce passif-là, à gérer correctement la question de la corruption, de l’impunité, la réduction du train de vie de l’Etat, il restera à activer le levier du développement endogène.
Et comme il l’a dit, nous ne pouvons pas développer le Burkina Faso hors des traces que Thomas Sankara avait laissé et nous allons consommer ce que nous produisons. Je pense aussi qu’on ne pouvait avoir mieux que ce Premier ministre surtout dans le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui. Il faudrait que nous comptions sur nous-mêmes et c’est ce que lui-même il incarne. Je me rappelle un jour j’ai eu à lui poser une question sur la friction au sein de la jeunesse et Me Tambela a eu à dire que la jeunesse, c’est celui-là qui porte un idéal pour lequel il veut mourir. Donc cela veut dire qu’il embarque avec lui toute la jeunesse.
Ceux qui se réclament vraiment de Thomas Sankara, de l’idéalisme Thomas Sankara doivent se retrouver en ce monsieur là et l’accompagner dans ce qu’il est en train de vouloir faire parce qu’il ne le fait pas pour lui, il est dans la soixantaine. C’est pour nous autres qu’il en train de faire ce combat. Donc je lance un appel à l’ensemble de cette jeunesse ceux qui se réclament sankaristes, qu’on accompagne ce monsieur et la transition pour qu’ils réussissent cette mission parce que s’ils échouent, ce ne serait Me Tambela qui aurait échoué ou le chef de l’Etat Ibrahim Traoré mais c’est toute la jeunesse burkinabè qui aurait échoué. Le 15 octobre 2022, le flambeau a été transmis à la jeunesse donc s’ils échouent, c’est la jeunesse qui aurait échoué et nous n’avons pas intérêt à cela. Par conséquent nous, nous allons nous mobiliser pour les accompagner pour que cette transition puisse réussir et qu’ils puissent conduire le Burkina Faso aux élections libres transparentes et acceptées de tous après avoir reconquis l’intégralité de notre territoire, réinstallés les déplacés dans leur zones d’origine ».
Boureima Ouédraogo alias Naba
Éloi Sawadogo, commerçant
« Par rapport à la nomination du Premier ministre, je suis satisfait du choix du président. J’ai suivi le Premier ministre par rapport à ses différentes sorties sur les medias. Je trouve qu’il est cohérent. Il aspire à la révolution et d’ailleurs présentement au Burkina, la jeunesse a tranché, tout le monde aspire à la révolution. Donc je crois que le choix est bon. Mes attentes ce sont presque les attentes de tous les Burkinabè à savoir, une réforme de l’administration pour que ce soit une administration pour le peuple et non une administration de monnaie c’est-à-dire corrompue. Par exemple pour une simple pièce d’identité, si tu laisses ton sommeil à 4h du matin aller faire le rang pour faire ta pièce peut être tu ne vas pas l’avoir le même jour. Donc c’est tout ça qu’il faut revoir.
Il faut qu’on mette fin aux lourdeurs administratives comme l’a souligné le président. Les Burkinabè sont fatigués, mais j’ai l’impression que Dieu nous a donné le capitaine Ibrahim Traoré pour qu’il fasse renaître les idées de Thomas Sankara pour qu’enfin au Burkina, ceux qui ont eu la chance d’être responsables ne pensent pas uniquement à eux mais à toute la population. Le vrai problème qui se pose est que tout le monde aspire à la révolution mais est-ce qu’ils sont prêts pour faire ce sacrifice-là parce que la révolution demande des sacrifices. Est-ce que cette jeunesse va accepter se sacrifier comme le voulait Thomas Sankara ? C’est ça la question aussi ».
Éloi Sawadogo, commerçant
Salifou Ouédraogo de la société civile, président du mouvement Anti Triptyq (Corruption-impunité-injustice)
« Concernant la nomination de Me Apollinaire Kyelem, je pense que c’est ce que le peuple Burkinabè attendait il y a un peu longtemps, parce que c’est l’une des rares fois qu’on nomme un Premier ministre vivant sur le sol burkinabè et nous espérons vraiment qu’il va nous aider à sortir de cette crise qui ne finit jamais. La première des choses de nos attentes, c’est la stabilité de notre pays et c’est ce qui est à l’origine des coups d’Etat. Donc je pense qu’on ne va pas brûler les étapes et lui-même il a dit que le président va gérer le volet militaire et lui le volet civil. Donc si chacun joue pleinement son rôle, je pense que tout doit rentrer dans l’ordre.
Au-delà de ça, nous voulons des travailleurs. Les Burkinabè ont trop souffert, je pense qu’on doit dépasser le tâtonnement. Nous sommes arrivés à un niveau où chacun doit contribuer, parce que quoi qu’on dise le Premier ministre connaît assez bien l’histoire de notre patrie et on n’a plus à tourner en rond. II faut régler les problèmes, tout est urgent comme l’a dit le président. Il faut mettre fin au laxisme, à la bourgeoisie qui détruisent notre nation, éviter au maximum de mettre un gouvernement en place avec des hommes qui veulent vivre dans le luxe. Si vous n’êtes pas des hommes exemplaires, il faut savoir que vous n’aurez pas un peuple qui sera vraiment autour de vous.
Mais si vous êtes des hommes exemplaires, des gens qui n’ont pas l’esprit du pouvoir, du luxe, le soutien est déjà là. Le peuple burkinabè a déjà montré qu’il fait confiance à l’Etat, c’est à lui maintenant de se mettre au travail pour réellement gérer cette crise. Nous attendons donc impatiemment la fin de cette crise qui va vraiment rehausser notre économie, tout doit bouger, on n’a pas de temps à perdre. Personne ne peut sauver le Burkina tant qu’on ne met pas en œuvre une révolution, ce n’est pas possible. C’est ma conviction parce que le laxisme a trop duré, la bourgeoisie a trop duré, plus de 30 ans.
C’est comme si on a éduqué le Burkinabè à voler dès qu’il grandit. On vole à ciel ouvert, ce n’est pas moi qui le dis, c’est visible. Si vous prenez un individu qui arrive au niveau d’une mairie avec une moto, il se retrouve après avec des V8… C’est triste ! On vote des lois qui ne servent même pas. Il y a le délit d’apparence, ça tourne en rond. On voit la réalité du pays mais personne ne parle, donc que Dieu bénisse le Burkina Faso ».
Propos recueillis par
Haoua Touré
Marie Constance Ki (stagiaire)
Lefaso.net
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