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Politique : « Il n’y a pas de risque de rupture de carburant » (P.M).

Le premier ministre Joachim Apollinaire Kyelem de Tambela était l’invité du JT de 20 heures de la RTB hier 30 octobre où il a répondu aux questions de deux journalistes.
Au menu, la contestation de la nomination de certains ministres, les opérations de lutte contre les groupes terroristes, la coopération internationale et le baisse du prix des carburants, ont été les sujets évoqués.


L’interview a duré une trentaine de minutes et a permis au premier ministre nommé le 21 octobre 2022 d’apporter des éclairages sur des sujets d’actualité et d’expliquer les orientations du contenu de la feuille de route que le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahi Traoré, lui a tracée.
Dès le lendemain de la composition du gouvernement le 25 octobre, faut-il le rappeler, des voix se sont élevées pour remettre en cause la probité de certains ministres, notamment celui du Commerce Donatien Nagalo et de l’Urbanisme Yacouba Dié.
Des commerçants ont ouvertement accusé le premier d’avoir abusé leur confiance dans la constitution d’un fond de garantie qui leur permettrait d’avoir des crédits pour développer leurs activités.
Le second est également accusé d’avoir pris des libertés dans la gestion des fonds destinés à la mise en œuvre d’un projet de construction de 40 000 logements sociaux sous la présidence du président Roch Kaboré.
Pour les pourfendeurs de ces deux ministres dont l’installation a été différée, les faits qui leur sont reprochés sont suffisamment graves et les disqualifient pour occuper un poste ministériel. Le gouvernement avait publié un communiqué pour rassurer l’opinion que des investigations étaient en cours sur les faits reprochés à ces deux ministres, promettant de tirer les conséquences qui s’imposent.
Hier soir, le premier ministre a été formel : il n’y a rien à redire à leur sujet. Mieux, à sa demande, les enquêtes approfondies menées par l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat/lutte contre la corruption (ASCE/LC) ont montré que les accusations portées contre les ministres étaient infondées. Conséquence, ils seront installés dans leurs fonctions dans les jours à venir. Le chef du gouvernement a néanmoins invité les contestataires à saisir la justice pour faire valoir leurs arguments et a demandé aux Burkinabè de prendre du recul avec le contenu des réseaux sociaux.
Quant aux cinq ministres du précédent gouvernement qui sont aussi contestés, le premier ministre a rappelé que c’est le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) qui est toujours aux commandes du pays et que nous sommes dans une sorte de continuité dans la rectification. En tant que citoyens, les anciens ministres ont le droit de prétendre à n’importe quel poste. Il a indiqué que leur maintien était lié à leurs compétences et surtout à un souci d’efficacité et d’urgence de l’action gouvernementale, d’autant que certains étaient sur des dossiers assez avancés et les changer n’entrait pas dans ces objectifs. Du reste, chaque ministre aura un contrat d’objectif qui sera évalué tous les trois mois avec les conséquences qui en découleront.

Sur le front de la lutte contre les groupes terroristes, les opérations se poursuivent avec succès même si nous enregistrons des échecs de temps en temps, parce que, dit le premier ministre, « l’ennemi essaie de ne pas nous donner la tâche facile », mais il a confiance qu’au bout du chemin, « le soleil rayonnera » parce que nous avons reçu du matériel et le Burkina sera prêt avec l’acquisition bientôt de nouveaux équipements.



Dans cette guerre contre les groupes terroristes, Me Apollinaire Kyelem de Tambela a rappelé que ce sont les Burkinabè qui doivent défendre leur pays et pas quelqu’un d’autre. D’où le recrutement de 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui a été lancé récemment. D’ailleurs, à l’avenir, le recrutement des militaires se fera à travers les VDP. « Ils seront prioritaires dans l’intégration dans l’armée », a indiqué le chef du gouvernement, balayant du revers de la main les craintes exprimées par certains quant à des dérapages que les VDP pourraient se rendre coupables : « Sous le long règne de Blaise Compaoré, il n’y avait pas de VDP mais il y avait des dérapages », a t-il objecté, et rappelé que « même au Vatican, au niveau des imams, il y a des dérapages ». Il a foi que la formation qui sera donnée aux VDP comme à tout corps habillé permettrait de limiter les déparapages contre les populations civiles.

Abordant la coopération internationale, le premier ministre a indiqué que c’est l’intérêt du Burkina qui prime dans la politique qui sera menée en la matière. « Toute coopération qui peut servir l’intérêt, à améliorer les conditions de vie des Burkinabè tout en respectant la souveraineté du Burkina est la bienvenue », a t-il soutenu, insistant sur la loyauté que chaque partenaire doit avoir avec nous.
A ceux qui manifestent pour exiger une coopération avec la Russie, le premier ministre a rappelé que nous coopérons avec la Russie depuis 1967 du temps du l’Union soviétique et que beaucoup de Burkinabè ont fait leurs études en Russie, notamment à l’Université Patrice Lumumba ou dans d’autres pays de l’ex Union.
Selon lui, le Burkinabè pourrait renforcer cette coopération avec la Russie au regard de notre contexte actuelle, mais toujours dans l’intérêt du Burkina Faso. « Ce n’est pas à la rue de nous dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire et nous détenons des éléments que ceux qui marchent n’ont pas » , a t-il ajouté.
S’agissant de la coopération régionale, le premier ministre a déclaré qu’il était favorable à la fédération des Etats et qu’il est vital de renforcer nos relations avec les pays voisins dont le Mali avec lequel nous partageons environ 1200 km de frontière.
Il s’agit donc de voir avec le Niger, le Togo et le Bénin, des pays qui font aussi face au terrorisme, comment mutualiser les moyens pour venir à bout des groupes terroristes et renforcer nos rapports dans la construction d’un Etat fédéral africain.
Alors que certaines publications font état d’un risque de rupture d’approvisionnement de la SONABHY par des traders, Me Kyelm de Tambela a rassuré qu’il ne s’agit que de la désinformation. Il a reçu les assurances du DG de cette société d’état d’avoir le stock nécessaire pour satisfaire les besoins des Burkinabè. Sur une éventuelle baisse du prix du carburant qu’il avait déjà annoncée il y a quelques jours, le premier ministre dit travailler sur le sujet avec le chef de l’Etat, mais reconnait que ce n’est pas facile de diminuer le prix du carburant pour deux raisons : d’abord, le Burkina ne produit pas de pétrole et nous ne maitrisons pas tous les paramètres dans ce domaine ; ensuite diminuer le prix du carburant entraine la contrebande, car argumente t-il, les commerçants des pays voisins viendront s’approvisionner chez nous en carburant et le revendre chez eux plus cher. L’Etat burkinabè va donc subventionner le prix du carburant pour les consommateurs des pays voisins, ce qui rend délicate la question. « Je ne vous donne pas de garantie, mais nous travaillons sur le dossier » a t-il indiqué.
Dans la réussite de la mission confiée au gouvernement, le rôle du peuple est « central » a martelé le premier ministre, insistant sur la nécessité pour le peuple de s’organiser, afin d’abord s’occuper de la propreté devant le domicile de chacun.
« Nous souhaitons que le Burkina soit un chantier à ciel ouvert d’abord contre le terrorisme et ensuite pour construire ce pays », a t-il déclaré.
Aux Organisations de la société civile qui viennent solliciter des moyens pour soutenir le régime, la réponse du premier ministre est sans ambiguïté : « Il n’y pas de moyens pour financer des OSC vuvuzela », scandalisé que des ONG internationales se battent pour apporter des réponses aux problèmes des Burkinabè dans les campagnes alors que des nationaux se content de racketter des gens, marchent au lieu de créer des emplois pour la jeunesse.
Voulant gouverner par l’exemple, il a affirmé à nouveau que le décret pris sous le régime Damiba augmentant les salaires des ministres sera abrogé. La question de la redistribution équitable de la richesse nationale sera aussi étudiée afin d’éviter qu’il y ait un grand décalage entre les hauts et les bas salaires.

Dominiqué Koné
Kaceto.net

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