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AN VIII de l’insurrection populaire : « A quand la justice pour les martyrs de l’insurrection populaire ? »

Ceci est une déclaration de l’Organisation de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ)-Section France et de l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF) à l’occasion de la célébration de l’an VIII de l’insurrection populaire au Burkina Faso.

Les 30, 31 octobre, 1er et 2 novembre 2014, notre peuple a réalisé une insurrection historique qui a déchu Blaise Compaoré qui voulait se pérenniser au pouvoir. Il y a huit ans donc que notre peuple s’est mis débout comme un seul homme pour chasser Blaise Compaoré et exprimer sa soif d’un changement fondamental en sa faveur.

A l’occasion de la commémoration de ce 8e anniversaire de l’insurrection populaire, l’ODJ France et l’AEBF saluent la mémoire des victimes de ces événements et renouvellent leur soutien aux populations du Burkina Faso dans la préservation et l’approfondissement de l’esprit de l’insurrection, afin de construire une unité populaire de luttes contre le terrorisme, la domination impérialiste et pour un changement véritable.

Huit ans après, la justice se fait toujours attendre en ce qui concerne les dossiers des martyrs de l’insurrection. Comment ne pas s’indigner que les autorités politiques et judiciaires soient incapables de nous dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur les enfants du peuple qui se sont insurgés légitimement pour dire non à la modification de l’article 37 de la constitution, pour réclamer la justice, la liberté et le changement véritable.

Pourtant, l’on sait que Luc Adolphe TIAO, premier ministre du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, a signé une « réquisition complémentaire spéciale » appelant les forces armées à l’utilisation de la force y compris l’usage des armes contre notre peuple et sa jeunesse en 2014.

Des rapports d’enquêtes indiquent également que Yacouba Isaac ZIDA et d’autres officiers de l’ex-RSP ont supervisé cette répression barbare. Le bilan officiel avait fait état de 24 morts et 625 blessés. A quand la justice pour ces martyrs ?

La commémoration de l’an VIII de l’insurrection populaire des 30, 31 octobre 2014 et jours suivants intervient dans un contexte national particulier où une guerre civile réactionnaire est imposée à notre peuple et à sa jeunesse dans sa conquête pour une indépendance véritable.

Sur le plan social, la poursuite de l’application des Programmes d’ajustement structurel (PAS) et ses différentes variantes sous les injonctions des institutions de Bretton Woods telles le FMI et la Banque Mondiale continue d’appauvrir et de précariser notre peuple et sa jeunesse.

Les conséquences de ces politiques criminelles et anti-sociales sont en effet désastreuses pour nos populations en matière de santé, d’éducation, de logement, d’emploi des jeunes, etc., hypothéquant toute possibilité de développement tout en maintenant notre pays dans la pauvreté, le dénuement total et sous domination.

On assiste en outre au renchérissement continu des prix de produits de grande consommation (riz, sucre, lait, huile, savon, hydrocarbure, etc.) qui restent hors de portée pour les larges couches de notre population.

A ces dures conditions sociales s’ajoute l’insécurité grandissante. Les attaques terroristes se multiplient dans presque toutes les localités du pays. A ce jour, plus de 50 % du territoire est sous contrôle des groupes armées terroristes. Comme conséquences, des millions de nos compatriotes vivent actuellement sous le joug de la tyrannie terroriste ou en déshérence dans un dénuement presque total.

Les attaques terroristes ont entraîné autour de 1 719 332 personnes déplacées soit une augmentation de 11,59% par rapport aux chiffres d’avril 2022, 708 341 élèves affectés par la fermeture de 4258 écoles et près 500 formations sanitaires impactées avec plus de 60% de formations sanitaires complètement fermées dans la région du Sahel.
Depuis le début de la crise, plus de 2 000 civils et militaires ont été tués.

Sur le plan politique, il sied de souligner que les différents pouvoirs qui se succèdent à la tête de l’Etat néocolonial failli, ne cessent d’œuvrer avec l’impérialisme principalement français pour faire regretter au peuple et à sa jeunesse combattante le fait d’avoir réalisé l’insurrection de 2014.

En effet, la gestion de ces différents pouvoirs à l’image de celui déchu de Blaise Compaoré est marquée par des tentatives répétées de confiscation des libertés politiques et syndicales, d’assassinats crapuleux de dignes fils du pays, des manœuvres de réconciliation nationale entre les différentes fractions de la bourgeoisie réactionnaire au mépris de la vérité, de la justice et de la liberté.

Particulièrement, on note :
sous la transition de Michel Kafando et de Yacouba Isaac Zida, le mépris et la marginalisation des populations paysannes, spoliées de leurs terres par de nouveaux riches et souvent victimes d’évictions forcées et de répression sauvage, comme ce fut le cas à Kounkounfouanou dans la province du Gourma et dans d’autres localités de notre pays ;
sous le pouvoir MPP de Roch Marc Christian Kaboré et ses alliés, les assassinats de Cissé Fahadou et de Balima Hama responsables de l’ODJ Yagha, les tueries de Yirgou, Banh, Kain, Tanwalbougou, la criminalisation de l’insurrection dans la Loi N°025-2018/AN Portant Code Pénal prévoyant même une peine de prison à vie pour quiconque participe à une insurrection.

En outre, l’actualité politique nationale de cette année 2022, est marquée par deux coups d’Etat militaires réactionnaires menés par des clans putschistes au sein de l’armée néocoloniale. Le premier est orchestré par des militaires organisés au sein du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) dirigé par le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba un ancien du tristement célèbre RSP de Blaise Compaoré dissout en 2015.

L’imposteur Damiba a renversé le pouvoir MPP totalement failli et impopulaire de Roch Marc Christian Kaboré. Se servant de l’impasse sécuritaire comme alibi, le MPSR avait promis de libérer les zones occupées par les groupes terroristes, d’organiser le retour des personnes déplacées internes (PDI) avec tous les services sociaux qui vont avec.

Mais le MPSR de Damiba va plutôt travailler à la remise en selle politique (gouvernement, ALT) et économique du clan chassé par l’Insurrection populaire, à un forcing d’une réconciliation nationale à travers, entre autres, la mise en scène honteuse de l’arrivée de Blaise Compaoré au Burkina malgré sa condamnation à perpétuité dans l’affaire Thomas Sankara. Ces agissements de cet imposteur Damiba et son MPSR ont signé son impopularité et son isolement.

Le Lieutenant-Colonel Damiba est chassé à son tour par un autre coup d’Etat du même MPSR, le 30 septembre 2022. Ce nouveau putsch qui change la tête du MPSR vise dans une certaine mesure à sauver les meubles pour un pouvoir du MPSR devenu un repoussoir antipopulaire.

A l’instar du Lieutenant-Colonel Damiba, un second acte fondamental concocté par le MPSR 2 est encore imposé au peuple. Cet acte a servi de base pour encore convoquer et tenir une foire appelée Assises Nationales. Par la suite, le conseil constitutionnel (encore le conseil constitutionnel !) est utilisé comme une caution de légalité pour investir le capitaine Ibrahim Traoré Chef de l’État.

Mais notre peuple n’a rien à attendre de bon de ces nouveaux/anciens putschistes qui, après avoir échoué aux côtés de Roch Marc Christian Kaboré et du Lieutenant-Colonel Damiba dans la lutte contre le terrorisme, se croient investis subitement d’une mission divine pour sauver notre pays.

Cependant, c’est le lieu de saluer la jeunesse populaire et combattante de notre pays qui, depuis l’insurrection populaire de 2014 et la résistance au coup d’Etat réactionnaire de 2015, ne cesse de se montrer de plus en plus intraitable quant à la question du changement véritable en sa faveur.

En effet, malgré toutes les manœuvres contre-insurrectionnelles de la part des autorités et avec l’appui de l’impérialisme principalement français, notre peuple et sa jeunesse maintiennent la flamme de l’esprit révolutionnaire et de l’insurrection populaire de 2014 ainsi que de la résistance au putsch réactionnaire de 2015. C’est l’enseignement profond à retenir et à capitaliser des indignations et des manifestations diverses et multiformes qui ont isolé, affaibli, rendu impopulaires et chassé le pouvoir failli de Roch Marc Christian Kaboré, et également celui de l’imposteur Damiba.

Dans les déclarations publiées en février 2022 suite au coup d’Etat de Damiba, l’ODJ France et l’AEBF notaient respectivement et de manière claire que « comme tous les coups d’Etat, celui du MPSR maintiendra notre pays dans la domination et l’exploitation impérialistes, causes profondes de sa situation actuelle. » et que « ce coup d’Etat de plus dans l’histoire politique du Burkina Faso veut encore amener le peuple burkinabè à croire à l’avènement d’un « messie » qui le conduira vers sa souveraineté et l’amorce de son progrès.

Or, ce messie, s’il existe, n’est autre que le peuple lui-même et sa jeunesse dans une unité d’action populaire pour le changement véritable… ».

Le pouvoir du MPSR2 conduit par le capitaine Ibrahim Traoré n’échappe pas à cette règle. On entend déjà des voix se lever contre certains ministres de son gouvernement.

Par ailleurs, des fractions de notre jeunesse combative se font des illusions sur une Russie impérialiste aspirant à étendre son influence qui viendrait sauver le Burkina contre l’impérialisme français et les groupes armés terroristes. Notre position de principe au niveau de l’ODJ France et de l’AEBF c’est qu’on ne peut pas s’appuyer sur un impérialisme pour combattre une puissance impérialiste ou l’impérialisme dominant dans son pays.
S’il existe un sauveur, ce n’est autre que le peuple lui-même et sa jeunesse dans une unité d’action populaire pour un changement révolutionnaire et non la substitution d’un pays impérialiste par un autre.

Pour l’ODJ France et l’AEBF, notre peuple et sa jeunesse sont notre « messie » et personne d’autre.

C’est pourquoi, à l’occasion de cette date historique de la lutte de notre peuple, l’ODJ France et l’AEBF réaffirment leur attachement profond aux valeurs et enseignements de l’Insurrection Populaire héroïque d’octobre 2014.

Elles lancent un appel à la jeunesse de la diaspora burkinabè en France et d’ailleurs, aux jeunes d’Afrique et dans l’immigration notamment en France, aux organisations démocratiques et révolutionnaires de jeunes et à l’opinion démocratique en France :

à soutenir les mobilisations et luttes du peuple et de la jeunesse populaire au Burkina Faso contre les attaques terroristes et pour le droit à la vie ;

à exiger le départ de l’armée française et de toute autre armée étrangère du Burkina Faso, du Sahel et de l’Afrique ;

à dire non aux coups d’Etat réactionnaires qui constituent un frein au changement révolutionnaire en faveur des peuples et de leur jeunesse au Burkina Faso, au Sahel et en Afrique ;

à poursuivre la solidarité active avec les personnes déplacées internes.

Vive l’insurrection populaire d’octobre 2014 !

Vérité et Justice pour toutes les victimes de l’insurrection !

Vérité et justice pour tous les crimes économiques et de sang, restés impunis !

En avant pour l’approfondissement de l’esprit de l’insurrection populaire !

Pain et liberté pour le peuple !

Paris, le 31 octobre 2022

Pour l’ODJ France
Le Président

Siaka SANOU

Pour l’AEBF
Le Président

Désiré MEDA

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