Le 62e anniversaire des Forces armées nationales (FAN) a été célébré dans la sobriété, le mardi 1er novembre 2022, sur l’esplanade de la place de la Nation à Ouagadougou. Cette commémoration, qui se tient dans un contexte sans précédent de lutte contre le terrorisme, a été placée sous le thème : « Forces armées nationales et population : synergie pour la reconquête de l’intégrité du territoire national ».
Plus qu’une interpellation, ce thème est une invite à l’action pour sauver la Nation en péril. « Chacun à son niveau doit abandonner sa posture de spectateur, de juge et de commentateur d’un match qui se joue entre forces combattantes et terroristes. Chaque citoyen doit prendre conscience, qu’il s’agit d’une guerre dans laquelle se joue malheureusement notre destin commun, c’est-à-dire la survie de la Nation et s’engager », a déclaré le nouveau ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Kassoum Coulibaly, représentant du chef de l’Etat, à la cérémonie de célébration des 62 ans d’existence des FAN.
Aussi a-t-il affirmé sans ambages : « Il nous faut descendre sur le terrain de combat, chacun dans le secteur d’activité qui le concerne, avec les moyens à sa disposition, pour affaiblir significativement les groupes terroristes armés ». Il est clair que les autorités de la Transition, issues du coup d’Etat du 30 septembre dernier, veulent impliquer davantage les civils dans le combat contre les terroristes.
Cette participation, indispensable à tout point de vue, se fait déjà en termes de fourniture de renseignements et d’engagement au combat, à travers les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Elle devra s’accroitre, comme le souhaite le nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré, décidé à libérer le pays de l’emprise des terroristes. Le recrutement massif de 50 000 VDP supplémentaires, dont 15 000 à déployer sur l’ensemble du territoire national et 35 000 autres pour protéger les populations et biens dans les communes, témoigne de cette politique du chef de l’Etat.
Il reste à souhaiter que cette opération d’envergure, dont les débuts semblent timides, soit une réussite totale. Elle pourrait améliorer sensiblement la contribution des civils au processus de reconquête du territoire national, dont plus de 40% serait occupé par les groupes armés. Les populations doivent répondre à l’appel de la Nation en difficulté, en se faisant enrôler dans les rangs des VDP. Pas très enviables, les conditions d’exercice (équipements et rémunération) de ces guerriers devraient être améliorées par le gouvernement, selon certaines indiscrétions. De quoi motiver davantage ceux qui sont tentés par la noble mission de VDP. Au-delà du recrutement formel des volontaires, les Burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur, qui ne sont pas insensibles à la situation du pays, doivent contribuer de quelque manière que ce soit à le sortir du gouffre. Sur ce point, il faut convenir avec le ministre de la Défense, que certains d’entre nous, surtout les citadins, n’ont pas encore pris réellement conscience de la situation du pays. Ils se contentent d’observer ou de commenter en petits comités ou sur les réseaux sociaux, dans des mots parfois très durs, la lutte contre le terrorisme. Aussi irréaliste que cela puisse paraitre dans une guerre asymétrique, ces citoyens comptent sur une armée de providence, qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à « flécher » au moindre revers sur le théâtre des opérations. Même si l’armée n’est pas parfaite (elle a aussi ses forces et ses faiblesses), il faut l’encou- rager et la soutenir, car il s’agit de la protection de notre chère patrie. La liberté d’opinion est reconnue, mais encore faut-il faire des critiques constructives pour le bien de la Nation. C’est à croire, que les spectateurs du désespoir et les débateurs de circonstance ne peuvent pas jouer un rôle dans ce contexte d’insécurité généralisée. Si ce n’est scruter les faits et spéculer à tout-va. Cette attitude, à tout le moins passive, est déplorable à bien des égards, à l’heure où la Nation a besoin de tous ses filles et fils. Personne ne défendra ou ne sauvera le Burkina à notre place. Les populations ont tout intérêt à faire corps avec les FAN pour bouter les terroristes hors de nos frontières. Cette collaboration est indispensable face à des ennemis fondus dans la masse.
Kader Patrick KARANTAO
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