Politique

Burkina/Composition du MPSR : Le Front patriotique estime que l’Etat est aux mains d’une « organisation secrète »

Tout en prenant acte de la nomination d’Appolinaire Kyelem de Tambèla comme Premier ministre de la Transition burkinabè, le Front patriotique a déploré, au cours d’une conférence de presse, ce jeudi 3 novembre 2022 à Ouagadougou, « la volonté manifeste d’ostracisme vis-à-vis des hommes et femmes politiques, des partis et mouvements politiques ».

Pour Germain Bitiou Nama et ses camarades, « la nécessaire fédération des intelligences, le dialogue et la concertation politique pour sortir le Burkina Faso de l’impasse politico sécuritaire et poser les fondements d’une transition politique inclusive et populaire ainsi que les linéaments d’un projet de constitution pour un passage à la 5e République ne sauraient se faire par la mise à l’écart des Burkinabè qui sont engagés en politique et de Burkinabè qui sont critiques vis à vis de la transition et de son gouvernement ».

De l’avis du Front patriotique, les libertés de pensées, d’opinions et de manifestations ne sauraient « être étouffées par des injonctions du type « Tais toi et va au front… ».

Si les conférenciers ont salué le caractère inclusif des assises nationales qui se sont tenues, les 14 et 15 octobre 2022, ils ont fait remarquer « des menaces graves » sur la conduite de la transition politique. Germain Bitiou Nama et ses camarades déplorent « l’absence totale de transparence sur la composition du MPSR ainsi que sur sa nature dans le dispositif institutionnel du Burkina Faso ».

Pour eux, en dehors du président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, le capitaine Ibrahim Traoré, aucun membre du mouvement n’est connu. Ce qui les amène à penser que « l’État semble être aux mains d’une organisation secrète, constituée d’acteurs de l’ombre dont le peuple ne connait absolument rien (…) La république ne saurait être un théâtre d’ombres animé par des acteurs inconnus, invisibles et muets pour le compte d’un peuple qui a pourtant prouvé sa maturité ».


Actualité oblige, le Front patriotique a salué l’initiative du recrutement massif de Volontaires pour la défense de la patrie. Toutefois, il invite le gouvernement de la transition « à sortir des effets d’annonces pour articuler une vision politique populaire et non militariste de la mobilisation patriotique du peuple pour combattre le terrorisme. »

A en croire les conférenciers, les instruments et les politiques de notre coopération internationale que ce soit avec la France, la Russie ou tout autre partenaire « doivent être connus, transparents ». « Pour sortir du ‘’tête à tête » du passé colonial avec la France, les accords de coopération avec la France ne doivent plus être des sujets tabous, inconnus et inaccessibles par notre peuple ; mieux le Burkina Faso ne doit entretenir des accords de coopération qui compromettent son indépendance, et le maintiennent dans la dépendance cruelle de ne pas pouvoir se défendre contre le terrorisme », pense le Dr Guy Yogo, secrétaire général du Front patriotique.


« Le Burkina a des relations diplomatiques avec Moscou depuis 1967. Notre pays est souverain depuis 1960 et a priori peut avoir des relations diplomatiques et de défense avec qui il veut. Le volet défense et sécurité des accords avec la France sont restés secrets et ne nous arrangent pas. Nous avons appris que pour commander un type d’arme, nous devons avoir l’aval de la France. Il faudra penser à une révision de ces accords. Autant le peuple burkinabè est convaincu qu’il faut des changement qualitatifs en la matière, autant les dirigeants, les partis politiques, les forces vives doivent se donner la main pour aboutir à un changement qualitatif dans le sens d’une révision de ces accords de défense et nous permettre d’aller acheter où on veut et avec qui on veut », a indiqué Bassirou Sanogo, membre du cadre de concertation du Front patriotique.

En ce qui concerne les critiques de la population sur la présence de ministres du gouvernement du lieutenant-colonel Paul Henri Sandoago Damiba, coupables de ‘’discrédit de justice », le Front patriotique les trouve « justifiées ». Il s’appuie sur le communiqué du conseil supérieur de la magistrature du 8 juillet 2022 qui a rappelé que la « loi met à la charge de l’exécutif le devoir d’apporter son concours pour l’exécution des décisions de justice et ne lui confère pas le pouvoir d’apprécier de l’opportunité de l’exécution desdites décisions ».

Pour les conférenciers, cela n’a pas été le cas de ces ministres et « les accusations de népotisme, de comportements peu éthiques de certains ministres, à défaut d’être validées par le gouvernement méritaient à tout le moins un meilleur traitement pédagogique et moral ».

En attendant, les Front patriotique dit être mobilisé, depuis le 4 août 2022, pour une « transition politique légitime et souveraine ».

« Nous demeurons sur cette ligne de combat tant nous sommes convaincus que c’est la seule à emporter une adhésion consciente de notre peuple à cette entreprise patriotique de restauration de l’intégrité de notre territoire national, du retour à la paix, à la cohésion et à la prospérité nationales », ont laissé entendre les conférenciers.

Notons que les conférenciers ont eu une pensée à l’endroit des journalistes, à l’occasion de la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, célébrée chaque 2 novembre.

LeFaso.net

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