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  ANALYSE : LES ENJEUX DU RETOUR DES MILITAIRES AU POUVOIR (1)

    ANALYSE : LES ENJEUX DU RETOUR DES MILITAIRES AU POUVOIR (1)

 WUROTEDA IBRAHIMA SANOU, JOURNALISTE-AGENCIER ET ANALYSTE (AIB)

Ouagadougou, 4 nov. 2022 (AIB)-Suivez sur la WEB TV AIB, la première partie de l’analyse de la semaine du journaliste-agencier et analyste de l’AIB, Wurotèda Ibrahima Sanou sur les 62 ans de la création de l’armée nationale burkinabè intitulée « Les enjeux du retour au pouvoir des militaires ».

 

Mesdames et Messieurs, chers téléspectateurs de la WEB TV AIB, Bonjour et bienvenue à notre analyse hebdomadaire.

A l’occasion des 62 ans de la création de l’armée nationale burkinabè, nous vous proposons cette semaine, une analyse en deux parties.

La première partie porte aujourd’hui sur « Les enjeux du retour au pouvoir des militaires ».

L’Armée nationale burkinabè a célébré ce mardi 1er novembre 2022, les 62 ans de sa création dans un contexte sécuritaire difficile pour le pays.

Un contexte sécuritaire qui a justifié le retour des militaires à la tête du pays avec deux coups d’Etats en une année, le 24 janvier 2022 et le 30 septembre 2022.

Le premier coup d’Etat a été la résultante de l’échec de la classe politique dans son ensemble, opposition comme majorité avec leurs différents alliés de la société civile.

Le second coup d’Etat a révélé à la place publique, la division au sein des Forces armées nationales, l’écart entre d’un côté, le commandement et la Haute hiérarchie militaire et de l’autre côté, les jeunes officiers et soldats de rang.

Les premiers composés d’officiers supérieurs et d’officiers généraux, formés dans des grandes écoles de guerre à travers le monde, sont basés à Ouagadougou, depuis 7 ans loin des théâtres d’opérations et c’est eux qui définissaient les stratégies de guerre et conseillaient le pouvoir civil qui était en place.

Les seconds, officiers subalternes, sous-officiers et soldats de rang à peine sorties des écoles de formation du Burkina Faso, sont depuis 7 ans, sur les théâtres d’opérations, dans le feu de l’action,  face à l’adversaire avec très peu de moyens de combats.

La première entité des Forces armées nationales a reçu d’importants moyens financiers de l’autorité politique civile dans la lutte contre le terrorisme mais malgré cela, les troupes combattantes n’ont cessé de se plaindre du manque de matériels de combat sur le terrain.

En effet, entre 2016 et 2021, le budget du ministère de la Défense et des anciens combattants est passé de 94,27 milliards de FCFA à 288,94 milliards de FCFA, soit une augmentation de  194,97 milliards de FCFA.

Celui du ministère de la Sécurité est lui passé de 62,76 milliards de FCFA en 2015 à 72,89 milliards de FCFA en 2016 puis à 130 milliards de FCFA en 2021, soit une variation de 78,38%  entre 2016 et 2021.

Malgré ces chiffres communiqués le vendredi 27 novembre 2021 par le ministre de la Défense nationale et des anciens combattants de l’époque, le général Barthélemy Simporé devant le parlement, la situation sécuritaire n’a fait que se dégrader avec ses lots de morts, soldats et de civils, de blessés et de déplacés.

Dans le même temps entre 2016 et 2022, les soldats au front n’ont cessé de se plaindre du manque de dotations en tenues militaires et chaussures, de matériels de combats et du non versement de leurs avantages.

La crise sécuritaire a été gérée de 2016 à 2022 par le pouvoir civil et la Haute hiérarchie militaire comme un deal dans lequel, chacun tirait profit et avantage au grand dam des jeunes soldats et des populations qui mourraient au front et dans leurs localités.

Mais les évènements du 24 janvier 2022 et du 30 septembre 2022 sont venus rappelés à ces deux entités qu’ils ont échouées aux missions qui devaient être les leurs, dans une société normale.

Hélas, quand dans une famille, le père de famille abandonne ses responsabilités, ne soyez pas surpris que ces responsabilités soient assurées par l’ainé de la famille, et si celui-ci emboite le même pas que le papa, en brimant les droits du reste de la famille, l’un des benjamins viendra à prendre la tête de la famille.

Si le commandement de l’armée a profité de l’insouciance et de l’irresponsabilité du pouvoir civil pour laisser pourrir la situation sécuritaire afin de favoriser le retour des militaires au pouvoir, il a, lui-même été rattrapé par son irresponsabilité vis-à-vis de la troupe.

 

Le résultat, l’armée célèbre ce 1er novembre 2022, ses 62 ans de création avec à la tête du pays, de jeunes soldats, acteurs directs de la crise sécuritaire, qui ont combattu et combattent au front.

Ces jeunes soldats se sont néanmoins entourés de quelques officiers supérieurs et de civils avertis pour les aider à la réussite de leur mission.

Une mission qui a été relevé ce 1er novembre 2022 par le tout nouveau ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants le colonel-major Kassoum COULIBALY : « les Forces Armées nationales, (…) ont une obligation de résultats : celle de reconquérir militairement, dans les meilleurs délais, les parties du territoire national sous influence terroriste ».

Et la stratégie pour l’obtention de ces résultats, ne relève plus du pouvoir civil ni de la haute hiérarchie militaire, mais plutôt de ceux qui font la guerre et qui côtoient la mort depuis 7 ans.

Aussi, il est à souhaiter que cette fête des Forces armées nationales, renforce davantage la cohésion au sein des Forces armées nationales en général et particulièrement, qu’elle renforce les liens de ces jeunes soldats qui affrontent l’adversaire depuis 2015 et qui ont aujourd’hui, la charge de la destinée du pays.

A la tête de ces jeunes officiers, le capitaine Ibrahim TRAORE, qui était jusque-là, le commandant du régiment d’artillerie de Kaya, une région fortement éprouvée par la situation sécuritaire.

Le capitaine-président Ibrahim TRAORE doit diriger en ayant à l’esprit, le sacrifice de tous ses frères d’armes, qui ont péri dans cette guerre depuis 2015.

Le capitaine-président Ibrahim TRAORE doit diriger en restant en contact direct avec ses frères d’armes au front, en communiquant avec eux, en étant présent physiquement à leurs côtés, sans médiatisation ni populisme.

Le chef suprême des Forces Armées nationales, Ibrahim TRAORE doit rester avant tout, un chef de guerre pour équiper conséquemment en tenues, en armes, en matériels de combats les troupes combattantes avec tout partenaire prêt à accompagner le Burkina Faso avec franchise.

Pour gagner la guerre, nos soldats au front, doivent développer l’image du soldat du peuple, dans le peuple, qui protège, sécurise, rassure la population, qui travaille et vit avec la population, qui rit, qui souffre, qui vit et meurt avec la population.

Pour ce faire, les FDS doivent arrêter de se barricader dans leurs camps  à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso et dans les zones de front et développer des stratégies de rapprochement avec les populations.

L’armée doit s’inspirer de l’un de ces anciens éléments, le capitaine Thomas SANKARA qui avait réussi en tant que commandant du Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô, de 1976 à 1981, à créer une collaboration franche entre ses soldats et la population de la localité.

Cela permettra de traduire en réalité, le thème de la célébration de cette 62è anniversaire qui est  « Forces Armées nationales et Populations : synergie pour la reconquête de l’intégrité du territoire national ».

Et cela permettra aussi, la réussite du recrutement des 15 000 Volontaires pour la Défense de la patrie sur le plan national et des 35 000 volontaires communaux chargés de protéger aux côtés des FDS, les populations et les biens de leurs communes d’origine.

Bonne fête aux Forces armées nationales burkinabè.

A demain, pour la seconde partie de l’analyse « Regard sur les 48 ans de gestion du pouvoir d’Etat par les militaires » de la Haute Volta au Burkina Faso.

Ouagadougou, le vendredi 4 novembre 2022   

WUROTEDA Ibrahima SANOU

Journaliste-agencier-analyste

www.sanou31@hotmail.fr

71 01 80 28 (whatsapp)

Agence d’information du Burkina (AIB)

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