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Au-delà des discours

Plongé dans une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent depuis 2015, le Burkina Faso a plus que jamais besoin du soutien de tous : de ses voisins, tout comme de ses partenaires régionaux et internationaux. C’est cette réalité qui a amené la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à faire preuve de générosité envers le pays des Hommes intègres . En effet, l’organisation sous régionale a remis, le vendredi 4 novembre 2022, un chèque de 200 000 dollars (environ 120 millions F CFA) aux autorités burkinabè, dans le cadre de son programme d’assistance à l’éducation en situation d’urgence. Cette somme non négligeable servira à maintenir de nombreux élèves dans le système scolaire, malgré le contexte de lutte contre le terrorisme.

Le geste de la CEDEAO est à saluer à sa juste valeur, quand on sait que 4 609 établissements scolaires étaient fermés à cause de l’insécurité au Burkina Faso à la date du 7 octobre 2022, selon des chiffres émanant du ministère en charge de l’éducation nationale. L’organisation qui a toujours affiché sa solidarité envers le Burkina Faso, marque des points dans le soutien à la crise humanitaire, conséquence directe des exactions des groupes terroristes. Avec la CEDEAO, on est habitué à des discours de condamnation des coups d’Etat et à des gymnastiques pour contraindre des putschistes à un retour à un ordre constitutionnel normal dans leurs pays, plutôt qu’à des actes de solidarité à la hauteur des urgences. C’est de bonne guerre, que l’institution communautaire soit exigeante sur le respect des principes de démocratie et de bonne gouvernance mais elle devrait aussi se montrer plus pragmatique sur les situations à la base des coups de force.

Dans le cas du Burkina Faso où plus de 40% du territoire seraient contrôlés par des groupes armés, c’est l’insécurité qui justifie les putschs à répétition. Les politiques sécuritaires des dirigeants déchus peuvent être remises en cause, mais il reste que le pays a besoin de ressources sur le plan militaire pour faire face à ses ennemis. Menacé dans son existence, le Burkina Faso doit coûte que coûte s’affranchir de l’emprise des groupes armés. Les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont déterminés à « casser » du terroriste, encore faut-il qu’ils aient les équipements nécessaires pour combattre. Ces combattants vont jusqu’au sacrifice suprême pour défendre la Nation, malgré la modestie des moyens matériels dont ils disposent. En plus des efforts internes au Burkina Faso, on aurait aimé voir la CEDEAO, tout comme elle vient d’en faire la preuve sur le volet humanitaire, appuyé le pays en armements et en soldats.

La lutte contre le terrorisme nécessite de gros moyens humains, matériels et financiers, qu’il n’est pas évident pour un pays à lui seul de s’imposer sur les forces du mal. Au-delà des discours de solidarité, la CEDEAO devrait œuvrer à soutenir militairement les Etats membres confrontés au terrorisme. Ce qui aura l’avantage de renforcer l’esprit communautaire et de créer des conditions propices à l’exercice de la démocratie tant promue. A l’heure actuelle, le Burkina doit sortir de l’insécurité généralisée pour prétendre organiser des élections. Il est souhaitable que la CEDEAO agisse véritablement dans ce sens, ce qui pourra contribuer pourquoi pas à changer la donne sur le terrain. Le souhait est que l’organisation mette en place une force antiterroriste qui profitera en priorité aux Etats membres victimes d’attaques. Une vraie solidarité doit prévaloir…

Kader Patrick KARANTAO

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