Dans le cadre de son programme d’activités à la 27e Conférence des Nations unies sur le climat, COP27, l’Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique (AFSA), en partenariat avec IPES-Food, a organisé un panel sur le thème : « Bâtir des politiques alimentaires africaines pour des systèmes alimentaires durables et résilients », le mercredi 9 novembre 2022, à Charm el-Cheikh, en Egypte.
La société civile africaine veut une prise en compte des systèmes alimentaires africains dans la lutte contre le changement climatique et dans l’agenda de la Conférence des Nations unies sur le climat. A cet effet, l’Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique (AFSA), en partenariat avec IPES-FOOD, a organisé un panel sur le thème : « Bâtir des politiques alimentaires africaines pour des systèmes alimentaires durables et résilients », le mercredi 9 novembre 2022, à Charm el-Cheikh, en Egypte. Le coordonnateur général de l’AFSA, Dr Million Belay, dans sa communication sur le dialogue des politiques alimentaires, a indiqué que ces politiques sont multidimensionnelles.
Car elles couvrent non seulement la nourriture, les systèmes de production mais touchent aussi à la santé publique, à la vie économique, sociale et culturelle des populations. Le combat de AFSA est de permettre au continent africain d’avoir des systèmes alimentaires sains, durables, équitables et abordables. Mais l’une des faiblesses des politiques alimentaires en Afrique, selon une étude menée par AFSA, est qu’elles ne sont pas participatives, ne sont pas articulées à la vision des peuples africains, a fait savoir Dr Belay. Pire, il n’y a pas, à l’échelle continentale, une vision cohérente en matière de systèmes alimentaires à laquelle s’agrègent les politiques nationales.
Il y a donc lieu de mener des plaidoyers pour une transformation profonde des systèmes alimentaires africains. Dans cette dynamique, AFSA mène des rencontres stratégiques, des dialogues dans 23 pays africains et surtout une campagne dénommée « ma nourriture est africaine » dans 30 pays du continent.
Une question de droits humains
Partant de l’exemple de son pays, l’expert en développement, Wilberforce Laate, a indiqué que les systèmes alimentaires ghanéens souffrent de leur dépendance de plusieurs ministères sans une vision d’ensemble. S’il y a lieu de confier le lead des systèmes alimentaires au ministère de l’Agriculture, il importe cependant de prendre en compte toutes les chaines de valeurs des systèmes alimentaires et intégrer les acteurs étatiques et non étatiques pour une véritable synergie d’actions, a-t-il préconisé. La coordinatrice communication et plaidoyer de ResCOPE/Kenya, Karen Nekesa, a souligné que l’alimentation est un sujet sensible, une question de droit humain fondamental.
Pour avoir une mainmise sur ses systèmes alimentaires, l’Afrique doit être maître de ses semences agricoles, a-t-elle insisté. Il importe aussi de valoriser les techniques traditionnelles de conservation des aliments, des semences, d’impliquer les communautés de base, les paysans qui nourrissent plus de 60% des Africains, les questions de résilience, de climat. L’implication des femmes, la récupération de terres dégradées à travers la promotion et la valorisation des approches agroécolo-giques constituent aussi des actions essentielles à déployer.
Mme Nekesa a également insisté sur la nécessité d’intégrer dans l’éducation des enfants les systèmes alimentaires, les pratiques agroécologiques. Car, l’alimentation joue un rôle central dans l’avenir de ces tout-petits, a-t-elle soutenu. Selon Karen Nekesa, l’une des causes des crises alimentaires en Afrique est liée à la priorité que les populations accordent aux cultures de rente. En tout état de cause, il est temps que la COP prenne en compte les connaissances endogènes africaines dans la lutte contre le changement climatique, a-t-elle conclu.
Changer de paradigme
Pour la parlementaire ougandaise, Christine Kaaya Nakimwero, pour mieux adresser la question alimentaire en Afrique, il urge d’avoir des approches innovantes, un nécessaire changement de paradigme. Pour elle, la transition agroécologique est la solution pour le continent africain. Car l’agroécologie met l’accent sur les potentialités, les particularités locales, s’adapte aux différents écosystèmes. Pour la députée Nakimwero, s’il y a lieu de travailler à amener les parlementaires africains à prendre conscience de l’importance de l’agroécologie, il y a lieu aussi que les autres parties, notamment les organisations de la société civile, jouent également leur partition.
Les questions des participants à ce panel ont porté, entre autres, sur les meilleurs mécanismes de distribution des aliments en Afrique pour compenser les déficits entre les régions, une meilleure implication des parlementaires dans la transition agroécologique et la prise en compte du genre dans les politiques alimentaires. En tout état de cause, l’Union africaine et les Etats africains sont interpellés sur l’urgence à se doter de politiques alimentaires cohérentes pour des systèmes alimentaires sains, durables et résilients pour le bonheur des peuples africains, a conclu Dr Million Belay. Ce panel a servi de cadre pour l’AFSA de lancer son nouveau livre intitulé “The climate emergency : How Africa can Survive and Thrive” ou “Urgence climatique : Comment l’Afrique peut survivre et prospérer”, dans la Barefoot Guide Agroecology Series.
L’ouvrage est un condensé des divers systèmes alimentaires africains et les menaces auxquelles ils sont confrontés en raison de l’urgence climatique. Il aborde également les obstacles liés aux fausses solutions climatiques que propose le système alimentaire industriel. Malgré les adversités, ce livre offre des histoires d’espoir et de régénération d’agriculteurs, d’éleveurs, de pêcheurs, de peuples autochtones, de femmes et de jeunes africains de tout le continent.
Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com
Depuis Charm el-Cheikh (Egypte)