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COP27 : « Nous voulons que les pays développés s’engagent à respecter leurs engagements »,

dixit Do Etienne Traoré, point focal national de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique au Burkina Faso.

Sidwaya (S) : Quel est le message ou les préoccupations que le Burkina Faso porte à cette COP27 ?

Do Etienne Traoré (D. E. T.) : Comme vous le savez, le Burkina Faso fait partie des pays les plus vulnérables au changement climatique. Nous attendons, à l’issue de cette COP27, que des décisions fortes à même de nous permettre de réduire notre vulnérabilité soient prises sur un certain nombre de questions qui sont d’importance capitale pour le Burkina Faso. Il s’agit notamment du financement des actions d’adaptation, des pertes et préjudices, du transfert de technologie, de renforcement de capacités, de l’agriculture. Ce n’est un secret pour personne, l’économie de notre pays est basée sur l’agriculture qui est un secteur très vulnérable au changement climatique. Le Burkina Faso souhaite donc que des décisions majeures soient prises sur ces différentes thématiques.

S : Concrètement, à combien s’évaluent les besoins de financement du Burkina Faso pour faire face à sa vulnérabilité climatique ?

D. E. T. : Le Burkina Faso dispose de documents stratégiques qui contiennent des actions budgétisées. Nous disposons d’un plan national d’adaptation assorti d’actions avec des coûts bien déterminés. Nous avons également un document appelé Contribution déterminée au niveau national (CDN). Il est assorti d’outils de sa mise en œuvre, en l’occurrence le plan d’investissement et le plan de partenariat. Ses différents documents stratégiques sont déclinés en actions prioritaires budgétisées. Le Burkina Faso élabore actuellement une stratégie de développement à long terme bas carbone, dans laquelle sont décliné des scénarios de développement propres avec des coûts. En marge de la COP27, nous rencontrons, dans un cadre bilatéral, des partenaires techniques et financiers pour présenter ces documents.

S : Peut-on avoir des chiffres sur ces différentes actions budgétisées ?

D. E. T. : La CDN par exemple, les besoins de financement à mobiliser s’élèvent à plus de 2 milliards de dollars USD sur la période 2021-2025. Ce montant correspond aux projets contenus dans la CDN pour lesquels nous n’avons pas de financements acquis.

S : Vous avez déjà rencontré des partenaires financiers. Y a-t-il des notes d’espoir pour certains projets ?

D. E. T. : Le Burkina Faso fait partie d’une coalition mondiale dénommée NDC Partnership qui regroupe de nombreux partenaires techniques et financiers. Nous avons participé aux évènements organisés par NDC Partnership et nous avons eu l’occasion de discuter avec plusieurs d’entre eux sur le renforcement de la collaboration et le financement des notes d’idées de projets en recherche de financement. Il y a vraiment de l’espoir car le Burkina Faso dispose de beaucoup d’éléments sur lesquels les financements peuvent être mobilisés. Plusieurs partenaires de NDC Partnership accompagnent le Burkina Faso et sont prêts à poursuivre leur accompagnement.

S : Quels sont les défis communs du Burkina Faso avec les autres pays africains ?

D. E. T. : Les autres pays africains sont aussi vulnérables au changement climatique comme le Burkina Faso. Comme vous le savez, cette COP27 est placée sous le signe de la mise en œuvre. Le souhait de l’Afrique est que l’Accord de Paris qui a été adopté en 2015 soit effectivement mis en œuvre. Lors des dernières COP, notamment celles de Katowice en Pologne et de Glasgow en Ecosse, nous avons pu adopter des plans d’actions, à savoir le paquet climatique de Katowice et le pacte climatique de Glasgow. Notre souhait est que ces plans d’actions soient effectivement opérationnalisés. In fine, il faudrait qu’à l’issue de cette COP, tout le monde sorte heureux, car des décisions ont été prises pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris. Dans le cadre des négociations de la COP, le Burkina Faso travaille avec des groupes de Pays avec lesquels nous partageons des préoccupations communes. En plus du groupe africain, notre pays est membre du groupe des Pays les moins avancés (PMA), du G77-Chine. Il est également actif au niveau de la CEDEAO. Ce sont dans ces groupes que nous déversons nos préoccupations en matière de lutte contre le changement climatique. Parallèlement aux travaux de la COP, nous œuvrons également au renforcement de partenariats afin de mobiliser des ressources pour la mise en œuvre des actions sur le terrain. Nous organisons aussi des évènements parallèles au cours desquels nous partageons nos expériences pays en matière d’actions climat, présentons les défis auxquels nous sommes confrontés, le tout dans l’optique d’attirer des bailleurs de fonds pour nous accompagner dans la mise en œuvre des actions qui n’ont pas de financements.

S : Cette question de la mise en œuvre des engagements pris et non tenus est-elle présente dans les débats qui se mènent actuellement au sein des cadres de négociation de cette COP27 ?

D. E. T. : Oui, la question est au centre des débats. Qui parle de mise en œuvre, parle d’engagements financiers qui doivent suivre. Depuis des années, ce sont des promesses qui sont faites mais elles ne sont pas suivies de mise en œuvre. L’opérationnalisation tarde donc à venir. Nous voulons que les pays développés s’engagent à respecter leurs engagements. Nous ne voulons plus d’engagements verbaux mais d’engagements suivis d’actions concrètes sur le terrain.

Interview réalisée par Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

Depuis Charm El Cheikh (Egypte)

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