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Réussir ou périr

Alors que les groupes armés gagnent du terrain, certains Burkinabè semblent n’avoir pas encore pris conscience de la situation catastrophique dans laquelle leur pays est plongé. Nombre de compatriotes, surtout les citadins, se la coulent douce, raffolant au quotidien des nouvelles du front. Ils sont dans la position du spectateur ou du commentateur, comme s’ils suivaient un film rempli de suspense. Ces Burkinabè sont très actifs sur les réseaux sociaux avec des partages d’informations, pas toujours fondées et des critiques à la pelle. S’ils ne sont pas dans la fiction, ils ignorent les réalités de l’intérieur du pays où des compatriotes, en plus d’être traumatisés, manquent de tout, à cause des attaques terroristes. Seule la présence des déplacés internes, à certaines artères de la capitale ou ailleurs, rappellent, de temps en temps, à ces concitoyens, les misères du pays. Pourvu que leurs familles soient à l’abri du besoin, le reste, ils s’en foutent. Que font-ils pour aider le pays à sortir du gouffre, si ce n’est bavarder ?

Tous autant que nous sommes, riches ou pauvres, nous devons soutenir le combat contre les ennemis de la Nation. Aucun geste de soutien aux Forces de défense et de sécurité (FDS), aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et aux déplacés internes n’est à minimiser. Il faut aider, coûte que coûte, le pays à se remettre sur les rails. Chacun de nous doit apporter sa pierre à l’édifice. Cette philosophie n’a malheureusement pas encore été bien comprise par tous. Le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, en a donné l’illustration, lors de sa rencontre du 11 novembre dernier, avec les responsables de partis politiques et d’Organisations de la société civile (OSC).

« Quand nous avons voulu louer des camions pour acheminer des vivres à Djibo, des commerçants sont restés sur leurs prix élevés. Ils savaient qu’on voulait aller sauver des Burkinabè en danger. Mais ils sont restés imperturbables. Le Burkinabè n’a pas pitié du Burkinabè », a-t-il déclaré. Même si on veut faire du profit, ce qui est normal, on ne saurait être insensible à la situation des populations en détresse. Certains commerçants auraient pu rendre service à la Nation, en offrant gratuitement leurs camions pour livrer les vivres aux compatriotes en difficulté. Dans ce contexte de guerre, une certaine logique voudrait qu’on accepte perdre pour aider la patrie en péril. Hélas ! La posture de l’indifférence s’accommode avec l’image du Burkinabè nouveau, hypocrite, mauvais et sans compassion pour son prochain. Certains habitants des grandes villes ne se soucient pas tellement du sort du pays, oubliant que les terroristes peuvent s’emparer, d’un jour à l’autre, de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso ou de Koudougou.

Même si on est patriote, il ne faut pas exclure cette possibilité, comme l’a laissé entendre le chef de l’Etat qui appelle à une introspection et à une prise de conscience réelle face à la crise sécuritaire. Plus de 40% du territoire national, voire plus, échappe au contrôle du gouvernement et la situation pourrait se dégrader davantage, même si on ne le souhaite pas. Le Burkina Faso pourrait disparaitre, si ses filles et fils n’affichent pas plus d’unité, de solidarité et de responsabilité. Pendant que certains défendent le pays, d’autres font le jeu de ses agresseurs, s’ils n’attisent pas le feu. A cause de leurs intérêts égoïstes, certains compatriotes applaudissent sous cape, ce qui arrive au pays. C’est surprenant, mais c’est la réalité. Il nous sera difficile de venir à bout de l’hydre terroriste dans un tel environnement. Les Burkinabè doivent aller au-delà de leurs divergences et se donner la main pour faire face au terrorisme. C’est un impératif…

Kader Patrick KARANTAO

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