Dans cette interview, l’ambassadeur de la République populaire de Chine au Burkina, Lu Shan, revient sur les grandes décisions qui ont été prises lors du 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), tenu en octobre dernier. Pour le diplomate, la Chine prendra une part active au développement et à la réforme du système de gouvernance mondiale, appliquera la conception de gouvernance mondiale dite « concertation, synergie et partage ».
Sidwaya (S) : Le 20e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) est une réunion historique qui s’est tenue dans le contexte du grand développement de la Chine. Présentez-nous le contexte et le sens de ce congrès.
Lu Shan (L.S.) : Depuis le 18e Congrès national du Parti communiste chinois, le Comité central du PCC, avec le camarade Xi Jinping en son centre, a conduit l’ensemble du parti et le peuple de tout le pays à concrétiser une série d’acquis théoriques, pratiques et institutionnelles majeures. Nous avons inauguré le centenaire de la fondation du PCC, achevé la tâche historique de lutte contre la pauvreté et atteint l’objectif du premier centenaire, soit la construction d’une société modérément prospère de manière globale. Le socialisme à la chinoise est entré dans une nouvelle ère.
Après 100 ans de lutte, le PCC est devenu le plus grand parti marxiste au pouvoir au monde. Il a exploré avec succès une voie de développement conforme aux conditions nationales de la Chine, permettant à la Chine d’accomplir un grand bond (passant d’une nation qui s’est relevée à une nation prospère ; puis à une nation puissante), offrant aux pays en développement une nouvelle voie de la modernisation, apportant la sagesse chinoise et les solutions chinoises aux problèmes humains. Le développement de haute qualité de la Chine a obtenu des résultats spectaculaires.
Le PIB chinois est passé de 54 000 milliards de yuans en 2012 à 114 000 milliards de yuans en 2021, et représente 18,5 % de l’économie mondiale ; et le PIB par habitant est passé de 39 800 yuans à 81 000 yuans. La population à revenu intermédiaire de la Chine s’est élevée à plus de 400 millions d’individus. L’emploi, l’éducation, la santé, la protection sociale et d’autres domaines relatifs au bien-être de la population ont enregistré des progrès importants. Dans le processus de construction d’une société de moyenne aisance à tous égards, 832 districts pauvres et près de 100 millions de ruraux démunis sont sortis de la pauvreté, réalisant l’objectif fixé dans l’Agenda 2030 des Nations unies avec 10 ans d’avance et apportant une contribution significative à la réduction de la pauvreté dans le monde.
Le 20e Congrès du PCC est un congrès extrêmement important qui a lieu au moment critique où notre parti et notre peuple multiethnique s’engagent dans la nouvelle marche de l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne et s’acheminent vers la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire. Le congrès a prouvé une fois de plus que le PCC a toujours été le noyau dirigeant de la cause du socialisme à la chinoise, et a toujours été le pivot le plus fiable et le plus solide du peuple chinois et de tout le pays.
Tant que les Chinois seront étroitement unis autour du Comité central du Parti avec le camarade Xi Jinping au centre, nous serons sûrement en mesure d’atteindre l’objectif du deuxième centenaire, soit de faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines.
S : Quel rôle cette réunion peut-elle jouer dans le développement futur de la Chine ?
L.S. : L’acquis politique le plus important du 20e Congrès national du PCC est l’élection du nouveau Comité central du Parti rassemblé autour du camarade Xi Jinping. La position centrale du secrétaire général Xi Jinping est formée et réaffirmée pendant des années de sa gouvernance. C’est l’appel du temps, le choix de l’histoire et l’attente du peuple. Le congrès a formulé des politiques et des stratégies majeures pour le développement du parti et du pays dans la nouvelle ère.
Ce congrès précise d’une manière plus poussée qu’à partir de maintenant, le PCC a pour tâche centrale d’unir et de conduire le peuple chinois multiethnique pour réaliser l’objectif du deuxième centenaire, soit de faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines, et pour promouvoir de manière exhaustive le grand renouveau de la nation grâce à la modernisation chinoise. Dans le cadre de l’édification intégrale d’un grand pays socialiste moderne, nos dispositions stratégiques globales prévoient deux étapes.
La première étape consiste à réaliser pour l’essentiel la modernisation socialiste de 2020 à 2035. Les objectifs concrets sont les suivants : augmenter fortement la puissance économique, scientifique et technologique de la Chine ainsi que sa puissance globale, et faire en sorte que le PIB par habitant franchisse de nouveaux paliers pour atteindre le niveau des pays moyennement développés ; élever le niveau d’indépendance et réaliser de plus grands progrès en matière de sciences et technologies, de manière à ce que la Chine se hisse au premier rang des pays innovants.
Il est question de mettre en place un système économique moderne, créer un nouveau modèle de développement, et réaliser pour l’essentiel l’industrialisation de type nouveau, l’informatisation, l’urbanisation et la modernisation agricole de la Chine ; moderniser le système et la capacité de gouvernance de la Chine, perfectionner le système de démocratie populaire intégrale, et édifier dans l’ensemble un Etat, un gouvernement et une société qui respectent la loi.
Entre autres, il s’agira de poursuivre l’objectif d’une « Chine saine », veiller à ce que le pays soit puissant dans les domaines de l’éducation, des sciences et technologies, de la formation des compétences, de la culture et des sports, et renforcer considérablement la puissance culturelle du pays. Il est question de s’assurer que la population mène une vie plus heureuse, que le revenu disponible par habitant atteigne de nouveaux sommets, que la proportion des personnes à revenu moyen s’accroisse sensiblement, que l’homogénéisation des services publics fondamentaux soit réalisée, que les habitants ruraux bénéficient dans l’ensemble de conditions de vie modernes.
Il faut veiller à ce que la stabilité sociale soit assurée à long terme, et que des progrès substantiels et notables soient réalisés dans la promotion de l’épanouissement de l’individu et de l’enrichissement commun de la population. L’objectif est de promouvoir largement un mode de production et de vie écologique, faire régulièrement diminuer les émissions de carbone après qu’elles ont atteint leur pic, améliorer fondamentalement les écosystèmes, et faire en sorte que l’objectif d’une belle Chine se réalise.
A terme, il y a lieu de renforcer le système de sécurité nationale et la capacité à sauvegarder la sûreté de l’Etat, et réaliser dans l’ensemble la modernisation de la défense nationale et de l’armée. La deuxième étape consiste à faire de la Chine un grand pays socialiste moderne, beau, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé de 2035 au milieu du siècle.
S : Le concept de modernisation à la chinoise a été proposé pour la première fois lors du 20e Congrès national du Parti communiste chinois, pouvez-vous présenter brièvement sa connotation ?
L.S. : Le PCC a pour tâche centrale d’unir et de conduire le peuple chinois multiethnique pour réaliser l’objectif du deuxième centenaire, soit de faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines, et pour promouvoir de manière exhaustive le grand renouveau de la nation grâce à la modernisation chinoise. Nous refusons de reprendre l’ancienne voie du repli sur soi et de l’immobilisme, comme nous rejetons la voie erronée nous menant à l’abandon de notre drapeau.
Nous insistons de compter sur notre propre force pour réaliser le développement du pays et prendre fermement le destin de la nation chinoise entre nos propres mains. La modernisation que nous poursuivons est une modernisation socialiste dirigée par le PCC. Elle partage non seulement des points communs avec la modernisation des autres pays, mais possède aussi, et surtout, des caractéristiques chinoises basées sur les réalités concrètes du pays.
La modernisation chinoise se caractérise par la grande taille de sa population. Il faut faire en sorte que plus de 1,4 milliard de Chinois accèdent à une société plus moderne. La modernisation chinoise c’est aussi la prospérité commune du peuple tout entier. Nous travaillons à défendre et promouvoir l’équité et la justice sociales, et nous nous efforçons de réaliser la prospérité commune de toute la population, tout en évitant résolument que se crée une polarisation sociale. La modernisation chinoise prend aussi en compte l’équilibre entre la civilisation matérielle et spirituelle.
La modernisation chinoise définit tout de même une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. La modernisation chinoise se distingue par sa poursuite de la voie du développement pacifique. La voie de la modernisation à la chinoise ne copie aucun modèle tout fait, c’est une voie adaptée à la situation réelle du pays. Elle offre également un nouveau choix aux pays et nations du monde qui souhaitent accélérer leur développement et conserver leur indépendance en même temps.
S : Quelle place le 20e Congrès du PCC a-t-il accordé au développement futur du monde et à la coopération sino-africaine ?
L.S. : Le secrétaire général Xi Jinping a systématiquement présenté les relations entre la Chine et le monde à l’avenir dans le rapport du 20e Congrès national du PCC. Selon lui, la Chine poursuit depuis toujours une politique extérieure ayant pour but la préservation de la paix mondiale et la promotion du développement commun, et s’engage dans la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.
En poursuivant résolument sa politique extérieure d’indépendance et de paix, la Chine déterminera toujours sa position et ses politiques en faisant, dans le cours des événements, la distinction entre ce qui est juste et ce qui est erroné, et continuera à défendre les normes fondamentales régissant les relations internationales ainsi que l’équité et la justice internationales en s’opposant fermement à l’hégémonisme et à la politique du plus fort sous toutes leurs formes et rejette la mentalité de guerre froide, les ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays et le « deux poids, deux mesures ».
La Chine développera des liens d’amitié et de coopération avec les autres pays sur la base des cinq principes de la coexistence pacifique, et continuera d’œuvrer à l’établissement d’un nouveau type de relations internationales, à l’approfondissement de partenariats d’égal à égal, ouverts et coopératifs dans le monde, et à la recherche d’une plus grande convergence d’intérêts avec les autres pays.
En appliquant sa politique fondamentale d’ouverture sur l’extérieur et en poursuivant une stratégie d’ouverture mutuellement bénéfique, la Chine offrira sans cesse de nouvelles opportunités au monde par son nouveau développement et œuvrera à la construction d’une économie mondiale ouverte, de manière à apporter plus de bénéfices aux autres peuples. La Chine prendra une part active au développement et à la réforme du système de gouvernance mondiale, appliquera la conception de gouvernance mondiale dite « concertation, synergie et partage », défendra un véritable multilatéralisme, favorisera la démocratisation des relations internationales et fera évoluer la gouvernance mondiale dans un sens plus juste et plus raisonnable.
La Chine appelle sincèrement tous les pays du monde à faire rayonner les valeurs communes à toute l’humanité que sont la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie et la liberté ; à favoriser la compréhension mutuelle et le rapprochement des peuples ; à respecter la diversité des civilisations et à relever ensemble les différents défis mondiaux. En suivant l’esprit du 20e Congrès national du PCC, la Chine continuera à faire valoir l’esprit d’amitié et de coopération sino-africaine et à défendre fermement les principes de « sincérité, résultats effectifs, amitié et bonne foi » et de recherche du plus grand bien et des intérêts partagés dans sa coopération avec les pays frères de l’Afrique.
Nous entendons travailler ensemble avec les pays africains dont le Burkina Faso à saisir les opportunités, offertes par la coopération dans le cadre de l’Initiative la Ceinture et la Route et la mise en œuvre des acquis de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine, pour partager les opportunités de développement, explorer de nouveaux potentiels de coopération, parvenir à une prospérité commune et sauvegarder les intérêts communs des pays en développement.
Propos recueillis par Karim BADOLO
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