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Se déconnecter pour émerger

La refondation de l’Etat apparait de plus en plus comme une nécessité impérieuse pour sortir du cercle des incessants retours en arrière qui grippent le système démocratique. Il n’est pas superflu de s’attarder sur l’aspect économique de cette refondation qui passe par une déconnexion du système capitaliste mondial qui annihile les efforts de développement de nos pays, pourtant richement dotés par la nature et en mesure de transformer qualitativement leurs bases infrastructurelles.

En effet, la mondialisation marchande et financière qui a cours actuellement ne peut qu’engendrer un développement inégal différenciant les centres du capitalisme où l’appareil de production s’est développé et où le prolétariat peut accéder au statut de classe moyenne consommatrice des périphéries desdits centres où sont produites ou extraites les matières premières transformées dans les centres. Le prolétariat ne pouvant accéder à l’autonomie financière, il s’ensuit des émeutes sociales avec leurs corollaires que sont les putschs militaires.

C’est dire donc que le centre impérialiste et la périphérie exploitée auront toujours des intérêts divergents. Notre sous- développement est donc le produit du rapport de force avec les pays du centre et des structures permettant l’accumulation au profit de ces derniers. C’est une loi économique et sociale indéniable que la main qui donne est toujours en dessous de celle qui reçoit, et celui qui nous inspire tous de nos jours, Thomas Sankara en l’occurrence le savait si bien qu’il a affirmé que l’aide doit assassiner l’aide et que l’impérialisme se trouve dans nos assiettes et sur les têtes de nos épouses à travers le riz importé et les produits cosmétiques.

Le développement endogène est donc une œuvre de décolonisation mentale, ce qui rend le chantier plus ardu. Ce n’est donc pas l’argent roi qui pourrit nos systèmes démocratiques comme l’air du temps le prétend mais notre incapacité à sortir des schémas théoriques usés et inopportuns. Les pays africains ont plus besoin d’économies fortes que de systèmes démocratiques forts surtout quand ceux-ci sont calqués sur l’extérieur. Alors oui, pour une refondation qui remet en cause l’ordre mondial afin que l’esclave puisse enfin assumer sa révolte et se libérer de ses chaînes. Autrement, on ira toujours de Charybde en Scylla.

Boubakar SY

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