La Coalition islamique militaire pour combattre le terrorisme (CIMCT) a organisé un symposium sur le thème : « rôle des médias dans la lutte contre le terrorisme », le mardi 29 novembre 2022, à Riyadh, en Arabie saoudite. L’objectif est d’impliquer davantage les professionnels de l’information dans la lutte contre l’hydre terroriste.
Les médias jouent un rôle important dans la diffusion de la pensée et de la propagande terroristes et des messages de haine. Ils ont également une contribution déterminante à apporter dans le combat pour l’éradication de ce phénomène qui gangrène le monde entier. Consciente de cet enjeu, la Coalition islamique militaire pour combattre le terrorisme (CIMCT) a inscrit les médias parmi ses quatre domaines stratégiques d’intervention.
Dans le prolongement de cette vision stratégique, elle a organisé un symposium sur le thème : « rôle des médias dans la lutte contre le terrorisme », le mardi 29 novembre 2022, à Riyadh, en Arabie saoudite.
Le secrétaire général du centre du CIMCT, le Général Major Mohammed bin Saïd al Mughaidi, a indiqué que son institution veut faire des médias des alliés stratégiques dans son programme de lutte contre le terrorisme. © : Mahamadi Sebogo
Rappelant le leadership de l’Arabie saoudite dans la création de cette Coalition, le secrétaire général du centre du CIMCT, Général major Mohammed bin Saïd al Mughaidi, a indiqué que l’organisation de ce symposium répond à la nécessité de tisser des liens de collaboration avec les médias dans son programme de lutte contre le terrorisme. Les institutions médiatiques devant être, selon lui, des lieux de productions de contenus et de discours qui contribuent à éradiquer le phénomène et non qui alimentent ou relayent la pensée et l’idéologie terroristes.
Le thème de ce symposium a été décortiqué par le ministre sierra-léonais de l’information et de la communication, Dr Mohamed Rahman Swary, le président des radios et télévisions de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Dr Amr Mamdouh Fouad El-Leithy et le doyen du Centre d’études supérieures de l’Université islamique des Maldives, Dr Ibrahim Zakariyya Moosa.
Les panélistes ont soutenu que le terrorisme moderne avant tout est un phénomène médiatique. © : Mahamadi Sebogo
Selon ce dernier, le bonheur dont l’humanité a tant besoin est fortement tributaire de la paix dans les sociétés mais aussi à l’intérieur des hommes. Dr Ibrahim Zakariyya Moosa a axé sa communication sur le « rôle des médias dans la lutte contre le discours terroriste ».
Pour lui, les plateformes médiatiques contemporaines sont parmi les moyens les plus pernicieux manipulés par les terroristes. « Les extrémistes exploitent généralement le Saint Coran et la Sunnah purifiée du Prophète en dehors de leur contexte propre », a confié Dr Ibrahim Zakariyya Moosa. Discours de haine, exacerbation des questions sociales, chantage affectif, attisement des conflits religieux, création de troubles politiques, exploitation de la religion pour servir leurs desseins, sont, entre autres, les méthodes utilisées par les groupes extrémistes, a-t-il ajouté.
Les médias étant un puissant et influent moyen utilisé par les groupes terroristes, les journalistes devraient avoir une couverture responsable des incidents terroristes, car un attentat terroriste est, en soi, une forme de communication des terroristes et une démonstration de force.
Un effort professionnel supplémentaire
Pour ce faire, les professionnels de l’information doivent être conscients à l’avance de l’impact psychologique et des conséquences avant toute couverture d’un incident terroriste, et avoir une approche validée du traitement de l’information terroriste, a insisté Dr Moosa.
Les participants ont recommandé la nécessité de renforcer les capacités des journalistes sur le traitement de l’information liée au terrorisme. © : Mahamadi Sebogo
Et la grande question que l’on doit se poser, a-t-il poursuivi, est comment trouver un équilibre entre la liberté d’expression et la dénonciation des activités terroristes, tout en respectant les lois du pays. En un mot, les hommes et femmes de médias doivent être vigilants et prudents dans la couverture d’évènements terroristes, a-t-il conseillé. Pour lui, le traitement de l’information nécessite un effort professionnel supplémentaire de la part du journaliste.
Le ministre sierra-léonais de l’information et de la communication, Dr Mohamed Rahman Swary, a entretenu les participants au symposium sur « le recours aux médias sociaux pour réduire la propagande de l’extrémiste ».
Il s’est appesanti sur les capacités d’influence des médias (traditionnels et surtout modernes) sur les individus et les changements sociaux. Pour lui, les médias sociaux sont devenus une arme à double tranchant dont le rôle dans la construction de la paix ne doit être sous-estimée.
Si le chômage constitue un terreau fertile au recrutement des jeunes dans les mouvements terroristes, il y a un gigantesque travail que les Etats doivent opérer dans la mobilisation sociale pour contrer le discours de haine, de l’extrémisme violent. Et l’objectif final est d’ouvrer à rendre les médias sociaux utiles à l’homme, à la société et non pour détruire l’humanité.
La dernière thématique a porté sur « le terrorisme, un crime qui menace l’ordre de la communauté internationale » et présentée par le président des radios et télévisions de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Dr Amr Mamdouh Fouad El-Leithy.
Si le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau (existe depuis l’aube de l’humanité), son expression moderne est plus violente ; avec des financements qui ne viennent plus d’Etats « voyous » mais de sources diversifiées, a-t-il souligné.
Avec l’avènement et la prolifération des médias numériques, opérant sans surcoût dans un espace sans frontière, le terrorisme moderne est avant tout un phénomène communicationnel, médiatique, a-t-il insisté.
« L’attentat terroriste n’est pas uniquement un évènement violent, il est aussi un acte de communication », a précisé Dr Amr Mamdouh Fouad El-Leithy. Pour lui, la meilleure option est d’éviter la couverture des activités terroristes, comme le font certains pays.
Déployer l’arme de la communication
Au cours de ce symposium, panélistes et participants ont fait des recommandations pour l’éradication du terrorisme.
Il s’agit, entre autres, de la prise en compte de la lutte contre le phénomène dans les programmes d’enseignement, du renforcement structurel des compétences des journalistes, la formation de médias alternatifs, l’intensification du rôle des Etats dans la mobilisation sociale, les campagnes de sensibilisation des jeunes et l’accélération de la construction de discours alternatifs.
Pour le chef de la délégation burkinabè, le colonel Karim Ouily, ce symposium vient rappeler l’urgence, dans la lutte contre le terrorisme, d’établir un partenariat entre les médias et les militaires. © : Mahamadi Sebogo
Pour le directeur de la communication et des relations presse du ministère en charge de la défense, le colonel Ouily Karim, chef de la délégation burkinabè, le thème de ce symposium vient rappeler combien il est important d’établir un partenariat entre les médias et l’armée. Car, la lutte contre ce phénomène n’est pas seulement militaire mais induit aussi le champ de la perception, dont les médias sont les premiers acteurs.
« Désormais, il est temps que militaires et journalistes travaillent en tandem pour que ce pan de la lutte contre le terrorisme puisse avoir du succès, tant dans la prévention que dans l’action sur le terrain. Les autorités militaires Burkinabè sont dans cette dynamique de renforcement du partenariat avec les acteurs médiatiques », a souligné le colonel Ouily.
Pour le directeur des chaines thématiques de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), Evariste Combary, face aux terroristes utilisant les médias pour influencer l’opinion nationale mais aussi pour commettre leurs atrocités, ce symposium interpelle les acteurs des médias sur leurs responsabilités.
Le directeur des chaines thématiques de la RTB, Evariste Combary : « Les journalistes doivent savoir utiliser leurs plumes pour ne pas être les relais aveugles des groupes terroristes ». © : Mahamadi Sebogo
« Les journalistes doivent savoir utiliser leurs plumes pour ne pas être les vecteurs communicants pour les terroristes, les relais aveugles de ces groupes. Ce symposium pose aussi la question de la liberté d’expression face à la complicité que les médias peuvent avoir dans les attaques terroristes », a-t-il fait savoir.
Nous devrions faire attention à tout ce que nous publions, relayons, car une petite publication peut être dévastatrice pour l’opinion nationale et au service des terroristes. S’il y a urgence à renforcer les capacités des journalistes face à ce contexte difficile, il faut aussi avoir le courage politique de contrôler les médias, a soutenu M. Combary.
Mahamadi SEBOGO
Depuis Riyadh (Arabie Saoudite)
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