La direction nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B) ont organisé leur quatrième rencontre de concertation de l’année 2022, ce mercredi 7 décembre. L’évolution de la situation du secteur bancaire, l’état d’avancement du dispositif de soutien au financement des PME/PMI dans l’Union monétaire ouest-africaine ont entre autres constitué les points saillants des échanges.
Le secteur bancaire est résilient et se porte bien. Et ce n’est pas le directeur national de la BCEAO, Charles Luanga Ki-Zerbo, qui dira le contraire. Il note une évolution de 15% des ressources passant de 6 000 milliards en septembre 2021 à 6 945 milliards en septembre 2022.
« Il y avait eu des mesures qui avaient été prises pour gérer la période de la Covid-19 qui ont été désarmées entre guillemets. C’est le signe qu’on est revenu à une situation normale pour le fonctionnement du secteur bancaire. Le secteur a été résilient. Il y a eu des réformes prudentielles qui ont été mises en œuvre depuis un certain nombre d’années, les efforts de maitrise des risques dans les établissements, les efforts des actionnaires et le renforcement des fonds propres », a-t-il indiqué. Il était face à la presse ce mercredi 7 décembre 2022 à Ouagadougou, après la quatrième rencontre de concertations de l’année entre la banque centrale et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B).
Charles Luanga Ki-Zerbo, ldirecteur national de la BCEAO
« Une confiance maintenue »
« Les banques ont maintenu leur confiance à l’économie du Burkina Faso en ce sens qu’on a une évolution de pratiquement 20%. On est passé de 2 900 milliards à 3 488 milliards de financements en fin septembre (…) la santé des banques se mesure à travers leur niveau de capitalisation des fonds propres. Lorsque vous prenez la moyenne du Burkina, on est à 13% pour des normes exigées autour de 11,5%. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau dispositif prudentiel, il y a eu énormément d’efforts en termes de capitalisation des banques. Sur un plan prudentiel, on est mieux classé dans la sous-région en termes de respect de la règlementation », a laissé entendre Diakarya Ouattara, président de l’APBEF-B.
Diakarya Ouattara, président de l’APBEF-B
Malgré la résilience…
A l’en croire, toutes ces données sont un indicateur majeur de la vitalité des banques, du dynamisme du marché et de la confiance maintenue « malgré les crises socio-politiques et la réaction des partenaires extérieurs qui ont réduit un tant soit peu les lignes de financement à l’étranger des banques ». En dépit de la résilience du secteur bancaire, la BCEAO et l’APBEF-B s’accordent à dire que ce secteur devrait porter une attention particulière « à la conformité et à la maîtrise des risques relatifs entre autres à la concentration des crédits et la sécurité des systèmes d’information ».
Poursuivre l’accompagnement au secteur bancaire
Les banques bénéficient des analyses et études de la banque centrale afin de se projeter dans le financement de l’économie. Tout en saluant les efforts déjà consentis par la BCEAO pour soutenir les acteurs, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina a exprimé le souhait d’un accompagnement continu pour un assouplissement de la politique monétaire en cette période charnière marquée par l’inflation aggravée par la crise sécuritaire. Pour sa part, l’APBEF-B entend poursuivre sa participation aux différentes réformes initiées aussi bien par la banque centrale que par les États. Il s’agit notamment de la stratégie d’inclusion financière, de la digitalisation des banques et du dispositif de financement des petites et moyennes entreprises.
Quatre médias étaient représentés à ce point de presse
« Ce n’est pas la première fois qu’on sanctionne une banque »
L’on se rappelle qu’en début de mois d’octobre 2022, des informations relatives à des sanctions prononcées contre deux banques burkinabè pour « financement du terrorisme et blanchiment de capitaux » avaient fait le tour des réseaux sociaux. Les confrères à l’origine de cette information s’étaient fourvoyés. À l’époque le ministère en charge de l’économie et l’APBEF-B, à travers deux communiqués distincts, avaient rectifié l’information. Les banques concernées n’avaient pas été sanctionnées « pour financement du terrorisme et blanchiment de capitaux ». Elles l’avaient été parce que des contrôles avaient relevé quelques insuffisances au niveau de leur dispositif interne de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme (LBC-FT).
« Ces sanctions visent à renforcer le travail de prévention au sein des banques. Ce travail de prévention consiste à analyser les transactions, à comprendre leur logique. Et s’il y a des éléments suspects, il faut les signaler à la cellule nationale de traitement des informations financières. Ce travail aussi concerne la sensibilisation du personnel, la formation des administrateurs… C’est très large », confie Charles Luanga Ki-Zerbo.
La BCEAO a fêté son 60e anniversaire, les 24 et 25 novembre 2022
« Ce n’est pas la première fois qu’on sanctionne une banque. Des banques ont toujours été sanctionnées par rapport à l’application de la règlementation. Cela n’a rien à avoir avec le financement du terrorisme. On est pris entre le marteau et l’enclume. On dit qu’on doit connaitre nos clients. Pour connaitre un client, il faut avoir toutes les informations sur ce client. Quand on ne fait pas correctement les choses, la banque centrale sévit. Et quand on demande des informations à un client, c’est à peine si on ne nous insulte pas. Ce n’est pas nous qui mettons la règlementation en place, mais nous sommes censés la faire appliquer à l’ensemble des populations », a rajouté Diakarya Ouattara.
En rappel, la BCEAO a fêté son 60e anniversaire, les 24 et 25 novembre 2022 à son siège à Dakar. L’événement a été marqué par l’organisation d’un symposium international sur le thème « Les Banques Centrales dans un monde en mutation ».
Fredo Bassolé
Lefaso.net
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