Politique

Burkina, MPSR2 : Attention aux dérives du MPSR1 avec les OSC vuvuzelas

Lequel est le plus difficile ? Réussir le putsch ou réussir à gérer le pouvoir qu’on a arraché de force ? Quand on prépare le putsch, on ne pense pas à l’après putsch selon la règle que chaque chose en son temps et qu’à chaque jour suffit sa peine.

Quand on réussit à prendre le pouvoir, on est un peu désemparé avec cette charge si facile à retirer par les armes et difficile à porter après. Et vous voilà président, objet de toutes les séductions, objet des acclamations et des louanges plus intéressées que justifiées puisque ces admirateurs et distributeurs de flambeaux ignoraient tout de vous avant le succès du coup d’Etat. Le nouvel homme fort a-t-il été préparé à cela ? Avec qui va-t-il relever les multiples défis du pays ?

Si certains peuvent être ministres, d’autres par contre ont du mal à être appelés aux hautes fonctions de l’administration publique parce qu’ils n’ont pas le profil et les qualifications. Ces insuffisances n’annihilent pas en eux pourtant le désir d’avoir accès aux caisses de l’Etat comme les autres, aussi cherchent-ils à se positionner comme acteurs de la société civile, les entrepreneurs politiques, recalés aux hautes fonctions de l’Etat.

Avec les coups d’Etat, des organisations de la société civile, naissent pour accompagner les putschistes dans la préparation des coups d’Etat et revendiquent leur contribution inestimable à son succès. On l’a vu avec le MPSR1 et on le découvre avec son petit frère, le MPSR2 qui n’a pas rejeté apparemment toutes les façons de faire du MPSR1. Le couple pouvoir – OSC est toxique. Regardons un peu le spectacle qu’il nous a été donné de voir ces derniers temps.

Tout a commencé le 28 novembre 2022, des manifestants ont pris d’assaut la place de la nation à Ouagadougou pour protester contre un supposé coup de force contre l’idole des jeunes, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition. Comment l’ont-ils su alors qu’officiellement personne n’en a parlé ? Ni la direction de la communication présidentielle, ni celle du Premier ministre, ni le porte-parole du gouvernement, ni les médias d’Etat. Il faut croire qu’au Burkina, la rue est mieux informée que les médias officiels, et elle est une source généralement bien informée.

Le 1er décembre, trois jours après la manifestation contre la tentative supposée de coup d’Etat a lieu une rencontre entre le chef de l’Etat et des OSC, où la presse ne semblait pas être désirée, comme depuis quelques temps la presse du Burkina Faso semble être pestiférée pour les autorités du pays. Des participants sortent de la rencontre et s’épanchent auprès de notre confrère de Oméga médias où ils confirment la tentative de coup d’Etat, qu’ils auraient appris du chef de l’Etat lui-même avec d’autres détails comme la liberté laissée aux auteurs connus de cette tentative.

Le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre de la communication, le 02 décembre ne semble pas d’accord avec notre confrère et il nous explique les nuances entre tentatives de déstabilisation ce que le président aurait dit et tentative de coup d’Etat .

C’est ce qui aurait été rapporté à notre confrère. Mais mal lui en a pris car des membres du Collectif des leaders panafricains le 5 décembre vont lui répondre. Pour eux ce pouvoir est le leur. Selon un des conférenciers « Il faut savoir effectivement qu’il y a des gens qui tentent à tout moment de déstabiliser ce pouvoir, qui est le nôtre (c’est le pouvoir de la jeunesse) ». Et M Boly, un autre leader panafricain de poursuivre : « Dès que nous avons appris la nouvelle (rumeurs de coup d’Etat : ndlr), nous sommes sortis. D’abord, dans la même nuit. Et quand nous sommes sortis, nous avons dit au gouvernement de confirmer ou d’infirmer l’information, pour nous tranquilliser. Dieu merci, quand il (le président, nldr) a rencontré les OSC, il a répondu ; il a confirmé. En réalité, c’est quoi ; que ce soient velléités de déstabilisation ou de coup d’Etat, les conséquences sont les mêmes. »

On peut dire que M Boly a mis fin à la discussion entamée par le ministre de la communication qui savait que l’article qu’il incriminait rapportait des propos d’un participant, mais le ministre à aucun moment n’a évoqué les OSC qui ont participé à la rencontre avec le chef de l’Etat.

Le 03 décembre 2022, le ministre nous annonce la suspension de RFI pour avoir relayé des messages d’intimidation d’un chef terroriste et d’autres manquements.

Des appels au meurtre d’un journaliste

Le journaliste ancien président de la CENI Newton Ahmed Barry, opine sur sa page Facebook que, selon la loi, c’est le CSC qui est habilité à le faire. Ce qui suscite l’hydre d’un certain Siméon Sinon qui serait membre du Collectif des leaders panafricains et qui lance un appel au meurtre du journaliste sur les réseaux sociaux, de l’ancienne personnalité de haut rang de l’Etat. Le porte- parole du gouvernement a vite condamné, mais l’homme qui en veut à la vie de NAB est resté libre de ses mouvements et ses camarades auraient empêché la police de l’arrêter.

Cela appelle quelques remarques si c’est avéré que ce monsieur assoiffé de sang est un militant du CLP (Collectif des leaders panafricains) qui fait partie des visiteurs du chef de l’Etat. Il faut que l’homme soit poursuivi et condamné par la justice. Ce serait dommage que le MPSR2 qui a chassé le MPSR1 pour son échec face aux groupes terroriste et ses velléités de ramener un ancien pouvoir qui est celui qui a assassiné le journaliste Norbert Zongo tolère des amitiés de personnes qui poussent au crime de journalistes pour avoir dit la vérité.

La proximité avec les entrepreneurs politiques ne peut que nuire aux objectifs de la lutte contre l’insécurité. Pour se faire bien voir du pouvoir ils l’emmèneront à se rechercher des ennemis intérieurs à mettre l’accent sur des sujets qui sont loin de la lutte contre le terrorisme. C’est ce qui a perdu le MPSR1.

Sana Guy
Lefaso.net

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