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Lutte contre le terrorisme : « Un État gangrené par la corruption ne peut gagner aucune guerre », déclare le politologue Abdoul Karim Saidou

« Un État gangrené par la corruption peut-il gagner la guerre ? Non, il ne peut gagner aucune guerre, aucune bataille. C’est un État qui va à vau-l’eau. C’est un État qui est appelé à disparaître, à se désintégrer », a martelé Abdoul Karim Saidou, docteur en sciences politiques à l’université Thomas Sankara. C’était, ce vendredi 9 décembre 2022 à Ouagadougou, lors du panel du Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) organisé dans le cadre de la 17e édition des journées nationales de refus de la corruption, sous le thème « Corruption et terrorisme au Burkina : Quelles perspectives ? ».

Dans son mot introductif, le Dr Abdoul Karim Saidou a indiqué que la corruption fragilise l’Etat et est l’une des causes de l’insécurité. Selon lui, la corruption crée un cercle vicieux. « Non seulement elle fait partie des causes de l’insécurité, mais la lutte contre l’insécurité accélère la corruption. Et plus la corruption s’accélère, plus elle fragilise la sécurité nationale », a-t-il laissé entendre.

L’une des conséquences de la corruption, selon l’enseignant-chercheur, est la déperdition des ressources. « Les ressources qui sont destinées à la sécurité nationale, à équiper les hommes sont détournées par des individus et groupes d’individus. Lorsqu’un État n’a pas suffisamment de moyens pour équiper ses forces de défense et de sécurité et renforcer son appareil sécuritaire, il a recours à l’aide internationale. Cette aide a des implications sur l’efficacité des politiques publiques. Chaque partenaire vient avec sa logique, ses instruments et ses objectifs ».


Selon le Dr Abdoul Karim Saidou, la corruption engendre également une aggravation des inégalités sociales qui profitent aux groupes armés. « C’est difficile d’obtenir la collaboration des citoyens si ceux-ci sont maltraités au plan social et économique. C’est difficile de demander la collaboration de gens qui sont sous alimentées, qui font face à des défis d’accès à la santé, à l’eau potable, à l’assainissement, la sécurité. Cette aggravation des inégalités crée une polarisation sociale, c’est-à-dire une tension entre la minorité qui gouverne et la grande majorité de citoyens qui se sentent exclus du système », regrette le panéliste.

« La troisième conséquence de la corruption, argumente l’enseignant-chercheur, est l’érosion de la capacité d’action collective, c’est-à-dire l’aptitude de l’Etat à mobiliser les citoyens pour réaliser des actions de développement comme le civisme fiscal, la salubrité, etc. » Pour illustrer cet argument, il cite les présidents Aboubacar Sangoulé Lamizana et Thomas Sankara qui ont réussi par leur crédibilité à mobiliser les populations autour de travaux d’intérêt communs.


Pour le panéliste, la crise sécuritaire doit être une opportunité pour refonder de l’Etat. « Il est important de renforcer le travail des acteurs de la société civile, les journalistes, les chercheurs sur le suivi citoyen des politiques publiques, sur le plaidoyer et la transparence dans le secteur de la sécurité. Il faut poursuivre l’éducation citoyenne, faire en sorte qu’il y ait une socialisation avec une intégrité qui commence dès la famille, qui se poursuit à l’école et dans tous les espaces de la société. C’est à ce prix-là qu’on pourra gagner le combat pour plus de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des ressources publiques », a conclu le Dr Abdoul Karim Saidou.

Lefaso.net

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