La Commission nationale des droits humains (CNDH) a présenté son rapport 2021, à travers, une conférence de presse le vendredi 9 décembre 2022, à Ouagadougou. Le rapport révèle que les droits humains, qu’ils soient civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, ont été affectés du fait de la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso.
« Le rapport sur la situation des droits humains au Burkina Faso pour la période de 2021 présente un état des lieux globalement préoccupant du fait de la crise sécuritaire qui annihile les efforts consentis par l’Etat pour garantir l’effectivité des droits humains dans notre pays et particulièrement dans les zones à fort défis sécuritaires ». C’est la principale conclusion à laquelle la Commission nationale des droits humains (CNDH) est parvenue dans son 2e rapport synthèse des préoccupations sur l’état des droits humains.
Selon la rapporteure de la CNDH, Antoinette Savadogo/Pouya, le Burkina Faso a connu en 2021 une recrudescence des attaques terroristes avec leur extension et intensification dans les régions des Cascades et du Sud-ouest. Ces nombreuses attaques, a-t-elle expliqué, ont donné lieu à de nombreuses violations et/ou abus des droits humains.
« L’ensemble des droits humains, qu’ils soient civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, ont été gravement affectés par la dégradation du contexte sécuritaire », a-t-elle indiqué.
Selon la vice-présidente assurant l’intérim de la présidence de la CNDH, Gonta Alida Henriette Da (milieu), le rapport 2021 fait ressortir dans cette situation d’insécurité les droits qui ont été violés et qui méritent l’interpellation des autorités.
Aux dires de Mme Savadogo, pour l’élaboration du rapport, les thématiques telles que la situation des droits humains dans le contexte sécuritaire, la situation spécifique des Personnes déplacées internes (PDI), la situation des droits catégoriels, les avancées législatives en matière des droits humains et les droits humains et développement ont été retenues pour l’élaboration du document. Relativement aux droits civils et politiques, elle a précisé que 2021 a été marquée par la multiplication des attaques des Groupes armés terroristes (GAT) avec pour principale cibles les populations civiles, la disparition forcée avec un accroissement des cas de dénonciation des personnes disparues en lien avec les opérations de sécurisation du territoire.
Des restrictions disproportionnées aux libertés d’expression, d’opinion et d’information avec la coupure d’internet sans base légale et des cas de justice privée exercée contre des individus, notamment le lynchage à mort de trois agents du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA) ont été relevées.
Tous les droits humains affectés
Pour les droits économiques, sociaux et culturels, la CNDH a noté leur dégradation continue par rapport à 2020, avec un fort impact sur le vécu des populations.
A écouter Antoinette Savadogo/Pouya, ces violations sont, entre autres, la fermeture d’établissements scolaires et des services administratifs, les attaques dirigées contre des infrastructures sanitaires, la destruction des dépôts de médicaments essentiels génériques, l’impossibilité pour des populations de cultiver, la perturbation des activités économiques du fait des menaces terroristes qui ont occasionné le déplacement de 1 579 976 personnes….
Concernant les droits catégoriels, le rapport fait ressortir des défis liés à la persistance des violences conjugales, des cas de viols et au recrutement d’enfants par les GAT. S’agissant des textes de lois adoptés en 2021, ceux-ci, foi de la rapporteure de la CNDH, présentent des progrès en matière de protection des droits humains.
Elle a cité la loi n°002-2021/AN modifiant celle n°001-2016 portant création de la CNDH et la loi n°001-2021 portant protection des droits à l’égard du traitement des données à caractère personnel.
Pour les droits humains en lien avec le développement, la CNDH rapporte quelques défis qui sont relatifs au droit à un environnement sain avec la persistance de l’utilisation des produits dangereux dans l’orpaillage et la présence de produits impropres à la consommation qui affecte le droit à la santé.
« La sécurité étant une condition de l’effectivité des droits humains, la commission recommande prioritairement que les mesures et actions de sécurisation des populations, du territoire et de lutte contre les GAT soient intensifiées mais dans le respect des engagements de notre pays en matière de droits humains », a formulé Mme Savadogo.
Respect des droits humains malgré le terrorisme
Pour la vice-présidente assurant l’intérim de la présidence de la CNDH, Gonta Alida Henriette Da, la publication du rapport vise à rendre compte de la situation des droits humains en fournissant des informations sur les problèmes recensés par l’institution et orienter ainsi le choix des différents secteurs d’intervention des acteurs intervenant dans le domaine des droits humains.
Le 2e rapport 2021 de la CNDH marqué par des violations et/ou abus des droits humains a été présenté aux journalistes et aux partenaires de l’institution.
« La Commission a amorcé des activités de communication du rapport afin de rendre public son contenu et susciter son appropriation par les différentes parties prenantes. C’est pourquoi, la présente conférence de presse vise à informer les hommes et femmes de média et nos différents partenaires sur les principales articulations du rapport 2021 », a-t-elle laissé entendre.
Comment concilier lutte contre le terrorisme et respect des droits humains dans le contexte actuel du Burkina ?
Pour le secrétaire général de la CNDH, Somitié Sougué, c’est une erreur de penser que la lutte contre le terrorisme et le respect des droits humains sont diamétralement opposés. « Les deux sont complémentaires », a-t-il confié. A son avis, il y a des façons de faire et d’opérer qui concilient efficacement les deux aspects.
Timothée SOME
timothesom@yahoo.fr
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