Politique

62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso :  » Nous n’avons pas encore construit un État, encore moins une nation », estime Ousmane Ted Tuina DJIGUEMDÉ

Dans cette analyse publiée sur sa page Facebook à l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, l’essayiste Ousmane Ted Tuina Djiguemdé estime que nous n’avons  » ni construit un État, a fortiori une nation, ni construit un citoyen, a fortiori un citoyen intègre ».

Un Lion, ça rugit quelques fois. Et ce Lion va rugir ce matin
Depuis je ne parle pas mais aujourd’hui je vais parler.

Je crois qu’il faut que les gens soient logiques un jour. On n’a ni construit un État, a fortiori une nation, ni construit un citoyen, a fortiori un citoyen intègre, depuis l’accession à l’indépendance. Depuis 1919, la France a forcé des peuples à cultures différentes, mécanismes de gouvernance différents, réalités sociologiques différentes à vivre ensemble. En 1958 déjà, les premières difficultés ont commencé à se présenter.

Donc la priorité en 1960, c’était déjà de se poser ces questions basiques : quel type d’État voulons nous ? À partir de là quel modèle de citoyen devrait l’habiter ? Comment l’obtenir ? Quel secteur d’activité avait la charge de le fabriquer et avec quels référents nationaux, mais surtout quelle devrait être la contribution de chacun des habitants du territoire pour avoir ce modèle de citoyen et d’État ?

On a échoué là-bas. Et là où on a échoué, la révolution a tenté avec sa méthode et son niveau de connaissance de l’époque d’y arriver. Donc arrêtons ce mauvais procès à cette démarche.

Puis vint la rectification qui a saccagé le capital de fabrication du citoyen intègre en bradant le système éducatif à partir de 1990 avec l’introduction des P.A.S pour programmes d’ajustement structurel où on avait soutenu et défendu l’argument que l’éducation est un secteur improductif !

Aujourd’hui nous découvrons que c’était une arnaque parce que c’est bel et bien l’éducation qui fabrique l’information et le mécanisme de son cycle de vie ! Mieux, on découvre que l’information est la ressource capitale dans l’action publique, au-delà de toutes les autres ressources, même celle financière, puisque c’est encore elle qui fabrique et fait vivre la ressource financière. Or l’information dort dans la culture et la maîtrise de la dynamique culturelle.

Aujourd’hui, on n’a plus besoin qu’on vienne nous apprendre que nous sommes sur le mauvais chemin. Nous le savons déjà.

Proclamer l’intégrité ne nous conduira pas à l’intégrité tant que nous ne faisons en sorte de concilier nécessité éducative et dynamique culturelle, pas celle qui nous éblouit de son leurre folklorique ou de ses attributs passéistes anachroniques, mais celle qui s’inscrit dans un cycle de vie culturelle normal qui s’enrichit de multiculturalité et de partage. Même nos ancêtres les plus immémoriaux nous avaient montré ce chemin. Alors pourquoi s’obstiner dans des erreurs puériles ?
Bonne fête de l’indépendance.

Ousmane DJIGUEMDÉ, 11 décembre 2022.

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid0BuAy4GjHWPThrrwMRzyUZidyZBgf95GjuiQDbp8DD5mZ4s2phLd8ns74NvExrUDfl&id=1156503999&mibextid=Nif5oz

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