Politique

Le flou nourrit les idées folles

Deux sujets ce matin. Parce que ça va trop vite.
Ambassadeur de France au Burkina Faso. Quelqu’un a-t-il pris de son temps pour expliquer à certains l’extraterritorialité ? Rassurez-vous, ce n’est pas un gros mot.

En acceptant des relations diplomatiques avec un pays étranger, le Burkina Faso lui cède la souveraineté sur un bout de son territoire. L’ambassade du Burkina Faso en France est une enclave diplomatique. C’est un bout du sol français qui appartient au Burkina Faso. De même, l’ambassade de France au Burkina Faso est un bout de territoire Burkinabè qui appartient à la France.

C’est comme ça. C’est comme ça que cela a été décidé. C’est comme cela que ça fonctionne. Nos dirigeants savaient ces choses quand ils ont signé. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui le savent également.

Un ambassadeur ou un consulat s’occupe prioritairement de ses ressortissants. À Paris où je vis, quand un Burkinabé a des problèmes, l’hôpital ou la police appelle l’ambassade. Et l’ambassade appelle les associations de Burkinabé pour y voir plus clair avant décision. Tous les pays sur la planète Terre font ça. Toutes les ambassades sur la planète Terre font ça tous les jours. Sur Mars ou une autre planète, je ne sais pas.

Wagner ou pas Wagner ? Sur ce registre deux aspects. Est-il normal que notre gouvernement aille signer des accords à l’étranger, sans qu’un seul Burkinabè ne soit informé ? Même si c’est pour aller puiser de l’eau simplement, les autorités décident, et personne ne sait ce qu’ils ont été maquiller en notre nom. Depuis 1958, les choses ont toujours eu lieu comme ça. Donc, si on a fait venir Wagner, des gens à l’étranger sont au courant, et pas nous Burkinabè. Sommes-nous les premiers concernés par cette affaire ?

Que ce soit faux ou vrai, le président Ghaneen a raison. Si de la fumée sort de la maison de votre voisin, qu’est-ce que la prudence vous conseille de faire ? Vous allez vous inquiéter et aller voir, ou bien vous allez vous asseoir et attendre que le feu gagne votre maison ? Est-ce qu’on a vraiment besoin de dire à des Burkinabè que le Ghana c’est la porte à côté ?

Je ne suis pas dans le secret des grands manitous qui nous gouvernent. Mais le président du Ghana est parfaitement dans son droit, lorsqu’il s’inquiète de savoir ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Et en matière de frontière, nous aurions dû avoir les mêmes soucis et les mêmes inquiétudes il y a bien longtemps. Nous qui avons des frontières avec six (6) pays.

Ce n’est pas parce qu’une information ne me plaît pas, qu’elle est forcément fausse. Ce n’est pas parce que la gueule de quelqu’un ne me plaît pas qu’il est forcément un menteur. Et dans la vie, il n’est pas interdit de réfléchir. Et quand on réfléchit et on ne parvient pas à comprendre, il n’est pas interdit de demander.

Les dirigeants aussi doivent comprendre que le flou ou le black-out nourrissent les fantasmes et entretiennent les idées les plus folles.

Sayouba Traoré
Journaliste, écrivain

Comments

comments

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page