Au-delà de son aspect “convenu “, le discours du chef de l’Etat à l’occasion du 11-Décembre dernier, est une véritable plate-forme programmatique qui pose en filigrane le rôle de l’Etat à cette étape de la lutte du peuple burkinabè contre le terrorisme et pour le progrès continu et partagé.
Après une insurrection dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’a pas atteint les résultats escomptés, se pose donc la nécessité d’une refondation en profondeur de l’Etat, afin de rompre définitivement avec les turpitudes du passé et regarder avec sérénité l’avenir.
Cette question qui revêt une importance particulière aussi bien sur le plan théorique que politique et pratique, nécessite de débarrasser l’Etat des déformations apportées par les politiques publiques mises en œuvre depuis les indépendances formelles, ce qui signifie clairement que l’heure est venue d’appliquer une politique résolument progressiste, avec le peuple comme principal moteur de ce progrès.
Il faut de ce fait, démolir l’ancienne machine d’Etat, et créer un Etat nouveau, écraser la résistance des classes exploiteuses et organiser la construction d’une société nouvelle, socialiste, ce que seule la démocratie populaire permet de réaliser. La démocratie tronquée et fausse de la société capitaliste et son corollaire, le parlementarisme bourgeois, doit donc céder la place à un mode de représentation qui puise ses fondements dans le substrat culturel du peuple burkinabè, avec entre autres ,l’équité, la solidarité et le mérite comme valeurs principales. Occulter cette tâche et rester dans les sentiers battus serait condamner le peuple à un perpétuel recommencement, au moment où les masses populaires croupissent dans une misère crasse.
C’est seulement avec cette démocratie populaire que commencera un mouvement rapide vraiment massif, un mouvement en avant dans toutes les sphères de la vie sociale et privée. Un mouvement qui doit se faire sous la conduite éclairée d’un parti d’avant-garde, ce qui pose ici et maintenant la question de l’organisation concommittament avec la guerre contre le terrorisme.
Car, et il ne faut pas s’y tromper, les forces conservatrices n’entendent aucunement perdre un pouvoir dont elles ont jouit jusqu’à satiété, avec la complicité de l’ordre mondial prédateur, dont le Premier ministre et le ministre en charge de l’administration parlaient si bien dans une autre vie.
Ibrahim Traoré et son gouvernement sont donc confrontés à un double défi :gagner la guerre contre le terrorisme et transformer qualitativement la société burkinabè afin que chacun puisse satisfaire enfin ses besoins fondamentaux. Avec un programme de lutte scientifiquement fondé et une stratégie et une tactique justes, nul doute qu’ils y parviendront. Un défi himalayen et exaltant à la fois.
Boubakar SY