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La vague russe

Les autorités burkinabè, résolument engagées dans la diversification des partenariats en matière de lutte contre le terrorisme, veulent porter la coopération avec la Russie à un niveau plus important. Cette volonté avait été affichée, sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré, avec la signature d’un accord de coopération militaire avec la Russie, le 21 août 2018. La dynamique avait ensuite été timidement poursuivie, sous le lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba, avant que les événements ne prennent une autre tournure avec l’avènement au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré. Cet officier, décidé à libérer le Burkina Faso de l’emprise des groupes armés qui l’assaillent depuis 2015, entend ratisser large en matière de partenariat pour atteindre cet objectif aussi noble que vital. La situation de notre chère patrie, occupée à plus de 40% par les terroristes, est très préoccupante qu’il faille taper à toutes les portes pour espérer sortir de l’ornière. La vision du président de la Transition remet en selle la Russie, avec qui le pays des Hommes intègres entretient une coopération vieille de plus de 50 ans. Le récent séjour en terre russe du Premier ministre, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, évoqué par certains médias, et les confidences qui en découlent sont édifiants à plus d’un titre.

« Nous souhaitons que la Russie soit un allié comme tous nos partenaires et nous savons que la Russie est une grande puissance et si la Russie le veut, elle peut vraiment nous aider dans ce domaine », a confié le chef du gouvernement, à la chaine russe RT France. Aussi s’attend-il à ce que les amis russes s’investissent dans d’autres secteurs, notamment l’approvisionnent du Burkina Faso en blé et en engrais. Certains Burkinabè qui appellent sans cesse les autorités à nouer une coopération avec le pays de Vladimir Poutine ne le savent peut-être pas, mais cette relation existe depuis belle lurette. Il ne reste qu’à la raviver et à la renforcer en fonction des besoins du moment. Le capitaine Traoré aurait d’ailleurs reçu une lettre d’invitation à participer au prochain sommet Russie-Afrique en 2023. Ce serait certainement l’occasion de s’accorder sur des questions militaires, si le président de la Transition arrivait à effectuer le déplacement. A l’évidence, la Russie est capable de fournir des armes de guerre et des instructeurs de qualité au Burkina Faso, tout comme d’autres puissances occidentales. Le pays des Tsars n’est-il pas d’ailleurs le plus important fournisseur d’armes en Afrique, avec 44% des importations, loin devant les Etats-Unis et la Chine ? En tant qu’Etat souverain, le Burkina Faso a le droit d’envisager toutes les options pour se tirer d’affaire, dans un contexte où son existence est menacée et où la solidarité face aux forces du mal est mise à rude épreuve. Le G5 Sahel, organisation censée favoriser la lutte contre le terrorisme et à laquelle le Burkina appartient semble être au point mort depuis le retrait du Mali.

Le penchant du gouvernement burkinabè pour la Russie s’accompagne d’une polémique, certains pays occidentaux, comme la France et les Etats-Unis, étant opposés à un recours au groupe de sécurité privé Wagner. Ces jours-ci, le président ghanéen, Nana Akuffo-Addo, a affirmé que Wagner qui opère déjà au Mali et en Centrafrique est déployé sur le territoire burkinabè, en échange de l’exploitation d’une mine. Ces propos ont suscité un branle-bas diplomatique et un démenti de l’exécutif burkinabè. Ce malentendu n’a pas fondamentalement remis en cause le bon voisinage entre les deux pays. Quoiqu’il en soit, le Burkina Faso qui vit une grave crise sécuritaire avec plus de 2 000 morts et plus d’un million et demi de déplacés internes, a besoin d’aide d’où qu’elle vienne. N’en déplaise à ceux qui s’enferment dans les considérations géopolitiques…

Kader Patrick KARANTAO

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