La crise du carburant, en plus d’avoir fait souffrir les Burkinabè, a révélé la cupidité de certains d’entre eux. Avides d’argent comme depuis toujours, les spéculateurs sans foi ni loi ont trouvé une belle occasion de se remplir les poches. Nombre d’entre eux ont acheté, dans les stations-service, le super 91 à 750 F CFA le litre avec de gros bidons ou des barriques pour ensuite revendre les quantités acquises à 2 500 ou 3 000 F CFA le litre.
Certaines informations font état de ce que des compatriotes ont acheté un litre d’essence Super 91 à 4 000 ou 5 000 F CFA ! C’est dire à quel point la pénurie de carburant a nourri davantage les ambitions des spéculateurs. Si elle n’a pas aussi mis à nu le caractère véreux de certains gérants de stations-service qui n’ont pas respecté le communiqué en date du 29 décembre 2022 du ministère en charge du commerce, interdisant la vente du carburant dans les bouteilles, les bidons, les fûts, les barriques et autres ustensiles sur tout le territoire national.
Cette note accorde une dérogation aux utilisateurs professionnels et aux revendeurs dans les zones dépourvues de stations-service qui doivent au préalable se faire délivrer une autorisation par les services compétents au niveau régional. Les gérants de stations-service indélicats ont bravé cette interdiction, mais c’est sans compter avec les services de contrôle du ministère en charge du commerce, à pied d’œuvre sur le terrain depuis quelques jours.
Conséquence, des stations-service fautives ont été fermées avec juste raison. Leur sort n’est pas à plaindre. Le communiqué du 29 décembre avait bel et bien prévenu que les contrevenants à la mesure d’interdiction de vente du carburant dans les récipients s’exposent à des sanctions prévues par les textes en vigueur. Tentez le diable et vous en aurez pour votre compte, comme on le dit. La loi, c’est la loi.
Les intérêts financiers indexés à la crise du carburant sont tels que les spéculateurs, tapis dans l’ombre, ont fait courir des rumeurs de pénurie de carburant, le week-end écoulé. Toute chose qui a amené les consommateurs à prendre à nouveau d’assaut les stations-service. Alors qu’il n’y avait pas de quoi s’affoler. Ces agissements pour les moins terroristes ont contraint la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY), sous les feux de la rampe actuellement, à réagir à nouveau.
« Ces rumeurs pourraient être l’œuvre de citoyens mal intentionnés dans le but d’entretenir la spéculation sur le carburant. La SONABHY invite les consommateurs à ne faire confiance qu’aux informations officielles et à rester calmes et vigilants face à ces alertes montées de toutes pièces. La SONABHY rassure l’ensemble des Burkinabè que l’approvisionnement des distributeurs se poursuit normalement », a relevé la société dans un communiqué.
Aussi la SONABHY a-t-elle saisi les services compétents pour d’une part démasquer les auteurs de ces publications infondées et d’autre part leur faire appliquer la rigueur de la loi. La recherche effrénée du gain du Burkinabè nouveau est sans limite, qu’il faille en pleurer à chaudes larmes. En plus de multiplier les prix à leur guise, certaines indiscrétions font état de ce que des spéculateurs ont vendu du thé Lipton à des consommateurs pour du carburant.
L’un d’entre eux l’a particulièrement appris à ses dépens, d’après nos informations. Il aurait acheté deux bidons de 20 litres de dolo en lieu et place du carburant à 60 000 F CFA. Le conditionnement et l’odeur du carburant qui se dégageait des deux bidons n’ont laissé place à aucun soupçon de fourberie. Au lieu de se faire de l’argent comme espéré, ce spéculateur s’est plutôt ridiculisé devant ses clients, quand il a voulu mettre son « essence » en vente. Alors que notre chère patrie traverse une grave crise sécuritaire qui a des répercussions négatives sur l’économie, des compatriotes en rajoutent à la « vie chère », en profitant de la crise du carburant.
C’est pitoyable ! Pour l’argent, certains d’entre nous sont prêts à tout. Même à vendre le pays s’ils en ont l’occasion. L’interdiction de la vente du carburant dans les récipients est très salutaire et gare à ceux qui vont s’entêter à enfreindre cette mesure. Avec la crise sécuritaire sans précédent qui prévaut, les Burkinabè souffrent déjà le martyr, qu’on ne doit pas décupler leurs peines, en leur vendant du carburant hors de prix. On peut gagner de l’argent, sans insulter l’intelligence des autres, sans être la risée de la société. Les faits et gestes que nous posons individuellement impactent le vivre- ensemble ou sont susceptibles de le faire. Le destin du Burkina Faso est entre nos mains. Il ne faut jamais perdre cela de vue…
Kader Patrick KARANTAO
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