Ouagadougou a abrité ce 12 janviers 2023, une cérémonie consacrée à la Journée annuelle de diffusion des comptes extérieurs du Burkina Faso au titre de l’année 2021, laquelle journée a été instituée par les autorités monétaires. Des acteurs économiques y ont pris part. La présente activité a été présidée par la ministre déléguée chargée du budget, Fatoumata Bako/Traoré, qui représentait le ministre de l’économie.
Les comptes extérieurs sont un outil indispensable non seulement aux autorités en charge de la politique économique mais également aux opérateurs économiques, a signifié la représentante du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), Aïssata Selira Kanazoé. Pour illustrer davantage ses propos, elle s’appuie sur des cas concrets. D’une part, ils offrent aux acteurs économiques nationaux des informations utiles sur la situation globale des rapports économiques ou financiers qu’entretiennent les résidents du Burkina Faso avec le reste du monde.
D’autre part, ils situent le gouvernement sur l’état des équilibres extérieurs ; l’analyse des soldes des différents comptes permettant d’orienter les politiques économiques du pays en faveur du renforcement de la production de richesses au plan national. Fort de ce constat, une meilleure appropriation des comptes extérieurs par les acteurs économiques nationaux est indispensable. C’est ce qui justifie la tenue de cette journée de diffusion des statistiques sur les comptes extérieurs pour le compte de l’année 2021.
La représentante du président de la CCI-BF a invité les opérateurs économiques à toujours répondre favorable aux sollicitations de la BCEAO dans le cadre de l’élaboration de la balance des paiements
Cette journée, à en croire la ministre déléguée chargée du budget, Fatoumata Bako/Traoré, offre l’opportunité de jeter un regard sur les résultats de l’ensemble des transactions économiques entre les résidents et les non-résidents du pays au cours de l’année 2021. Le document de synthèse révèle que le solde global de la balance des paiements extérieurs qui se subdivise en trois grandes parties, est excédentaire de 648,7 milliards de francs CFA, après +470,8 milliards de francs CFA un an plus tôt.
De façon spécifique, l’analyse détaillée mentionne que les comptes extérieurs ont été caractérisés en 2021 par un solde de la balance des paiements courants ressorti excédentaire de 42,8 milliards de francs CFA (+0,4% du PIB) après un excédent de 269,3 milliards (+2,9% du PIB) une année plus tôt, soit une diminution de 226,4 milliards de francs CFA. « Ce repli du solde excédentaire de la balance courante, que vous analyserez de près, j’en suis sûr, reflète l’évolution de l’ensemble de ses sous-comités notamment le creusement du déficit du revenu primaire et la baisse de l’excédent du compte du revenu secondaire, à l’exception du compte des biens dont l’excédent s’est accru », a tranché la représentante du ministre de l’économie.
Selon la ministre déléguée chargée du budget, Fatoumata Bako/Traoré, des données de qualité permettent l’élaboration de politiques de développement crédibles et fiables
Au regard de la persistance du déficit de certaines composantes du compte courant de la balance des paiements du Burkina Faso, cette journée permettra de formuler des recommandations allant dans le sens de la mise en œuvre de mesures de politique économique. Le compte de capital, par contre, a connu un accroissement de 38,5 milliards de francs CFA du solde excédentaire du compte de capital qui s’est établi à 235,7 milliards de francs CFA. Des entrées nettes de capitaux de 374,5 milliards de francs CFA ont été également enregistrées au titre du compte financier, après des entrées nettes de 8,5 milliards de francs CFA en 2020.
En plus de la balance des paiements, la 6e édition du manuel du Fonds monétaire international (FMI) a prévu l’élaboration d’une Position extérieure globale (PEG), qui recense les stocks d’avoirs et d’engagements financiers d’un pays. Ainsi, à la fin décembre 2021, la PEG du Burkina Faso ressort débitrice de 3 860,2 milliards de francs CFA contre -4 065,0 milliards de francs CFA à fin décembre 2020, soit une amélioration de 5,0% (+204,8 milliards de francs CFA), consécutive à un accroissement du stock d’actifs financiers (+9,6%), plus important que celui du stock de passifs (+4,2%).
A travers la voix de Mme Bako, le ministre de l’économie a renouvelé sa reconnaissance aux responsables des entreprises industrielles et commerciales pour leur fructueuse collaboration à la production des statistiques économiques des comptes extérieurs. Le taux de réponse aux questionnaires de la balance des paiements des entreprises industrielles et commerciales est de 92,4%. Il n’a pas manqué d’inviter le secrétariat du Comité national de la balance de paiements qui est assuré par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), à renforcer ses actions en direction des entreprises qui hésitent encore à adhérer pleinement au dispositif. Du reste, à l’instar d’autres secteurs, le monde des affaires rencontre des difficultés dans les opérations de transferts de fonds dans le cadre de leurs transactions avec des partenaires commerciaux à l’étranger.
Vue des participants
« Pour ces opérations, les acteurs économiques burkinabè constatent avec désolation un renchérissement des conditions, une augmentation du nombre de procédures et un allongement d’aboutissement des opérations d’importation et d’exportation, avec pour risque majeur une rupture des chaînes d’approvisionnement de notre pays pour certains produits stratégiques », a confirmé la vice-présidente en charge des services de la CCI-BF. Elle fonde l’espoir que des solutions à cette situation sortiront de cette journée.
Pour sa part, le conseiller du directeur national de la BCEAO, Richard Kima, s’est attelé à donner plus d’informations sur la balance des paiements, un état statistique présenté sous forme comptable qui récapitule l’ensemble des transactions financières et non financières entre les résidents et les non-résidents d’un pays au cours d’une période déterminée. « Dans la zone UEMOA, c’est la banque centrale qui a en charge cette activité. C’est dans ce cadre que nous avons préparé la balance de paiement. La BCEAO s’en acquitte avec les services techniques habilités de l’administration. Ces informations sont complétées par des informations directement recueillies auprès des entreprises à travers les enquêtes qui ont été réalisées », informe M. Kima.
Le conseiller du directeur national de la BCEAO, Richard Kima
Pour rappel, les comptes extérieurs de l’année 2021 ont été élaborés dans un contexte économique marqué au plan national par un taux de croissance du PIB en nette progression de 1,9% en 2020 à 6,9% en 2021, en lien notamment avec la bonne tenue de l’activité dans les services secondaire et tertiaire.
En marge de la présentation desdits comptes, il est prévu des échanges sur l’évolution des conditions de banques et les procédures réglementaires relatives au règlement des opérations d’importation. L’examen de ces thématiques devrait permettre une meilleure lecture des conditions de financement de l’économie et une appropriation des procédures en matière de commerce extérieur.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net
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