Economie

Taxes sur les boissons au Burkina : « Tant que c’est pour sauver le Burkina, nous sommes prêts »

En sa séance ordinaire du mercredi 11 janvier 2023, le conseil des ministres a décidé de taxer les boissons alcoolisées aux fins de mobiliser davantage de fonds pour mieux contribuer à la défense de la patrie. Une équipe de la rédaction du journal Lefaso.net a rencontré à cet effet des tenanciers de bars et des consommateurs ce jeudi 12 Janvier 2023 pour recueillir leurs avis.

Idrissa Compaoré, tenancier de bar

« Notre pays traverse une période assez difficile depuis quelques années. Chaque jour, on se demande à quand la fin ? Si le gouvernement pense que ces taxes vont aider à ramener la sécurité dans le pays, nous ne pouvons qu’accompagner. Les gens consomment pour se faire plaisir et si dans ce plaisir individuel l’Etat peut avoir un peu d’argent pour la défense collective, nous devons encourager la mesure. Il est vrai que c’est difficile actuellement avec tout ce qu’il y a comme dépenses et taxes qui existent déjà, mais que pouvons-nous faire ? Rien. Nous ne voulons que la tranquillité et la paix pour ce pays et aucun sacrifice ne sera de trop tant qu’il s’agira du Burkina Faso ».

René Somé, consommateur

« Nous l’avons appris à la suite du compte rendu du conseil des ministres hier. C’est difficile de dire non à l’Etat parce que l’Etat, c’est nous tous. Si les dirigeants d’aujourd’hui sont engagés dans une vraie lutte contre le terrorisme pour la patrie, il faut un sacrifice collectif. La boisson est taxée parce que ce n’est pas un produit de première nécessité, donc c’est bon. La plupart des consommateurs que nous sommes, c’est pour notre plaisir que nous consommons. Certains de nos compatriotes trouvent difficilement à manger pendant que nous, nous mangeons et buvons à notre aise. Je suis pour tout ce qui permet à l’Etat d’avoir les moyens nécessaires pour diriger la nation burkinabè. C’est la fatalité que nous ne voulons pas et surtout que les ressources servent véritablement à l’intérêt général et non à la poche d’individus au détriment du peuple ».

Adama Traoré, tenancier d’un bar

« C’est incompréhensible que chaque jour, on parle de taxes sur ceci ou cela. Les gens n’ont pas le minimum pour vivre et sont stressés du matin au soir. Pour peu qu’ils veuillent se rafraîchir et oublier les soucis, ils doivent encore payer des taxes pour ça. Personnellement, je ne comprends pas et c’est difficile d’ailleurs pour moi de comprendre. Tous les jours, les Burkinabè font l’effort de sortir de cette situation mais rien. Le bout du tunnel est flou mais les taxes s’accumulent et les salaires n’augmentent pas. Où allons-nous trouver alors l’argent pour gérer tout ça ? On se demande souvent si nos dirigeants ont pitié des citoyens. C’est facile de créer des taxes chaque jour mais c’est assez difficile et complexe pour les populations de s’y faire à chaque fois. Je pense qu’on doit arrêter de fonctionner comme ça ».

Ahmed Tampily, consommateur

« Je n’avais pas encore l’information et c’est vous qui venez de me le dire. Ils ont leurs raisons que nous savons ou ignorons. Si la motivation est justifiée et convaincante, il n’y a pas de problème mais surtout, que les sous ne soient pas dilapidés. C’est la souffrance du peuple et du pays entier qu’il faut voir quand il est question des différentes sollicitations de l’Etat. Moi, je suis d’accord, tant que c’est le salut du peuple qui est visé à chaque niveau de la chaîne. Si c’était les produits alimentaires, je n’allais pas être d’accord mais le fait que ce soit des boissons, donc ce que nous buvons pour le plaisir, il n’y pas encore de péril en la demeure. Tant que c’est pour sauver le Burkina, nous sommes prêts ».

Rachid Abdoul, consommateur

« Moi je ne suis pas contre les taxes mais je pense que ça devient trop. Un seul coup et on taxe tout. Voitures, boissons et autres. Ce n’est pas différents citoyens. Ce sont les mêmes qui conduisent qui vont garer pour boire. La grille salariale permet-elle de payer autant de taxes et de survivre jusqu’à la fin du mois ? Non. Osons le dire, ce n’est pas parce que nous vivons une situation particulière que l’on va de ce fait nous rendre la tâche plus compliquée en nous mettant dos au mur. Vous-mêmes voyez ce que les citoyens vivent déjà. De l’effort de guerre ayant conduit à un prélèvement salarial, nous voilà encore dans des taxes interminables. On se demande juste à quand la fin ? »

Inocent ALLOUKOUTOUI
Lefaso.net

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