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A César ce qui est à César

La révolution démocratique et populaire reste incomprise, parce que la plupart de nos populations ne se font pas une idée nette de la signification de classe et du rôle fondamental du peuple dans l’évolution qualitative de la société. Mais aussi et surtout parce qu’on ne comprend pas qu’elle représente un nouveau type d’Etat. Contrairement au type d’Etat bourgeois le plus parfait qu’est la République démocratique parlementaire, il existe un type supérieur d’Etat démocratique où le peuple souverain est l’alpha et l’oméga dans la vie de la Nation.

Une République des députés ouvriers, paysans, soldats, etc. réunis en Assemblée constituante des représentants du peuple burkinabè qui, sur l’initiative des masses populaires, créent spontanément une démocratie à leur manière. Et ce, sans attendre que nos doctes savants aient rédigé leurs projets de loi pour une République parlementaire bourgeoise. Celle-ci a montré ses limites et ses dérives sous nos tropiques et la désignation de ses membres a été parfaitement schématisée par le professeur Bado lors de la campagne présidentielle de 2005. On nous parlera d’anarchisme, mais ce serait occulter le fait que ce schéma reconnaît la nécessité de l’Etat et d’un pouvoir d’Etat.

Au contraire de la République parlementaire bourgeoise qui entrave, étouffe la vie politique propre des masses et leur participation directe à l’organisation démocratique de toute la vie de l’Etat de la base au sommet, cette assemblée populaire fait exactement le contraire. C’est donc “la forme politique enfin trouvée par laquelle peut s’accomplir l’affranchissement économique des travailleurs “ comme disait Marx, et que le professeur Bado a si bien développé dans son “ grégarisme africain “.

Et pour ceux qui objectent que le peuple burkinabè n’est pas assez mûr pour assumer son destin, l’histoire politique de ce même peuple, vient battre en brèche cet argument qui, en fait, vise à préserver des rentes politiques sur fond de combinaisons frauduleuses qui ont maintenu jusque-là le peuple dans la misère crasse. Plus la débâcle économique et la récente crise engendrée par la guerre contre le terrorisme sont graves, plus la nécessité s’impose d’une forme politique aussi parfaite que possible pour faciliter la guérison des blessures et des meurtrissures actuelles.

Les conclusions des états généraux de la Nation en perspective doivent aboutir impérativement à cette mise en lumière du peuple souverain. Des erreurs sont inévitables au début de cette refondation, mais, mieux vaut commettre des erreurs et aller de l’avant, plutôt que de retomber dans ce démocratisme bourgeois favorisant la ploutocratie à travers la patrimonialisation du pouvoir d’Etat. Nous l’avons dit, le Burkina Faso dispose de têtes bien faites et bien pleines pour baliser la voie vers cette conquête de la liberté et du progrès, afin que la férule humiliante et la rapacité qui nous asservissent depuis longtemps soient brisées à jamais. Comme disait Franz Fanon, chaque génération a le devoir de découvrir sa mission et de l’accomplir ou la trahir. Malgré la sueur et le sang comme dit l’hymne de la victoire.

Boubakar SY

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