Site icon BurkinaInfo – Toute l'information du Burkina Faso en temps réel

Education de la jeune fille dans les Cascades: quand les menstrues perturbent le cycle scolaire

<p><strong>Selon une étude réalisée par le ministère en charge de l’éducation nationale avec l’appui de l’UNICEF&comma; des filles s’absentent en moyenne cinq jours par mois du fait de leurs menstrues&period; Dans la région des Cascades&comma; cette situation met en danger leur scolarité&comma; compromet leur bien-être et hypothèque leur avenir&period;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>Ce n’est pas l’heure de la récréation&comma; mais les toilettes grouillent de monde&period; L’envie est pressante&period; Là&comma; pas de différence entre filles et garçons&period; C’est chacun à son tour pour satisfaire ses besoins et ensuite se laver les mains avant de rejoindre la classe&period; Nous sommes à l’école Flantama Nord A&comma; au secteur 7 de la commune de Banfora dans la région des Cascades&period; Ce 6 décembre 2022&comma; il est 9h00&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Ces mouvements observés dès notre entrée dans la cour n’entament en rien la sérénité qui règne au sein de l’établissement&period; Bientôt&comma; il sera 10 heures&period; Période pendant laquelle les toilettes sont prises d’assaut par les tout-petits&period; Mais&comma; un fait retient l’attention&period; Malgré cette ruée d’élèves vers les toilettes&comma; une d’entre elles leur est interdite&period;<&sol;p>&NewLine;<p>« Elle est strictement réservée aux filles qui sont dans leur période de menstrues et qui désirent se soulager ou se changer »&comma; nous indique Salamata Nikièma&comma; l’une des enseignantes de la classe du Cours moyen deuxième année &lpar;CM2&rpar; et confidente des filles lors de cette période cruciale&period; Masikurat Bello et Latifatou Hema sont des élèves de cette enseignante&period; Agées respectivement de 13 et 11 ans&comma; elles acceptent sans complexe se confier&period; « C’est au marché que j’ai aperçu mes premières règles&period;<&sol;p>&NewLine;<p>J’étais paniquée&comma; car ne comprenant pas ce qui m’arrivait&period; Je me suis confiée à ma mère qui m’a immédiatement conduite à la maison pour que je puisse me laver et porter une protection&period; C’est seulement en ce moment qu’elle m’a expliqué que c’est un phénomène naturel commun à toutes les femmes et que désormais&comma; je devais faire attention aux garçons au risque de tomber enceinte »&comma; explique la jeune Bello&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Sans aucune information préalable sur ce changement brusque de physionomie&comma; la jeune fille affirme avoir mal vécu cette expérience&period; Latifatou Hema&comma; quant à elle&comma; se souvient avoir constaté&comma; un matin&comma; du sang dans sa culotte&period; « Mais comme j’étais déjà informée sur la question pour avoir participé aux séances de sensibilisation en classe de CE2&comma; j’ai vite compris ce qui m’arrivait »&comma; soutient-elle&period;<&sol;p>&NewLine;<h3>Des souvenirs douloureux<&sol;h3>&NewLine;<p>Contrairement à ces deux écolières&comma; pour qui cela ne les empêche pas de poursuivre leurs études&comma; A&period;S garde toujours en mémoire&comma; ce mauvais passage à l’adolescence&period; Incapable d’évoquer encore cet horrible souvenir malgré le temps&comma; c’est sa cheffe de classe de<&sol;p>&NewLine;<p>Journaliste à Cascades TV&comma; Salimata Cissé a fait de la GHM&comma; son cheval de bataille dans ses émissions&period;<&sol;p>&NewLine;<p>l’époque&comma; aujourd’hui journaliste à Cascades TV et commissaire aux comptes de l’Association des jeunes filles des Cascades &lpar;AJFL-CAS&rpar;&comma; Salimata Cissé&comma; qui nous relate sa mésaventure&period; C’était pendant un cours d’éducation physique et sportive&comma; confie-t-elle&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Dans l’enchainement&comma; un Appui tendu renversé &lpar;ATR&rpar; devait être exécuté&period; Quand elle exécuta le mouvement&comma; poursuit-elle&comma; la couche qu’elle portait est sortie de sa culotte et elle est retombée sur la serviette&period; Prise de honte&comma; elle est restée assise sur le morceau de pagne pendant des heures à pleurer&period; « Nous avons essayé en vain de la relever&period; Ne pouvant plus poursuivre le cours&comma; le professeur renvoya les élèves en classe&period; C’est finalement une dame qui était de passage qui l’a convaincue de rentrer chez elle&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Depuis ce jour&comma; elle n’a plus mis pied à l’école car les élèves l’avaient surnommée&comma; la couche »&comma; se souvient-elle&period; A&period;S quitte alors prématurément les bancs&period; Vendeuse au marché de Banfora&comma; la scolarité de P&period;K&comma; âgée d’alors de 11 ans&comma; a également connu une fin brusque à la suite des problèmes de menstrues&period; Toujours absente pour des raisons de santé&comma; la jeune fille de la classe de CE2 fut renvoyée à la fin de l’année pour insuffisance de moyenne&period; « J’étais parmi les dix premiers depuis que j’ai fait mes premiers pas à l’école&period; Malheureusement&comma; quand j’ai commencé à voir mes menstrues&comma; je m’absentais au moins sept &lpar;7&rpar; jours parce que j’avais des douleurs au bas-ventre et des fortes migraines&period;<&sol;p>&NewLine;<p>En plus&comma; l’idée que mes camarades sachent que je vois déjà mes règles à 11 ans&comma; ne me motivait pas à aller en classe »&comma; confie-t-elle&period; Tirant également leçon de sa propre expérience&comma; Salimata Cissé soutient qu’à leur époque&comma; la période des menstrues était très cruciale pour de nombreuses filles qui manquaient les cours ou les jours d’école&period; « J’étais dans cette situation&period; Lorsque mes règles survenaient&comma; les douleurs étaient si intenses que j’étais obligée de me coucher sur la table&period; Et quand le maître me voyait dans cette posture&comma; il me disait toujours de rentrer à la maison »&comma; se souvient-elle&period;<&sol;p>&NewLine;<h3>Un appui considérable<&sol;h3>&NewLine;<p>Selon l’ONG WaterAid&comma; environ 83&percnt; des filles lorsqu’elles ont leurs règles participent moins aux cours et 21&percnt; sont absentes de l’école pendant la période de leurs règles&period; En ce qui concerne les cas d’abandons&comma; le département en charge de l’éducation ne dispose pas de données chiffrées&period; Mais&comma; le directeur de l’école Flantama Nord A&comma; Koadio Ouattara&comma; affirme qu’ils sont fréquents dans la région notamment&comma; dans les zones reculées&period;<&sol;p>&NewLine;<p>« Cette année&comma; il y a une élève qui a brusquement abandonné l’école&period; Dans ces cas de figure&comma; nous faisons appel aux parents pour comprendre le problème&period; Très souvent&comma; ils refusent de venir ou quand ils répondent à l’appel&comma; les motifs sont infondés&period; Mais nous<&sol;p>&NewLine;<p>Ici&comma; il n’y a pas de différence entre filles et garçons malgré les indications sur les portes des toilettes&period;<&sol;p>&NewLine;<p>savons pourquoi elles ne viennent plus »&comma; explique M&period; Ouattara&period; Mais pour avoir travaillé avec la population dans la zone&comma; le point focal de la Gestion hygiénique des menstrues &lpar;GHM&rpar; dans les Cascades&comma; Mariam Bonkoungou&comma; a son idée sur la cause de ces abandons&period; « Dans cette localité du pays&comma; il y a des villages où la sexualité est encore tabou&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Ainsi&comma; les filles atteignent la maturité sexuelle sans se connaitre&period; Pour d’autres&comma; lorsque la fille voit ses premières règles&comma; il y a des rites d’initiation qui sont faits&period; Ce qui empêche cette dernière de venir à l’école&period; Dans certaines communautés&comma; lorsque qu’elle voit ses menstrues&comma; cela signifie qu’elle est devenue une femme&period; Dès lors&comma; on peut la donner en mariage&comma; d’où les mariages précoces&comma; forcés&comma; arrangés qui impactent négativement la scolarité de ces filles »&comma; détaille Mme Bonkoungou&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Appuyant les propos du point focal&comma; Salimata Cissé&comma; fait savoir que ce phénomène d’abandon est également en partie lié aux crises qui surviennent pendant cette période et la peur de se salir en classe&period; « A notre époque&comma; de nombreuses filles ont abandonné l’école parce que leurs parents n’avaient pas les moyens de leur payer des serviettes hygiéniques&comma; mais aussi&comma; en raison du manque d’informations sur la GHM»&comma; se rappelle-t-elle&period; De nos jours&comma; plusieurs actions sont entreprises par les différents acteurs de l’éducation pour permettre aux filles de s’épanouir à l’école même pendant la période de menstrues&period;<&sol;p>&NewLine;<h3>Une trentaine d’écoles sensibilisées<&sol;h3>&NewLine;<p>Ainsi&comma; outre la sensibilisation avec les Associations des parents d’élèves &lpar;APE&rpar;&comma; celle des mères éducatrices &lpar;AME&rpar; et le Comité de gestion des écoles &lpar;COGES&rpar;&comma; le point focal&comma; Mme Bonkoungou&comma; atteste que les élèves sont aussi sensibilisés à l’importance de l’école pour la fille et sa réussite&comma; les conséquences des rapports sexuels précoces et les grossesses précoces en milieu scolaire&period;<&sol;p>&NewLine;<p>« Quand nous avons commencé la sensibilisation à la gestion des menstrues&comma; certains parents ont trouvé qu’associer les filles et même les garçons à la causerie n’est pas bienséant&period; Mais au fil du temps&comma; lorsque les ONG ont impliqué les parents d’élèves dans la formation et même les hommes dans la confection des serviettes réutilisables&comma; le voile s’est levé »&comma; souligne- t-elle&period;<&sol;p>&NewLine;<p>…à la main ou avec les machines&comma; ces serviettes réutilisables&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Ainsi&comma; chaque année&comma; au moins une trentaine d’établissements de la région sont concernés par ces activités de sensibilisation organisées par la direction régionale de la promotion de l’éducation inclusive&comma; de l’éducation des filles et du genre&period; Dans ce combat&comma; la direction en charge de l’éducation de la fille est appuyée par plusieurs structures dont la direction régionale en charge de l’éducation nationale&comma; les ONG et bien d’autres associations dans les Cascades&period; Selon la commissaire aux comptes de l’AJFL-CAS&comma; Salimata Cissé&comma; l’ignorance dans laquelle elles étaient ne doit plus être à l’ordre du jour&period;<&sol;p>&NewLine;<p>C’est pourquoi&comma; à travers leurs activités &lpar;rencontres&comma; théâtres-fora et bien d’autres activités&rpar;&comma; la structure sensibilise les filles et surtout les parents à la nécessité d’accompagner leurs enfants pendant cette période de transition&period; A l’école Flantama Nord A&comma; la gestion des menstrues n’est pas uniquement l’apanage des filles&period; Les causeries prennent en compte&comma; l’ensemble des classes &lpar;filles et garçons&rpar; dans le but de préparer également les garçons à leur rôle de futur père&period;<&sol;p>&NewLine;<p>« Quand on parle d’éducation&comma; pour nous&comma; l’école est un tout et on voit mal&comma; une fille qui abandonne l’école pour cause de menstrues&period; D’où&comma; les actions que nous menons avec tous les élèves pour lever le tabou »&comma; dixit Mme Nikièma&period; L’UNICEF&comma; Catholic Relief Services &lpar;CRS&rpar; et WaterAid ne sont pas restés en marge&comma; leurs appuis en latrines et en kits d’urgence ont été d’une grande aide dans l’accompagnement des filles dans les écoles&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Pour le manager communication de WaterAid&comma; Roch Ouédraogo&comma; la période 2019-2023 a été marquée par la prise en compte de 50 établissements scolaires dans le projet « Promotion de la santé menstruelle et de la reproduction dans les établissements scolaires des Cascades »&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Des interventions axées sur deux volets à savoir&comma; le plaidoyer et la communication&comma; mais surtout&comma; la réalisation des infrastructures&comma; notamment la construction et la réhabilitation de latrines avec une cabine gestion hygiénique des menstrues pour permettre aux filles de se prendre en charge dans des conditions hygiéniques&period;<&sol;p>&NewLine;<h3>Se confier sans gêne<&sol;h3>&NewLine;<p>L’Association des mères éducatrices &lpar;AME&rpar; travaille également dans ce sens&period; D’après sa secrétaire générale adjointe&comma; Man Héma&comma; l’association s’est impliquée durant des années dans la sensibilisation des parents pour un suivi rigoureux des enfants à l’école en vue de leur maintien et réussite&comma; le partage des tâches domestiques entre filles et garçons &lpar;le genre&rpar; et le suivi de la fréquentation des enfants à l’école&period;<&sol;p>&NewLine;<p>« Nous avons surtout focalisé notre sensibilisation sur les filles afin qu’elles soient informées des risques de grossesses indésirées et la sexualité précoce »&comma; relève Mme Héma&period; Ces contributions tous azimuts sont appréciées par l’ensemble des bénéficiaires&period; Certaines filles affirment que grâce à la sensibilisation&comma; elles peuvent dorénavant se confier<&sol;p>&NewLine;<p>Dans cet atelier&comma; les filles apprennent à confectionner…<&sol;p>&NewLine;<p>sans gêne à leurs voisins lorsqu’elles sont dans cette situation difficile&period; En cas d’absence&comma; leurs camarades les aident avec les cours et la mise en place des dispositifs leur permet d’être propres à tout moment&period;<&sol;p>&NewLine;<p>« L’association Ramsia pour le développement nous a appris depuis cinq ans&comma; à confectionner manuellement les serviettes réutilisables pour notre propre utilisation&period; Aujourd’hui&comma; nous avons formé un groupe composé de sept filles et un garçon pour accompagner à notre tour&comma; les autres filles »&comma; soutient Mariam Baudo en classe de 2de&period; Du côté du corps enseignant&comma; c’est un soulagement&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Car&comma; « on voit maintenant que les parents ont pris à bras-le-corps l’éducation des filles »&comma; se réjouit le directeur de l’école Flantama A&period; « Ce sont les parents qui nous demandent de repasser pour sensibiliser ceux qui n’ont pas encore compris l’importance de l’éducation de la fille »&comma; appuie Mme Bonkoungou&period; Cependant&comma; même si le bout du tunnel semble être à portée de main&comma; beaucoup reste à faire dans l’accompagnement des filles dans la gestion hygiénique des menstrues en milieu scolaire&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Donald Wendpouiré NIKIEMA <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>tousunis&period;do&commat;gmail&period;com<&sol;p>&NewLine;<p>L’état des lieux de la Gestion hygiénique des menstrues &lpar;GHM&rpar; au Burkina Faso fait ressortir 18 916 écoles et 58169 élèves sensibilisés aux thématiques de la GHM dont 39 728 du primaire et 18 441 du post-primaire&period; 250 765 acteurs de divers profils &lpar;enseignants&comma; membres APE&sol;AME&sol;COGES&comma; personnels des collectivités territoriales&comma; membres associations et communautaires&rpar; sensibilisés à la GHM&period;<&sol;p>&NewLine;<p>Malgré ces efforts&comma; la scolarité de certaines filles continue d’être perturbée par le manque d’information sur la gestion de leurs menstrues&period; C’est pourquoi&comma; la responsable en charge de la GHM à la direction de la promotion de l’éducation inclusive&comma; de l’éduction des filles en du genre&comma; Awa Nadine Wassonguema&comma; prône des actions fortes pour aider les filles en situation de menstrues&period;<&sol;p>&NewLine;<p>En l’occurrence&comma; la mise en place d’un endroit où il est possible de nettoyer le sang des menstruations avec de l’eau et pouvoir se laver les mains avec du savon&comma; un endroit qui dispose de poubelles fermées où l’on peut jeter le matériel usagé ou de tout autre système de gestion des déchets&comma; un endroit où il est possible d’éliminer les déchets de façon sûre&comma; hygiénique et sans honte&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>D&period;W&period;N <&sol;strong><&sol;p>

Comments

comments